Crash au sein de la mouvance présidentielle

Crash au sein de la mouvance présidentielle

Cela faisait bien longtemps que les observateurs savaient que la venue à la tête du FLN de Amar Saidani allait créer un clash dans la mouvance présidentielle, d’autant qu’en face on notait le retour en grande pompe d’Ahmed Ouyahia au RND.

Saidani ne faisait pas semblant quand ses partisans l’ont intronisé chef du vieux parti, lui ont donné des pouvoirs politiques et médiatiques et l’ont mis au-devant de la scène et au cœur des batailles d’arrière-garde qui s’annonçaient dans le sérail. D’ailleurs, il fut le premier homme politique à lancer sa fameuse banderille contre l’ex-superpuissant patron des services du renseignement, le général Toufik.



C’était le signal du début des hostilités et de la guerre des positions, alors que le pays s’apprêtait à organiser l’élection présidentielle de 2014. Il aura fallu encore bien d’autres batailles pour que Saidani élimine ses adversaires, aussi bien au sein du comité central que dans d’autres appareils du parti. La montée en flèche de Saidani comportait des risques pour les autres partis qui soutiennent le programme du président Bouteflika.

C’est à ce moment que certaines forces politiques avaient suggéré le retour à la tête du RND de Ouyahia, pour pouvoir jouer à l’équilibre et atténuer la suprématie du FLN, majoritaire dans toutes les assemblées populaires et les autres institutions, sauf au Conseil de la nation et peut-être au gouvernement, avant que cette anomalie ne soit corrigée en mai dernier avec le ralliement d’une douzaine de technocrates au FLN à l’occasion de son congrès.

C’est dans ce contexte qu’il faut expliquer la proposition de Ouyahia de relancer la création d’une alliance présidentielle fermée à quatre partis politiques seulement (FLN, RND,MPA et TAJ). Immédiatement, c’est au tour de Saidani de dire niet à cette proposition, en lançant une autre initiative, celle d’un front national élargi et ouvert à toutes les sensibilités, aux syndicats et autres associations.

Pour Saidani, le FLN est une locomotive, le « guide », le pôle qui doit mener les autres et non le contraire. La stratégie de Saidani consistait non plus à faire le vide politiquement, mais surtout à asseoir sa domination sur tous les segments de la société et dans les rouages de l’Etat.

C’est sous cet angle d’analyse que le FLN entend jouer au leader, à maintenir sa suprématie, en lançant une campagne féroce pour gagner les sénatoriales, à mobiliser toutes ses compétences pour appuyer le débat sur la révision de la Constitution et à se préparer pour les prochaines échéances électorales de 2017.

D’ailleurs, dans l’entourage de Saidani, on est conscient que politiquement c’est le FLN qui est indispensable pour les autres sphères et non le contraire. La phrase, lourde de sens, prononcée par le patron du FLN, prouve cet état de fait : « On a utilisé l’alliance pour arriver au pouvoir ! ».

Une phrase en forme de rupture et de déchirement entre les partis de la mouvance présidentielle, mais qui annonce bel et bien que Saidani cherche à « clôturer l’espace politique du FLN » et à marquer un territoire que partageait aussi bien le RND que le MPA ou le TAJ. C’est sans doute à cause de cette perspective qu’Ouyahia a dit « gentiment « non à l’initiative du FLN en prétextant que c’est un mode opératoire qui ne convient pas au RND. »