Craintes d’une flambée de xénophobie après les attentats dans le métro de Moscou

Craintes d’une flambée de xénophobie après les attentats dans le métro de Moscou
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L’activité a repris son cours mardi dans le métro de Moscou cible lundi d’un double attentat à l’explosif, dans une atmosphère de crainte à la fois de nouveaux attentats et d’une flambée de xénophobie, a-t-on constaté.

Hormis les stations de Loubianka et de Park Koultoury touchées par les attentats et où le nombre de passagers s’est réduit, la foule dans les autres stations de métro était tout aussi dense que les autres jours, a-t-on constaté sur place.

Cependant, une certaine fébrilité était visible chez les passagers en dépit des mesures mises en place, traduites par une présence policière très remarquée, rassurante pour certains mais plutôt source de problèmes pour les étrangers, notamment les personnes originaires du Caucase et des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale qui se voient sans cesse apostrophées par les policiers pour vérification de papiers.

« J’ai été obligé à trois reprises de montrer mes documents et de répondre aux questions des policiers depuis que je suis entré dans le métro », a déclaré à l’APS, S. Damir, un ingouche travaillant pour un négociant en textiles. « Depuis que je suis monté dans le wagon, on ne cesse de me lancer des regards avec une hostilité à peine voilée », renchéri son compagnon, V. Iounous.

Comme de nombreux ressortissants du Caucase et d’Asie centrale, ce dernier craint de faire les frais des actions des nationalistes russes d’autant que ces derniers multiplient les agressions et les assassinats contre les non-slaves à l’approche et durant le mois d’avril.

« J‘ai entendu de mes propres oreilles deux jeunes dans un autobus se déclarer mutuellement que ces noirs (qualificatif utilisé par la majorité des Russes pour désigner des personnes à l’apparence non slave avec un teint plus ou moins mat, NDLR) du Caucase et d’ailleurs, viennent non seulement nous disputer le travail mais en plus ils commettent des attentats.

Ils méritent tous d’être tués! », affirme Oxana, étudiante en langues étrangères, russe de souche mais farouchement opposée aux mouvements xénophobes.

Néanmoins, le président du Conseil des nationalités en Russie, Ramazan Abdoulatipov, a assuré mardi que, pour le moment, aucune plainte pour acte xénophobe n’a été enregistrée depuis les attentats de lundi. « Fort heureusement, nous n’avons rien reçu au sujet d’actes à caractère xénophobe.

Si de tels actes s’étaient produits nous l’aurions su », a-t-il dit, soulignant que son institution « maintient un contact permanent avec toutes les diasporas ».

Il a précisé avoir entendu des informations rapportées par des médias au sujet d’agressions perpétrées contre des personnes au « look musulman », mais n’avoir reçu aucune confirmation.

La Radio Echo de Moscou avait annoncé lundi, après le double attentat, que deux femmes musulmanes avaient été prises à partie par des passagers qui les ont battues alors qu’elles étaient à bord d’un wagon d’une rame de métro entre les stations Avtozavodskaïa et Paveletskaïa.

De son côté, le journal Moskovski Komsomolets a rapporté un incident similaire qui se serait produit dans la station de Kountsevskaïa dans la région ouest de Moscou, où deux hommes d’ »apparence caucasienne » auraient été agressés après avoir refusé d’obtempérer à un « groupe de vigiles » qui voulaient vérifier leurs sacs.

Abdoulatipov a appelé les ressortissants du Caucase à se montrer compréhensifs pour « l’attention spéciale » qui leur est portée.

Il a toutefois souligné que cette pression supplémentaire ne doit pas se transformer en vérifications interminables et en suspicion permanente à l’égard des ressortissants caucasiens sur la seule base de leur appartenance ethnique.

Le double attentat de lundi dans le métro de Moscou, que les autorités n’ont pas tardé à attribuer aux mouvements islamistes du nord du Caucase, renforcera les partisans d’une ligne politique dure dans cette région, à leur tête le Premier ministre Vladimir Poutine, ont estimé plusieurs analystes et hommes politiques.

Certains analystes cités par la presse russe, vont même jusqu’à souligner que les attentats qui surviennent au moment où le président Medvedev a annoncé d’importantes réformes, fournissent un solide argument à Vladimir Poutine qui avait conduit la deuxième guerre contre la Tchétchénie fin des années 1990 début des années 2000, de durcir la politique du pouvoir central à l’égard de la région du nord du Caucase.

Selon eux, il est n’est pas exclu que Poutine qui se présentait alors comme le sauveur de la Russie, ce qui lui avait permis de devenir l’homme fort du pays, voudrait rééditer le scénario en prévision de la présidentielle de 2012.

Alors que Medvedev a estimé mardi nécessaire de « réviser la procédure judiciaire en matière de terrorisme » en durcissant cette dernière, Poutine qui avait appelé en 1999 à « buter les terroristes jusque dans les chiottes », a cette fois-ci déclaré lors d’une réunion consacrée aux problèmes de la sécurité dans les transports, que les forces de sécurité « doivent débusquer les terroristes jusqu’au fond des égouts ».