Écrit par Hakim Ould Mohamed
Le directeur général de la prévision au ministère des Finances, Sidi Mohamed Ferhane, a fait savoir, hier, sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III, que les transferts sociaux qui, à eux seuls, consomment 3 500 milliards de dinars annuellement, ont commencé à faire l’objet d’une étude destinée à examiner les conditions de réforme et de ciblage des subventions.
Sur sa lancée, Sidi Mohamed Ferhane a indiqué que sur la base d’une enquête de l’Office national des statistiques (ONS), relative à la consommation des ménages, il ressort que cette réforme devrait toucher en priorité, par le biais de taxes, les produits énergétiques (gaz, électricité et carburants) subventionnés à hauteur de 1 700 milliards de dinars pour la seule année de 2017. Il ajoute les autres types de transferts sociaux qu’il évalue, également, à environ 1 700 milliards de dinars.
Le responsable au ministère des Finances entend ainsi, semble-t-il, baliser le
terrain pour un retour des débats sur la grande réforme qui toucherait, à la fois, le système des subventions généralisées et
les transferts sociaux, deux postes de
dépenses qui captent l’essentiel de la politique sociale de l’Etat et qui grèvent la trésorerie publique.
Plus explicite que certains membres du gouvernement, qui avançaient prudemment comme sur un champ de mine, annonçant tantôt l’impératif d’un coup de rabot, tantôt l’engagement de l’Etat à perpétuer sa politique sociale à l’adresse des familles défavorisées. Sidi Mohamed Ferhane va jusqu’à citer les postes qui seront touchés par la réforme, voire les dépenses que l’Etat injecte annuellement tant en matière de subventions qu’en transferts sociaux. Les experts du Fonds monétaire international (FMI), qui ont eu à s’entretenir avec les responsables algériens, l’avaient annoncé sans détours, il y a quelques semaines, dans le dernier rapport de conjoncture de leur institution sur l’économie algérienne.
« L’assainissement des finances publiques est au cœur de la stratégie des autorités visant à réduire la dépendance de l’économie à l’égard des recettes tirées des hydrocarbures. Le processus, qui a débuté en 2015, se poursuit et devrait être le pilier des politiques macroéconomiques à l’avenir », lit-on dans la dernière analyse du FMI sur l’économie algérienne. Plus précis sur le calendrier, le FMI avait souligné, à la même occasion, que « le ralentissement de la croissance, la hausse du chômage et des difficultés de financement ont toutefois conduit les autorités à décider de relancer l’activité en augmentant leurs dépenses en 2018, avant de mener un assainissement rigoureux des finances publiques à partir de 2019 ».
L’assainissement des finances publiques suppose que l’on passe un coup de rabot sur les dépenses de l’Etat, tout en mettant en place des dispositifs à même d’augmenter la valeur des recettes ordinaires. « Les autorités prévoient de reprendre l’assainissement en 2019 avec des coupes sombres dans les dépenses et de rétablir l’équilibre budgétaire d’ici à 2022 », avait prévenu le FMI, soulignant que les dépenses étaient dans le viseur des autorités et que leur réforme s’impose plus que jamais avec acuité. Les produits énergétiques, le plus gros poste de dépenses pour lequel l’Etat mobilise d’importantes ressources financières, pour compenser le différentiel entre le prix de revient et le prix de vente, captent bon an mal an 1 500 à 1 700 milliards de dollars annuellement, alors que le soutien aux familles et aux produits de base nécessite un concours de l’Etat à hauteur de 450 milliards de dinars.
Dans les différentes formules d’accès au logement, l’Etat injecte environ 470 milliards de dinars annuellement en subventions, tandis que le soutien à la santé mobilise une cagnotte de 320 milliards de dinars. Avec son projet de réformes maintes fois repoussé, le gouvernement semble vouloir relancer le dossier et tenter de desserrer l’étau sur les finances publiques. L’objectif ultime étant le retour à l’équilibre des comptes publics dès 2022.
La loi de finances complémentaire de l’actuel exercice verrait probablement l’avènement de certaines mesures de réformes qui prendrait assurément une nature fiscale de sorte à ce que la réforme soit progressive et dont l’effort devrait être soutenu sur plusieurs années.