Rolland Courbis, l’entraîneur de l’USM Alger, était hier soir l’invité de l’émission Djazaïria Foot, au côté de Mourad Rahmouni, le coach du MO Béjaïa.
Il s’agissait de sa première apparition dans une émission de télévision algérienne et les téléspectateurs ont découvert un homme visiblement habitué des plateaux de télévision (il est consultant à BFM TV). Courbis a carrément fait le show, multipliant les boutades et les révélations en usant d’un sens de l’humour et d’une gestuelle propres aux Méditerranéens. Nous vous livrons une synthèse de ses déclarations.
«Je suis Français, mais je suis proche de la mentalité des Algériens»
«Peut-être que les Algériens voient en moi un Français. Certes, je suis français, mais je me sens très proche des Algériens car j’ai grandi dans un environnement où il y avait beaucoup d’Algériens. Ma mentalité est proche de la leur et je ne pense pas que je sois très différent d’eux. C’est pour cela que je n’ai pas trouvé de difficultés à m’intégrer quand j’ai commencé à travailler en Algérie et à m’adapter à la mentalité algérienne.»

«J’ai entraîné des joueurs algériens, je sais donc comment ils raisonnent»
«J’ai entraîné de nombreux Algériens par le passé et c’est ce qui fait que je sais très bien comment ils raisonnent. J’ai entraîné Djamel Tlemçani à Toulon, Belmadi à l’Olympique de Marseille, Saïfi, Bezzaz et Zarabi à Ajaccio, et cela a été suffisant pour que je comprenne la mentalité des joueurs algériens et leur manière de penser, surtout ceux nés et ayant grandi en Algérie.»
«Belloumi est le plus doué de tous ceux que j’ai entraînés»
«De tous les Algériens que j’ai entraînés, Belloumi est le plus doué (il l’avait entraîné durant deux mois à Endoûme, ndlr). Il est une classe au-dessus de tous les autres. C’est le talent à l’état pur. D’ailleurs, je me demande comment et pourquoi il n’a pas fait une grande carrière internationale.»
«Après des vacances en Italie, je discuterai avec Haddad»
«Je n’ai pris aucune décision au sujet de mon avenir à l’USMA. Je vais préparer le bilan et le remettre au club. Après, j’aurai une discussion avec le président Haddad. Je m’envolerai pour la France juste après la fin du championnat, puis j’irai passer mes vacances en Italie. Après quoi, je reviendrai en Algérie pour me réunir et avec le président et décider de l’avenir de notre relation de travail.»
«Les titres remportés sont des performances»
«Il ne faut pas minimiser le bilan de l’équipe. Battre le Mouloudia pour la première fois en finale de Coupe d’Algérie est une performance. Remporter le premier trophée international dans l’histoire du club est également une performance. Ce n’est pas rien. Donc, les objectifs tracés ont été atteints.»
«Je peux discuter sur dix sujets avec Rebbouh et être en désaccord avec lui sur deux d’entre eux»
«Il n’y a pas de divergences entre les dirigeants de l’USMA et moi, même s’il y a parfois désaccord sur quelques détails et c’est tout à fait normal. Je peux discuter sur dix sujets avec Rebbouh Haddad et être d’accord avec lui sur huit d’entre eux et en désaccord sur les deux autres.»
«Je le répète : la programmation nous a privés de la Ligue des champions»
«La programmation est l’une des principales causes qui ont fait que nous n’ayons pas pu terminer à la 2e place. Par exemples, nos défaites à Chlef et Oran ont été déterminantes dans notre classement final et ces deux matches ont été programmés à un moment où nous étions sur plusieurs fronts. Et puis, il ne faut pas oublier qu’à ma prise de fonctions, l’USMA était dans le bas du classement, après sept journées de championnat, avec 3 défaites. On peut donc aussi dire que le mauvais début de saison de l’équipe a influé sur son classement final.»
«Je n’avais remporté aucun titre en 25 ans, mais j’ai atteint 20 objectifs»
«Certes, je n’avais gagné aucun titre, avant de venir en Algérie, en 25 ans d’exercice en tant qu’entraîneur, mais j’ai atteint 20 objectifs qui m’avaient été assignés. Quand je réussis l’accession avec Ajaccio (2002), je considère cela comme une performance ; quand je réussis le maintien avec cette équipe, en terminant 14e (2003, ndlr), alors que le budget du club est le plus faible des 20 clubs de la Ligue 1, c’est une performance ; quand je termine 2e avec l’Olympique de Marseille, à un point du champion (1998, ndlr), alors que l’objectif assigné est de terminer parmi les 5 premiers, c’est une performance ; quand j’arrive à hisser Marseille jusqu’en finale de la Coupe de l’UEFA (1999, ndlr), c’est une performance ; quand je fais accéder Montpellier en Ligue 1 (2009, ndlr), c’est une performance. Donc, on ne peut pas dire que je n’ai rien fait en tant qu’entraîneur juste parce que je n’avais pas remporté de titre.»
«Merci à l’USMA pour les deux titres !»
«C’est faux d’affirmer qu’aucun club algérien n’a les capacités de gagner la Ligue des champions. Haddad a raison : je suis convaincu que l’USMA peut remporter la Ligue des champions africaine et même jouer le Championnat du monde des clubs. Dommage qu’elle ne soit pas qualifiée pour l’édition de l’année prochaine ! Il faut qu’elle se qualifie pour l’édition suivante et qu’elle s’y prépare à moyen terme pour la remporter et elle en a les moyens. Cela dit, les deux titres que j’ai gagnés cette saison sont quelque chose d’exceptionnel dans ma carrière. Je dis merci à l’USMA pour m’avoir offert mes deux premiers titres comme entraîneur !»
«Beaucoup voulaient mon départ, après notre défaite face au MCA»
«Je sais que beaucoup de supporters voulaient mon départ, après notre défaite face au MCA. Ils étaient même plus nombreux que ceux qui voulaient que je reste. Mais cette défaite m’avait rendu plus déterminé à revenir fort avec l’équipe et réaliser ne serait-ce qu’une partie des objectifs de l’équipe.»
«MCA-USMA est plus fort que OM-PSG»
«Ce n’est pas facile de diriger une équipe qui dispute le derby. J’ai vraiment vécu ce derby de toute mon âme. Je répète encore une fois que le derby MCA-USMA est tout à fait différent du classique OM-PSG. Ce dernier oppose deux clubs de deux villes différentes, alors que le derby met aux prises deux équipes d’une même ville. C’est ce qui me pousse à dire que MCA-USMA est plus fort que OM-PSG.»
«Dziri veut apprendre et je le consultais dans les moments difficiles»
«Quand tu as à tes côtés un jeune entraîneur comme Dziri, tu es tranquille. D’ailleurs, je le consulte dans toute tâche que j’accomplis, surtout lorsque nous traversions des moments difficiles. Je lui disais que nous pouvions revenir fort et c’est ce qui est arrivé. Je trouve que Dziri est une personne qui veut apprendre et qui écoute les conseils qu’on lui donne. C’est pour ça que je lui prédis une belle carrière d’entraîneur.»
«Deux titres au bout de deux saisons pour Haddad, le meilleur est à venir !»
«Haddad a pris le club, il y a trois ans seulement. La première année ne compte pas. Au bout des deux saisons suivantes, il a remporté deux titres, ce qui est pour moi une performance. Personnellement, je pense que le meilleur est à venir et qu’il pourrait remporter la Ligue des champions. Nous aurions pu nous qualifier à cette compétition, si on ne nous avait pas mis des bâtons dans les roues.»
«OK pour enforcer l’équipe, pas la chambouler !»
«L’USMA doit s’inscrire dans la continuité. Pour bonifier les titres remportés cette année, il faut renforcer l’équipe. Je dis bien la renforcer afin qu’elle soit plus forte et qu’elle fasse mieux dans le futur et non pas recruter massivement de nouveaux joueurs, car cela risque de chambouler le groupe et porter préjudice à sa cohésion, donc à sa progression.»
«Le MOB doit conserver son ossature s’il veut réussir»
«Je félicite le MOB pour son accession en Ligue 1 et j’adresse le même conseil à son entraîneur, à savoir la nécessité de conserver l’ossature de l’équipe et la renforcer par des éléments d’expérience, s’il veut réussir sa saison.»
«L’USMH est la meilleure équipe sur le plan du jeu»
«J’apprécie l’équipe de la JS Saoura qui a effectué un parcours très honorable. La meilleure équipe sur le plan du jeu est, pour moi, celle de l’USM El Harrach. En la voyant jouer, on sent qu’il y a une stabilité au niveau du staff technique puisque les joueurs donnent l’impression de jouer ensemble depuis des années.»
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Il explique sa «sajda» après les finales gagnées
«J’ai tout simplement embrassé le terrain que j’avais virulemment critiqué»
Après les deux finales de Coupe d’Algérie et Coupe arabe remportées face respectivement au MC Alger et à Al Arabi (Koweït), on avait vu Rolland Courbis se prosterner sur le terrain. D’aucuns avaient cru qu’il s’agissait d’une «sajda», comme celle que font les joueurs musulmans, après un but marqué ou une victoire pour remercier Allah. Or, l’explication est autre et c’est l’intéressé qui l’a donné hier dans l’émission Djazaïria Foot : «J’étais parmi ceux qui critiquaient publiquement et avec virulence le terrain du stade du 5-Juillet. Cependant, j’avais remarqué avant la finale de la Coupe d’Algérie que le jardinier du stade avait bien travaillé puisque la pelouse était en très bon état. Donc après notre victoire, j’ai embrassé ce terrain que j’avais critiqué. J’en ai fait de même après notre victoire en Coupe arabe. Je sais qu’il y a eu une interprétation comme quoi je me serais converti à l’Islam, mais ce n’est pas ça. Ce que j’ai fait n’était pas une prière. Vous et moi croyons en Dieu, mais nous n’avons pas la même religion.»
«Ce n’est pas facile de dribbler Zidane !»
Prié de narrer une anecdote sur Zinédine Zidane qu’il avait eu comme joueur à Bordeaux, Rolland Courbis a préféré citer une qualité méconnue du champion du monde 1998 : «Contrairement à ce que beaucoup de gens peuvent le croire, Zizou sait bien défendre. C’est pour ça que je l’utilisais comme milieu tournant et non pas comme milieu offensif, comme il a évolué à la Juventus et au Real Madrid. Comme c’est un très bon technicien, il devinait ce qu’allait tenter son vis-à-vis et anticipait ainsi ses gestes, ce qui lui permettait de le contrer. Croyez-moi : ce n’est pas facile de dribbler Zidane !»
Hommage à Mustapha, son «pilote»
S’il y a bien une personne qui a vécu au quotidien le parcours de Rolland Courbis à l’USMA, c’est bien son chauffeur, Mustapha. D’ailleurs, l’entraîneur français a tenu à lui rendre un hommage particulier : «Déjà, je n’aime pas dire que c’est un chauffeur car c’est dévalorisant pour lui. Je préfère dire que c’est un pilote. Il m’a été d’un grand soutien moral dans les moments difficiles. Même quand ça allait mal, il ce cessait de me répéter : ’’Ne vous en faites pas, vous remporterez la Coupe d’Algérie et la Coupe arabe.’’ De plus, il a eu à me supporter tous les jours et ce n’est vraiment pas facile de supporter mon caractère ! Aujourd’hui, je le remercie publiquement pour son soutien.»