Cour suprême, lancement du numérique : La modernisation au pas de charge

Cour suprême, lancement du numérique : La modernisation au pas de charge

L’arme absolue de la réforme reste, pour Tayeb Louh, la modernisation. Avec Tayeb Louh, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, il y avait Slimane Boudi, le premier président de la Cour suprême qui était heureux d’organiser une journée consacrée à la numérisation et à son lancement officiel en ce deuxième jour du mois de Ramadhan 1435.

Malgré le jeûne et une attente de près de deux heures, la rencontre était prévue vers 11h, ce n’est qu’à 13 heures pile que les travaux avaient débuté sous la houlette de monsieur «numérisation» de la Cour suprême. Et ce monsieur a eu l’occasion d’étaler sa maîtrise de l’outil informatique durant un bon moment où les seuls initiés saisissaient le langage typiquement enfant légitime de la modernisation.

La modernisation! c’est là, le dada de Louh qui se voit «bien» à chaque fois qu’il évoque ce mot magique qu’il présente comme étant le salut de la magistrature dont l’ambition légitime est d’avoir une large et haute vision et autour d’une haute définition pour aller vers l’indépendance de la justice et celle du juge. Et ce n’est pas pour demain. Il est vrai que le ministre aime bien s’éclipser du siège à chaque fois qu’il martèle qu’il est le ministère public seulement.

La preuve! Avant le jeûne, il a réuni les procureurs généraux de l’Ouest et du Sud. Plus tard, il a prévu de réunir ceux de l’Est et du Centre. Tout un programme qui a vu le jour ce lundi dernier, c’est surtout l’esprit d’adhésion des magistrats de la Cour suprême. Enveloppés dans leurs toges rouges, ils ont été plutôt flattés de la visite de Louh qui a dû, au passage, reconnaître plusieurs d’entre eux lors de son glorieux passé lorsqu’il s’était rebellé contre l’ordre établi du syndicat unique…

C’était la déconcentration à la Cour suprême en ce deuxième jour de jeûne où s’étaient rencontrés face à Tayeb Louh, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, flanqué de Tayeb Belhachem, l’inspecteur général, Mokhtar Fillioune le «boss» des prisons, Boudjemaâ Aït Aoudia, le DRH, Mohammed Amara, Derrar et autre Amina Haddad la chargée de com. en superforme en ce début de Ramadhan. Accueilli par Slimane Boudi, le premier président de la Cour suprême, le procureur général et les «grosses têtes pleines» des magistrats de la Cour suprême tout de rouge vêtus et arborant une mine gaie vu que plus de 75% de ces magistrats ont connu Louh au temps où le pauvre petit magistrat se cassait les dents sur la haute muraille blindée de l’indépendance de la justice.

C’était il y a un peu plus d’un quart de siècle. Et ils étaient tous là; les Abderahmane Zouaoui, les Aïssa Mim, les Souad Adda Soltane, les Karima Megari, les Zouda, Belkheir, Fentiz toujours plein, d’humour Brahimi Hassan. Une chose est certaine, à part trois ou quatre «hypocrites» car jalousant Louh dans son action, tous les juges et parquetiers étaient ravis de cette visite bénie surtout, comme à l’accoutumée, le ministre a eu encore une fois l’occasion de se prêter aux nombreuses questions des journalistes présents et donc s’est encore une fois montré clair, net et précis, sans fioritures, ni temps morts, ni détours, ni encore moins démagogue.

C’est fantastique d’écouter, non pas le ministre, mais le magistrat qui voit loin et avance, décidé à aller au-devant du succès de la réforme de la justice que Bouteflika a initiée et suit de très près. Et Louh ne cesse de le rappeler à chaque sortie. Il a la foi qu’il voudrait pour tous ses collaborateurs et les premiers concernés: les magistrats et les magistrates.

Ces dernières, assises au premier rang avaient ouvert un menu mini-dialogue élégant et le ministre s’en est tiré largement. Mmes Brahimi et Ouzedine avaient eu ainsi une occasion en or de vider leur gibecière et Louh l’a vite compris et dit ce qu’il fallait. Derrière, Taleb, Lamraoui (venu de Annaba) Bouselma semblaient avoir eux aussi des «choses» à dire, mais ils ont respecté le devoir de réserve. Assis sagement, Djamel Graoui, ce magistrats émérite, en digne fils de chahid, parlait du regard. Oui son regard voulait montrer au ministre qu’il était une victime. De quoi? Mystère et boule de gomme.

Le fils de Barika a eu une éducation et il connaît la musique. Franchement, l’ambiance était conviviale et ce ne sont pas les dérapages de certains confrères venus faire le «clown» qui vont faire perdre son sang-froid au ministre dont le mérite est de répondre droit, raide et sans détours aux nombreuses questions.

Quant à la cérémonie proprement dite, les 29 mots prononcés par le sympathique Slimane Boudi, le premier magistrat de la Cour suprême ont rassuré un tant soit peu sur l’état de cette honorable institution où la crème du pays s’y terre en bossant sans tambour ni trompette. Il n’y a qu’à relever l’impressionnant nombre à 6 chiffres des pourvois en cours (222.000).

La jurisprudence et la documentation judiciaire gagneraient beaucoup avec cet outil. Et Louh avait articulé: «Les délais d’études des dossiers soumis aux chambres de la Cour suprême seront réduits et c’est là un des nombreux acquis de la modernisation. Lors de la visite des nombreux services de la Cour suprême, Louh avait beaucoup parlé. Il a suggéré. Il a posé des questions. Il a effleuré des sujets. Il a ressassé d’autres. Il n’a rien oublié. Il est venu au Val d’Hydra dire des choses.

C’est chose faite. Et c’est chose faite d’autant plus que Tayeb Louh, en faisant des déclarations, il se veut beaucoup plus pédagogue que démagogue car il sait très bien que ce qu’il déclare n’est certes pas du Coran, mais plutôt des lois auxquelles lui-même y est soumis. C’est ainsi pour ce qui est de la numérisation, il souligne qu’il faudra arriver à uniformiser les jurisprudences à tous les niveaux. Par exemple, un litige peut surgir entre deux arrêts de deux sections d’une chambre.

Le 1er président de la Cour suprême s’en saisit en vue d’harmoniser les travaux. Passant aux violences faites aux mères de famille en général et aux femmes en particulier, Louh a estimé qu’il faut réviser la loi au moment où les violences faites aux mamans le sont en présence des enfants. Louh est et demeure un puits à idées, car il sait écouter et sait aussi, du plus profond de son âme, se remettre en cause sans le crier sur tous les toits. La discrétion, la compétence, la volonté de bien réussir, font que ce ministre n’a pas que des…fans!