Cour pénale internationale,Mandat d’arrêt contre Kaddafi

Cour pénale internationale,Mandat d’arrêt contre Kaddafi
cour-penale-internationalemandat-darret-contre-kaddafi.jpg

Quatre mois après le début de la révolte en Libye et cent jours après le début des raids des pays membres de l’Otan pour aider les rebelles, la Cour pénale internationale (CPI) a émis hier un mandat d’arrêt à l’encontre de Mouammar Kaddafi pour «crimes contre l’humanité».

La Cour pénale internationale (CPI) a indiqué hier, la délivrance d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Mouammar Kaddafi pour crimes contre l’humanité commis en Libye depuis le 15 février. Le guide suprême et son fils sont officiellement poursuivis. C’est ce qui a été annoncé par la Cour pénale internationale (CPI) lors d’une audience publique à La Haye. «La chambre délivre, par la présente, un mandat d’arrêt contre Mouammar Kaddafi», a déclaré la juge Sanji Mmasenono Monageng, lors d’une audience publique à La Haye. Les juges ont également délivré des mandats d’arrêt pour crimes contre l’humanité à l’encontre du fils de Kaddafi, Seif Al-Islam, et du chef des services de renseignement libyens, Abdallah Al-Senoussi. Le procureur Luis Moreno-Ocampo avait, le 16 mai, demandé aux juges des mandats d’arrêt contre les trois hommes. Il les accuse d’être responsables de meurtres et de persécutions commis par les forces de sécurité libyennes sur la population civile depuis l’éclatement de la révolte mi-février, notamment à Tripoli, Benghazi et Misrata. Saisi par le Conseil de sécurité des Nations unies le 26 février, le procureur de la CPI avait ouvert son enquête le 3 mars.

La révolte en Libye a fait des milliers de morts, selon le procureur de la CPI. Elle a en outre entraîné la fuite à l’étranger de près de 650 000 Libyens et le déplacement à l’intérieur du pays de 243 000 autres, selon l’ONU. Il y a lieu de signaler que malgré son entrée en fonctions depuis 2002 en sa qualité de premier tribunal international permanent chargé de poursui-vre les auteurs présumés de génocides, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, la CPI ne dispose d’aucune force de police et dépend de la volonté des Etats pour l’exécution des mandats d’arrêt.

Benghazi exprime sa joie

Juste après l’annonce hier, de la décision de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer un mandat d’arrêt contre Mouammar Kaddafi, des scènes de joie ont eu lieu à Benghazi, selon les témoignages de la presse présents sur place. La population de la deuxième ville de Libye s’est laissée aller à des scènes de liesse, en tirant notamment en l’air des rafales. Le colonel Kaddafi, confronté à un mouvement de contestation de son régime après 42 ans de pouvoir absolu sur la Libye, est le second chef d’Etat poursuivi pour crimes contre l’humanité par la CPI, après le président soudanais Omar el-Béchir.

L’Otan a-t-elle vraiment réussi à faire pencher la balance du côté des rebelles ?

Plus de trois mois (100 jours) après le début des raids en Libye de pays membres de l’Otan pour aider les rebelles, qui contrôlent l’est du pays et ont à l’Ouest pour objectif d’atteindre Tripoli, Mouammar Kaddafi n’a pas quitté son pouvoir. Depuis le 19 mars, date du déclenchement de l’offensive par Washington, Paris et Londres, sous mandat de l’ONU, et des premières missions des avions de combat français dans l’Est, l’Alliance atlantique continue de viser des cibles sur l’ensemble du territoire libyen. Les cibles des raids qui se trouvent pour la plupart à Tripoli ou dans les environs de la capitale, demeurent toujours aux mains du colonel Kaddafi, tout comme les régions de Misrata (200 km à l’est de Tripoli) et de Brega (800 km à l’est de Tripoli), et dans les montagnes de Nafoussa, au sud de Tripoli.

L’Otan, qui a pris le 31 mars les commandes de «l’opération Protecteur unifié» et bombarde quotidiennement une cinquantaine de sites, est ainsi sur le point de procéder à sa 5 000e sortie. Et dans ce qui est devenu une guerre livrée sur de multiples fronts, chacun des deux camps en présence ne peut se prévaloir que de quelques victoires incontestables. L’alliance occidentale, après avoir au départ enregistré des succès en repoussant les troupes de Mouammar Kaddafi à suffisamment bonne distance de Benghazi, le fief de l’opposition à l’Est, et à Misrata, pour éviter qu’elles ne soient pilonnées, n’est pas parvenue à faire pencher de manière décisive la balance du côté des rebelles. La situation est à l’heure actuelle dans une sorte d’impasse, les insurgés se devant de tenir leurs positions autour de Misrata et d’Ajdabiya, près de Brega, malgré les tirs sporadiques de roquettes et d’obus de mortier qui continuent à faire des victimes. Malgré les succès limités obtenus par l’Otan dans la neutralisation des troupes de Mouammar Kaddafi, la plupart des Libyens de l’Est sont toujours fermement en faveur de l’action de l’alliance.

Par Yasmine. A