Décidément, l’intolérance et l’extrémisme religieux ont de beaux jours devant eux dans la société algérienne. Après l’affaire de l’étudiante à la «la jupe courte» interdite d’accès à l’université d’Alger, qui avait fait coulé beaucoup d’encre, le mois de mai dernier, voici venu le tour d’une femme qui s’est vu refuser l’accès à la cour d’Alger, sous prétexte que sa tenue vestimentaire était «indécente ».
Ces péripéties, ébruitées par les victimes – car plusieurs autres cas autrement plus graves passent inaperçus pour diverses raisons – renseignent clairement sur le traquenard islamiste qui guette la société nationale et l’accroissement du sentiment de haine et du rejet de l’Autre dans un contexte national et régional crucial. Conjugués avec les fetwas sataniques de Hamadache et autres prédicateurs autoproclamés, cette situation risque d’empirer face à l’indifférence des pouvoirs publics qui perçoivent toujours en ces incidents des faits isolés et des événements anodins.
Or, la situation s’aggrave dans plusieurs régions du pays, notamment dans la capitale, où les femmes sont particulièrement les cibles privilégiées de ces atteintes aux droits humains les plus élémentaires. Dans les quartiers populaires, à titre d’exemple, des jeunes, des moins jeunes et même des gens d’un certain âge regardent d’un mauvais oeil les jeunes filles et les femmes qui ne portent pas l’habit musulman convenu, c’est-à-dire le voile (hidjab).
Des insultes, des harcèlements, des vols et des vulgarités sont le lot quotidien du fardeau porté par cette frange de la société qui subit de plein fouet la foudre extrémiste de soi-disant moralisateurs et de juges autoproclamés.
En d’autres termes, interdire l’accès à un édifice public pour une jeune femme ou renvoyer de l’école une jeune fille sous prétexte que sa tenue vestimentaire est «incorrecte» ou «indécente» revient à s’immiscer dangereusement dans les libertés individuelles des citoyens. Le dernier incident de la cour d’Alger remet sur la table la nécessaire réflexion sur l’impératif de sévir contre les instigateurs de ces «inquisitions » qui s’apparentent à une police des moeurs à peine déguisée.
Il appartient en d’autres termes aux pouvoirs publics de combattre toutes formes d’extrémisme et d’atteinte aux libertés individuelles qui commencent sérieusement à s’ancrer dans la société algérienne. Pis encore, ce genre d’agissements intolérants et irresponsables risque de créer des conflits religieux et confessionnels parmi la société algérienne qui vit dans la tolérance et la quiétude depuis la nuit des temps.
M.A.