Après les protestations qui ont eu lieu à travers plusieurs wilayas, la colère gagne maintenant le cœur de la capitale. Hier, ce sont les habitants de la rue Didouche Mourad qui sont sortis, sous un soleil brûlant, pour exprimer leur colère contre Sonelgaz.
C’est l’été, le ramadhan et pas n’importe lesquels! Jeûner sous un soleil caniculaire laisse, naturellement, peu de tolérance envers le manque de certaines nécessités de la vie. Une fois n’est pas coutume, ce sont, cette fois, les habitats et commerçants de la rue Didouche Mourad qui sont sortis dans la rue pour appeler les autorités concernées à mettre terme aux récurrentes coupures d’électricité. Suite à des pannes et des coupures qui se poursuivent depuis plus d’un mois, les habitants de cette localité ont décidé de couper le passage aux automobilistes et d’investir ce lieu jusqu’à ce que le problème soit réglé. Leur tentative de couper la route a été par ailleurs avortée avec une présence des forces de sécurité déployées sur les lieux. D’après les témoignages de certains habitants, «la coupure d’électricité qui dure depuis 48 heures est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase» poussant les habitants à recourir à la contestation. Vers 13h30, quelques dizaines de contestataires ont pris place sur les trottoirs et investi la moitié de la route reliant Sacré-Cœur à Alger-Centre tandis que d’autres citoyens suivent la protestation depuis les balcons. Durant les 30 minutes qui suivent, les protestataires avancent de nouveau pour fermer la route, sans succès. Les forces de l’ordre maintiennent le contrôle et arrivent à disperser des citoyens qui tentent de fermer le passage aux automobilistes. Entre-temps, des disputes et cacophonies font monter la tension d’un cran. Une femme, la quarantaine, s’adresse à un agent de police: «Puisque vous vous vous êtes convertis en porte-parole de l’Etat, de Sonalgaz et de je ne sais qui encore, dites-leur que nous sommes décidés à rester ici. Nous n’avons rien à faire là-haut ; ni d’électricité, ni d’eau fraîche, ni télévision, autant rester dehors !» Versant dans l’apaisement, la police tente de calmer les protestataires en leur di-sant que les équipes de Sonalgaz sont en route, alors qu’aucun «signal» n’est visible sur les lieux. Interrogés, certains commerçants ont fait savoir qu’ils ont payé la facture salée à cause des coupures d’électricité qui durent depuis plus d’un mois. «Moi je paye plus de
100 000 Da la location. Avec les coupures récurrentes de l’électricité, j’ai été contraint de fermer à chaque fois. Le malheur c’est qu’on ne nous avise pas à l’avance, puisque certains commerces doivent préserver ou liquider leurs marchandises», raconte un commerçant. D’autres jeunes protestataires se sont montrés plus menaçants en s’adressant aux forces de sécurité en leur disant : «Si vous vous voulez qu’on appelle nos amis de Bab El Oued, ils seront dans pas longtemps à nos côtés». Bien que cette menace émane d’un groupe d’adolescents, il est fort possible que les délestages puissent susciter plus de colère ou d’émeutes si Sonalgaz tarde encore à réparer ses «courants».
Par Yasmine Ayadi
