Coupures d’électricité, accidents de la route et morne actualité, L’été morose des Algériens

Coupures d’électricité, accidents de la route et morne actualité, L’été morose des Algériens

L’Algérie plonge dans une morosité indescriptible quelques jours avant le mois sacré. Les galas artistiques, les soirées familiales et les manifestations publiques organisés à l’occasion du cinquantenaire de l’Indépendance n’ont pas suscité l’animation en cet été, pourtant synonyme de détente et de loisirs.

Bizarrement, les Algériens se morfondent dans l’ennui. Ils croulent sous le stress, la pollution, les coupures d’électricité et la cherté de la vie.

Si du côté de la grande bleue, qui reste indéniablement l’aspiration de tous, règne une certaines ambiance (et encore, puisque l’accès n’est de fait plus gratuit…), la ville en revanche plonge dans la monotonie.  Elle n’a que très peu de choses à leur offrir en guise de loisirs. Ainsi, la capitale, à titre d’exemple, dort très tôt, malgré la chaleur exceptionnelle qui sévit ces derniers jours.

Les magasins baissent les rideaux au coucher  du soleil. Les transporteurs, eux, s’éclipsent à 19h. Le métro, censé redonner goût à la vie des gens et qui assure les navettes jusqu’au 23 h, ne transporte que peu de gens.  «Des étés comme celui que nous vivons, on espère ne plus en voir », dit un jeune homme qui cherche une place à l’ombre dans la rue Didouche-Mourad.

Les populations des villes intérieures, les coupures fréquentes d’électricité alimentent les discussions. Des coupures qui tournent généralement aux émeutes, comme c’est le cas dans la wilaya de Biskra où des affrontements ont éclaté avant-hier  au centre-ville entre la police et de jeunes habitants sortis dans la rue pour protester contre les coupures récurrentes d’électricité.

Dans la wilaya de Jijel, les nuits des habitants sont animées par des émeutes pour le même problème d’électricité. Il y a ensuite les prix qui n’ont pas été en reste, puisque eux aussi ont flambé, à donner le tournis même aux mieux nantis. Et comme les gens pensent déjà au ramadhan qui débutera la semaine prochaine, à l’Aïd, il vaut mieux rester chez soi pour moins dépenser.

A la veille du mois de ramadhan, les Algériens ont sorti leurs calculettes. Pour tenter de baisser, un tant soit peu, les prix de la viande, les pouvoirs publics ont trouvé cette année encore une parade.  Importer de la viande pour inonder le marché national. Les prix de la viande blanche connaissent quant à eux déjà une courbe ascendante depuis quelques jours, et ce, en raison de la spéculation des producteurs qui visent à engranger le maximum de bénéfices.

«Le plan de rigueur» que ne cesse de nous annoncer les responsables du gouvernement appelant les Algériens à serrer la ceinture pour affronter des jours plus difficiles, n’arrange plus les affaires des Algériens. La baisse des prix du pétrole, seule ressource financière pour le pays en l’absence d’une véritable économie nationale, affectera à coup sûr les ménages algériens.

Les accidents de la circulation occupent également le devant de la scène. Les discussions dans les cafétérias et autres endroits publics tournent souvent sur ces drames qui interviennent chaque jour sur nos routes.  Alors que le nombre de morts dans les accidents de la route augmente, le gouvernement garde étrangement le silence. La plupart des ministres sont en congé depuis le 5 juillet dernier.

La plupart des départements ministériels fonctionnent au ralenti du fait de l’attente d’une annonce éventuelle d’un nouveau gouvernement. Le pays est mis en mode «veille». Le drame des accidents  n’inquiète  plus les partis politiques qui sommeillent  au lendemain des législatives du 10 mai dernier, en attendant leur réapparition à la veille des élections locales prévues pour l’automne prochain.

L’éclaircie des festivités du cinquantenaire n’a pas apporté un peu de gaieté à la morosité ambiante. C’est à croire que les gens sont blasés, que plus rien ne peut les attirer ni les amuser.  Les touristes étrangers n’affluent pas dans notre pays, et ce, malgré l’optimisme affiché par les professionnels du secteur du tourisme et le ministère de tutelle. L’optimisme a fini par s’ébranler. Autant dire que l’Algérie connaît un été morose.

Mehdi Ait Mouloud