Ils sont sales, froissés, abîmés, scotchés dans tous les sens. Une devinette que chaque algérien trouvera sans aucune difficulté tellement il en a assez de les voir encore en circulation. Il s’agit bien sûr des billets de 200 DA.
D’aucuns ne contesteront leur état lamentable. Le retrait de ces billets du marché monétaire, pourtant maintes fois annoncé par la Banque d’Algérie, notamment tarde à se concrétiser. Et les citoyens continuent à être pénalisés par ces billets de banque usés, surtout ceux datant de 1983. Ceux imprimés en 1992 ne sont pas dans un meilleur état, mais passons.
Pas plus tard qu’avant-hier, des députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont, encore une fois, interpellé le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, sur le retrait de ces billets. Considérant cette situation comme une atteinte à la souveraineté nationale : «La monnaie nationale est l’un des symboles du pays et tout manquement à sa protection constitue un manquement à l’égard de l’autorité de l’Etat», avait affirmé l’un d’entre eux. En réponse, le gouverneur de la Banque d’Algérie dira qu’une nette baisse a été enregistrée à propos de la circulation de ce billet avec 5% au cours de ce mois d’octobre, promettant que le fameux billet sera retiré dans les mois à venir. Ce qui n’est pas nouveau de la part de M. Laksaci, puisqu’il a déjà, et à plusieurs reprises, fait ce discours sans jamais donner une échéance précise quant au retrait définitif du billet de 200 DA. Mieux : Les clients dans les différentes agences bancaires ou postales continuent à encaisser leurs salaires avec des billets de 200 DA et ne peuvent refuser ceux usés. En cas de réclamations, des préposés aux guichets conseillent aux clients de les… scotcher ! Arguant que le recours à cette monnaie est dû au manque de liquidités. D’ailleurs, Moussa Benhamadi, dans une déclaration ultérieure, avait souligné que «tout billet usé de 200 DA qui entre à la Banque d’Algérie ne ressort plus, mais encore faut-il qu’il retourne à cette institution». Car selon lui,
«il y a énormément d’argent qui circule en dehors du circuit bancaire». Un discours similaire avait été tenu par Abdenasser Sayeh, alors directeur général d’Algérie Poste par intérim. Ce dernier avait indiqué à la radio nationale que les billets usés qui rentraient à la poste n’en sortaient pas ! Alors que sur le terrain, il en est tout autrement quand on sait que nombreux sont les citoyens qui, au jour d’aujourd’hui, se plaignent du mauvais état des billets de 200 DA remis au niveau de la poste. Le plus ironique est que certains bureaux de poste refusent les versements ou paiements des services en billets de banque dégradés. Par ailleurs, ce même responsable avait reconnu les désagréments causés par ces billets en état de vétusté avancée, affirmant qu’ils sont une des causes qui bloquait les distributeurs automatiques des billets (DAB).
Pour leur part, les citoyens, qui régulièrement sont confrontés à ce problème, s’interrogent, à juste titre, «pour quelle raison ce billet de banque lamentable est toujours en circulation?», se demandant pourquoi les banques ne les bloquent pas à leur niveau pour les détruire. Ils ne comprennent pas «ce qui empêche les responsables concernés (en l’occurrence la Banque d’Algérie) de trancher sur la question du retrait définitif de ces billets». «Pourtant, ils ont bien pris cette décision pour les billets de 50 DA, et on ne les a plus jamais revus sur le marché», lanceront-ils.
Par Lynda Naili Bourebrab