Coupe du Monde: comment les joueurs vont-ils gérer le Ramadan?

Coupe du Monde: comment les joueurs vont-ils gérer le Ramadan?

Le jeûne du Ramadan qui a débuté, dimanche, devrait concerner peu de joueurs encore en lice dans le Mondial brésilien, mais ceux qui l’observeront malgré tout vivront sous haute surveillance médicale.

Ils vont devoir concilier leur foi et le sport de très haut niveau. Pour la première fois depuis 1986, le jeûne du Ramadan, qui débute ce dimanche, intervient en plein milieu de la Coupe du monde de football. Plusieurs pays qualifiés pour les 8es de finale sont concernés: l’Algérie (les joueurs ont quasiment tous prévu de le faire), l’Allemagne, la Suisse, la Belgique, le Nigéria, mais également la France, qui compte quelques joueurs de confession musulmane (Karim Benzema, Mamadou Sakho et Bacary Sagna). L’Iran et la Bosnie ou encore la Côte d’Ivoire, qui auraient pu être concernés, ont eux été éliminés lors des matches de poules.

« Le niveau de nutrition doit changer »

Concilier le jeûne du Ramadan et le sport de haut niveau, n’est pourtant pas sans risque pour la santé des joueurs. Essentiellement d’ailleurs en raison de la déshydratation et non de l’absence d’alimentation. « C’est une période où le risque de blessures augmente, notamment au niveau des lombaires, des articulations et des muscles », indique le Docteur Hakim Chalabi un des référents de la Fifa sur le sujet du jeûne chez les footballeurs.

Pour éviter ces désagréments il y a donc des précautions à prendre. « Le niveau de nutrition doit changer. Il faut aussi modifier la qualité des aliments, afin de s’adapter à l’exercice. Les joueurs doivent mieux s’hydrater. Nous leur conseillons en outre d’allonger la durée de leur sieste pendant l’après-midi, afin de récupérer une partie de leur temps de sommeil », ajoute Hakim Chalabi.

Des conseils validés par l’expérience de Madjid Bougherra, capitaine de la sélection algérienne: « Le plus dur, c’est l’hydratation. Mais ça va, le climat est bon ». Au Brésil, les Musulmans désireux de respecter le calendrier officiel du Ramadan ont en effet un allié: le soleil qui se couche autour de 17h30 lançant la rupture du jeûne. A Londres, par exemple, durant les derniers Jeux Olympiques les athlètes de confession musulmane étaient aussi concernés par le Ramadan, mais il leur fallait attendre 20h30 ou 21h00 pour s’alimenter.

Une source de motivation pour les joueurs?

Une fois les précautions médicales respectées, le jeûne s’avère parfois source d’inspiration ou de motivation pour les joueurs. « C’est plus mental. Souvent, il faut montrer aux entraîneurs qui ne sont pas d’accord (avec le fait que l’on observe le Ramadan, ndlr) qu’on est là à 200%. J’ai pu être un peu boycotté à cause de ça, on était trois ou quatre musulmans à l’entraînement mais on était toujours les premiers en tests physiques. On s’en sortait sans problème » ajoute Madjid Bougherra.

Un constat étonnant relayé par Hakim Chalabi qui a souvent observé ce phénomène de transcendance lors de ses séjours en Europe: « On nous demandait souvent d’inciter les joueurs à ne pas observer le jeûne », raconte l’ex-médecin du Paris SG, « mais curieusement, il y a des sportifs qui ont de meilleurs résultats pendant le Ramadan parce que le jeûne est désiré. Cela peut même devenir une aide spirituelle et psychologique. »

La possibilité de reporter le jeûne existe

Faire le jeûne n’est pourtant pas une obligation. Les autorités religieuses ont ainsi rendus possibles certains aménagements. Par exemple, en tant que « voyageurs », les Musulmans bénéficient du droit de reporter le mois de Ramadan à une période ultérieure, tout comme les femmes enceintes ou les malades. Une solution qu’adoptent souvent les individus « isolés » parmi des équipes où les autres confessions sont majoritaires, comme dans la France, l’Allemagne ou la Suisse. C’est notamment ce qu’a choisi de faire le joueur Belge Nacer Chadli. « Il est hors de question que je le fasse, a-t-il déclaré au journal Le Soir. Mais je rattraperai les jours perdus après la Coupe du monde ».

Le milieu de terrain allemand Mesut Özil, a lui aussi décidé de ne pas faire jeûne durant la Coupe du Monde. « Je travaille et je vais continuer à le faire, a-t-il expliqué. Donc je ne ferai pas le Ramadan car je travaille. C’est impossible pour moi de le faire cette année » a-t-il affirmé.

En tout cas, ce choix appartient aux joueurs. Le sélectionneur de l’équipe de France Didier Deschamps a par exemple expliqué mercredi qu’il n’avait « rien à ordonner » à ses joueurs de confession musulmane. « Ce sont des sujets sensibles et délicats, a-t-il déclaré. Je n’ai rien à ordonner. On respecte la religion de tout le monde. Les joueurs ont l’habitude, ce n’est pas aujourd’hui que l’on découvre la situation. Je n’ai aucune inquiétude et chacun s’adaptera à la situation. »