L’En Avant Guingamp a remporté, samedi 9 mai, la 92e Coupe de France, au terme d’une finale 100 % bretonne de folie. Menés au score, les Guingampais ont renversé la vapeur pour venir à bout d’une équipe rennaise accrocheuse et dominatrice. Apre, riche en occasions, la rencontre s’est jouée dans les vingt dernières minutes.
Tout avait pourtant commencé dans la joie et la bonne humeur bretonnes. Chapeaux ronds, binious et, une heure avant le coup d’envoi, un « Bro gozh ma zadoù » – Vieux pays des mes ancêtres, l’hymne breton – repris par les 80 000 spectateurs du Stade de France.
Seulement voilà, Victor Zvunka, l’entraîneur guingampais, l’avait rappelé avant le match : « C’est une finale de Coupe de France avant tout. » Pas un fest-noz, donc, et les vingt-deux acteurs démontraient dès le coup d’envoi qu’un derby Rennes-Guingamp n’a rien à envier à un Lyon – Saint-Etienne : défenses rugueuses, duels de colosses au milieu de terrain et frappes audacieuses.
La première mi-temps était accrochée entre la meilleure défense de Ligue 2 et un Stade rennais qui n’a encaissé aucun but dans la compétition. Pendant une demi-heure, les Guingampais étaient même à deux orteils de renverser la montagne rennaise, avec des occasions franches d’Eduardo (12e minute) et Soumah (29e). Surtout, les hommes de Zvunka pouvaient compter sur un Wilson Oruma des grands soirs. Le Nigérian multipliait les débordements et les passes millimétrées. En face, la défense de Rennes semblait fébrile et devait s’en remettre à un Douchez bien campé dans ses cages.
La révolte rennaise
Il fallait attendre le dernier quart d’heure pour voir Rennes se révolter et remporter la bataille du milieu de terrain… avant d’amener le danger dans la surface guingampaise. Jérôme Leroy, toujours bien inspiré, trouvait la barre sur une magnifique frappe du gauche (40e) et manquait d’obtenir un pénalty (43e).
Les joueurs de Guy Lacombe revenaient des vestiaires décidés à faire respecter la hiérarchie. Misant sur la vitesse de Sow, repositionné dans l’axe, et la puissance de Thomert, ils pressaient des Guingampais soudain empruntés. Sur une superbe déviation de Leroy, Sow frappait en force sur la barre de Gauclin (52e). Asphyxiés dans leur moitié de terrain, les Costarmoricains résistaient tant bien que mal aux attaques rapides des Rouge et Noir – ceux d’Ille-et-Vilaine. Lesquels commençaient à flairer le match maudit.
C’était sans compter sur le moins breton des joueurs rennais. A la 69e, le défenseur américain Carlos Bocanegra, libre de tout marquage, plaçait sa tête sur un coup franc de Bruno Cheyrou et trompait Gauclin. Rennes pensait avoir fait le plus dur lorsque, trois minutes plus tard, sur un long centre de Felipe, Hansson remettait involontairement le ballon dans la course d’Eduardo. Le Brésilien battait Douchez d’une frappe croisée à ras de terre et offrait une égalisation inespérée à son équipe (72e).
8000 Habitants et une Coupe de France
La folie du derby semblait alors s’emparer des Guingampais, qui repartaient de plus belle vers les cages rennaises. Sur un contre parfaitement mené, le poison Eduardo, aussi mobile qu’efficace, doublait la mise d’une frappe croisée, de la droite cette fois-ci (2-1, 83e). Oubliées les consignes de retenue du début de match, les deux équipes se ruaient vers l’avant et enchaînaient, jusqu’au coup de sifflet final, les contre-attaques les plus folles.
Dans un Stade de France où, finalement, régnaient toujours la joie et la bonne humeur bretonnes, les Guingampais pouvaient brandir le premier trophée de leur histoire. Le club de Noël Le Graët, embourbé dans les profondeurs de la Ligue 2, remporte une victoire méritée et jouera l’Europe la saison prochaine. Cinquante ans après Le Havre, une équipe de deuxième division gagne la Coupe de France. Guingamp, 8 000 habitants, prive son grand voisin d’un titre qu’il attend depuis trente-huit ans et sa précédente Coupe de France, en 1971.