Coup d’Etat au Mali ,Toumani Touré renversé par des putschistes

Coup d’Etat au Mali ,Toumani Touré renversé par des putschistes

Trop de lacunes ont fini par coûter très cher au président malien, Amadou Toumani Touré, contraint de se réfugier à l’ambassade américaine à Bamako suite à un coup d’Etat exécuté, à son encontre, par des militaires mutins maliens et ce, à quelques semaines des élections présidentielles prévues le 29 avril prochain.

Le président ATT a fait trop d’erreurs, trop de lacunes durant son mandat et a usé et abusé d’erreurs face au retour des rebelles du MNLA.

L’homme fort au Mali s’est montré fragile face aux séries d’enlèvements d’Occidentaux exécutées par Al Qaïda au Maghreb, puis la goutte qui a fait déborder la vase, c’était la montée en force des combattants Touaregs qui, aujourd’hui, contrôlent plusieurs villes maliennes et l’armée malienne reproche au président Touré d’avoir été derrière les cuisantes défaites face au MNLA. Selon plusieurs observateurs et spécialistes, le coup d’Etat réservé au président malien, Amadou Toumani Touré, a été orchestré à partir de l’extérieur. Pour eux, il s’agit d’un pays européen et d’un autre du Golfe, ces deux pays ayant décidé de faire «basculer» ATT. Motif : l’homme fort du Mali s’est montré en faiblesse. En d’autres termes, ATT n’a rien pu faire face aux enlèvements d’Occidentaux exécutés par les groupes terroristes affiliés à Al Qaida au Maghreb islamique qui se sont succédé au Mali. Alors que du côté des putschistes, les militaires qui ont exécuté le plan du coup d’Etat, pour eux, ATT les a trahis, car il n’a rien pu faire face à la montée des rebellions azawadis, d’autant plus que l’armée malienne n’est pas dotée d’armes de guerre pour arrêter la révolution des Touaregs. Entre les deux probables scénarios, le coup d’Etat d’avant-hier contre le président malien reste un mystère, voire très étrange et peu de raisons plausibles sont mises en évidence. L’annonce a été faite très rapidement, partout dans les villes maliennes, mais également dans la région du Sahel, dont l’Algérie fait partie. Le président malien, Amadou Toumani Touré vient d’être renversé de son fauteuil, des militaires lui ont préparé un coup d’Etat «étrange» à l’homme fort au Mali. Les plausibles raisons de ce putsch, bien qu’elles ne sont pas claires, toutefois, les 500 à 600 putschistes expliquent qu’ils n’ont d’autre choix que d’agir de cette manière, car la montée des Touaregs et leurs «triomphes» dans de nombreux combats et le peu d’armes dont disposent l’armée ma-lienne sont des raisons «suffisantes» pour faire écarter l’ex-putschiste, Amadou Toumani Touré. Cet homme qui lui également a pris le pouvoir malien il y a plus de dix ans lorsque, à son tour, avait renversé l’ex-régime malien. Voilà, à son tour, ATT se voit renversé par ses proches au pouvoir, qui ne lui font plus confiance après les défaites cuisantes portées par le MNLA contre l’armée malienne. Une armée qui se plaint du peu de moyens pour faire face à la rébellion des Azawadis. Du coup, Alger et par la voix de son ministre des Affaires étrangères a réagi à ce putsch, en dénonçant avec fermeté le coup d’Etat, mais également l’Union européenne, l’Union africaine et les Etats-Unis qui, à leur tour, ont condamné le putsch. Quelles seront les conséquences pour la région du Sahel ? Quel sera l’avenir du Cémoc (pays du champ) ? Les frontières algériennes seront-elles en sécurité ? Les Azawadis prendront-ils le pouvoir ? Les groupes terroristes vont-ils profiter de ce putsch pour se repositionner mieux au Sahel ? Beaucoup de questions et un avenir sombre attendent la région. Une région déjà accablée par la montée du phénomène du terrorisme, surtout après l’apparition de nouvelles organisations terroristes qui restent un mystère.

La visite d’ATT à Alger et son appel à l’aide

C’était prévisible. Ainsi, le président malien, Amadou Toumani Touré ou appelé couramment au Mali ATT vient d’être

«déchu» de son fauteuil de président, et ce, par des militaires maliens hostiles à la politique de l’homme fort du Mali. Un coup d’Etat prévisible. Pourquoi et comment ? Il faut retourner en arrière pour bien expliquer ce coup d’Etat qui, faut-il le souligner, a été préparé bien avant. La visite d’Amadou Toumani Touré effectuée le 5 janvier dernier à Alger avait concerné les menaces qui pesaient au Sahel, suite à la chute du régime Kaddafiste. Le retour des ex-rebelles maliens qui combattaient aux côtés de l’ex-guide libyen Kaddafi a fait craindre ATT les conséquences sur l’avenir du Mali et également sur son avenir en tant que président de ce pays, car il savait très bien qu’un grand coup lui sera réservé par certaines parties étrangères qui ont laissé passer des centaines de ces combattants ma-liens sans les intercepter depuis la Libye en passant par le Niger pour arriver au Mali. D’ailleurs, leur mission c’était de faire «sauter» le régime malien et instaurer un changement dans ce «bled» qui, rappelons-le, n’est autre qu’un voisin de l’Algérie. En effet, le retour en force de ces combattants, ajouter à cela, la présence des groupes terroristes d’Al Qaida, et surtout, il ne faut surtout pas l’oublier, l’apparition du ouvement National de Libération de l’Azawad, le MNLA, sont tous «jetés» dans la marmite malienne pour cet objectif. Toutefois, face à cette probabilité lancée par certains observateurs appuyée par des sources sécuritaires maliennes, d’autres expliquent le coup d’Etat d’ATT comme étant la seule solution, urgente, qui restait pour l’armée malienne afin de conserver le pouvoir face à la montée très puissante des combattants azawadis, qui ont gagné plusieurs villes maliennes depuis le lancement de leur révolution.

Un coup d’Etat qui arrange les affaires d’Al Qaïda

Parmi les conséquences graves du putsch au Mali c’est bien entendu le phénomène du terrorisme. En effet, les groupes terroristes qui font allégeances à Al Qaïda mère, notamment ceux appartenant à la nébuleuse Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sont, du coup, les vrais gagnants du coup d’Etat d’Amadou Toumani Touré. Ainsi, Aqmi va non seulement profiter de cette situation chaotique au Mali pour se repositionner dans le nord malien, mais surtout elle va se doter de nouvelles armes de guerre et recruter de nouveaux combattants au sein de ses rangs.

Ajouter à cette réalité, Al Qaida au Maghreb va intensifier ses actions terroristes, en enlevant, très probablement, d’autres étrangers qui se trouvent actuellement au Mali. Face à Aqmi, le Cémoc (état-major des pays du champ) qui compte à son actif quatre pays du Sahel, l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, sera en position de faiblesse, car le rapport malien sera absent concernant la lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, une rencontre de haut niveau devait avoir lieu au cours de ce mois à Bamako, entre les états-majors des pays du Sahel. Toutefois, le coup d’Etat a fait chambouler les cartes du Cémoc. Véritable poudrière. La région du Sahel ne cesse de porter des coups sévères des conséquences de la guerre en Libye. En plus des armes massives qui circulent dans la région, le Sahel est, une nouvelle fois, affecté par le coup d’Etat au Mali, cela sans oublier, le récent attentat suicide ayant ciblé le siège de la brigade de la Gendarmerie nationale de Tamanrasset. Un attentat revendiqué par un groupe terroriste mystérieux, le MUJAO (Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest). Aujourd’hui, la situation se complique davantage pour les pays du Sahel et un avenir très inquiétant se projette devant une inquiétude de l’Algérie qui, à son tour, est doublement visée par tout ce qui se passe devant sa porte.

Par Sofiane Abi