Coup de gueule du ministre des Transports : Air Algérie est malade !

Coup de gueule du ministre des Transports : Air Algérie est malade !
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Colère – «Si vous continuez à faire les choses de cette manière, le pavillon national va disparaître», a lancé M. Talai à l’adresse des cadres de la compagnie.   

«Soit nous nous donnons un coup de fouet et nous sauvons la compagnie, soit nous ouvrons la piste à d’autres et nous disparaîtrons», a jouté Boudjema Talai, qui promet de sérieuses sanctions dans le cas où la situation ne s’arrange pas. «Nous allons commencer par les sanctions. Celui qui n’est pas capable de travailler n’a qu’à rentrer chez lui», a dit le ministre. Pour lui, «Air Algérie est malade». Elle doit réapprendre tout, jusqu’à comment organiser un vol. «C’est désastreux», a regretté le ministre, appelant le personnel de la compagnie à consentir plus d’efforts et à faire preuve de sérieux et de rigueur pour «sauver» la compagnie et la rendre compétitive.  A ce propos, le ministre a déploré la multiplication des retards des vols de la compagnie nationale en plus de la mauvaise communication avec ses clients. Air Algérie traverse depuis quelques années déjà une période de dysfonctionnement avec son mode de gestion, un modèle traditionnel qui ne répond plus aux besoins de ses clients. Cette situation s’est traduite par une perte de parts de marché, une détérioration de l’image de marque de la compagnie et une remise en cause de sa fiabilité à cause notamment de la dégradation de la qualité de ses services et les problèmes de ponctualité des vols, a expliqué Mohamed Abdou Bouderbala. En termes de respect des horaires de vols, point noir d’Air Algérie, le taux de ponctualité a atteint 60% en 2014 avec une durée moyenne de retard de plus d’une heure, un chiffre qui reste en deçà des normes internationales (80%).



En outre, plusieurs vols sont annulés chaque année sans explication aucune. Pour la seule année 2014, la compagnie a enregistré l’annulation de 558 vols sur plus de 61 000 programmés. Ces problèmes sont liés essentiellement à la mauvaise programmation des vols, à la défection du personnel commercial navigant, aux pannes récurrentes du système d’enregistrement, du traitement des bagages et des scanners, et aux mouvements sociaux. Mais aussi au déficit accusé en matière de disponibilité des pièces de rechange des aéronefs.  Pour remédier à cette situation, le ministre des Transports a estimé que des solutions devraient être trouvées «à l’interne», indiquant qu’un plan était en cours de préparation pour restructurer la compagnie. Il s’agit, selon lui, d’un vaste plan de réorganisation devant toucher notamment à la formation du personnel dans les différents domaines (pilotage, catering, commercial) en plus du développement de certaines activités, telles que la maintenance des avions.

Ce plan, qui sera lancé dès septembre prochain, va concerner tous les volets : relation avec les clients, investissement et autres pour mettre la compagnie aux standards internationaux.

Après les incidents, les retards en cascade et le crash du vol AH 5017 fin juillet 2014, un audit a été engagé via l’inspection générale du ministère des Transports concernant la gestion, l’organisation et les services d’Air Algérie. Cet audit qui serait achevé, selon le PDG d’Air Algérie, devrait révéler de graves dysfonctionnements au sein de la compagnie. L’un des points noirs qui sera sans doute consigné dans le rapport de l’audit est le sureffectif, qui représente le principal boulet pour le développement d’Air Algérie. Certains attestent que l’entreprise compte pas moins de 10 000 employés pour 42 avions, soit 238 agents par avion contre seulement 68 agents par avion à la Royal Air Maroc (3 265 agents pour 48 avions).

A. B.