Coup de frein à l’activité de gros des produits alimentaires à quelques jours du ramadhan

Coup de frein à l’activité de gros des produits alimentaires à quelques jours du ramadhan

Les grossistes «jeûnent» avant l’heure

«Jadis, on ne connaissait pas de répit. Les clients peinaient à se frayer un chemin afin qu’ils parviennent à notre entrepôt. Les longues files d’attente étaient phénoménales pour le simple fait que la demande sur les produits alimentaires était singulière. Mais cette fois-ci, nous ne nous frottons plus les mains comme avant. L’offre et la demande sont nettement en baisse et dire que nous sommes à quelques jours du mois sacré.»

Ce constat a été fait par plusieurs grossistes de produits alimentaires, rencontrés lors de notre virée d’hier dans la commune du Gué de Constantine, à Alger. Le déclin est à sa deuxième année consécutive. Autrement dit, depuis l’adoption de la Loi de finances complémentaire pour l’exercice de 2009.

La conjoncture économique internationale, primée par l’envolée des cours des matières premières, l’assainissement des mesures du commerce extérieur algérien ainsi que les restrictions imposées sur les importations, tout cela a été largement évoqué par les grossistes du Gué de Constantine dans l’objectif d’attribuer à cet état de fait, marqué par le déficit des produits alimentaires, des raisons rationnelles. Mai cela n’explique pas autant le manque d’affluence sur ces produits essentiels à quelques jours du Ramadhan durant lequel la consommation atteint des pics exceptionnels.

Abdelhak, l’un des grossistes qui a accepté de s’entretenir avec nous dira, à cet effet, que la consommation n’est pas en déclin, c’est la multiplication des magasins de gros à travers tout le territoire national qui a fait que les demigros et les détaillants s’approvisionnent tout près de chez eux et par ricochet l’affluence s’est amoindrie chez les grossistes du Gué de Constantine. Hâtivement, Mahmoud, lui coupe la parole et nous livrera sa propre vision des choses.

« À mon avis, il faut dire les choses telles qu’elles sont, le pouvoir d’achat des citoyens s’est nettement effondré. Les salaires demeurent inchangés, alors que les prix des produits, s’ils ne suivent pas une tendance exponentielle, ils se stabilisent.

Mais sans pour autant connaître de baisse », a-t-il affirmé tout en ajoutant qu’ : « il faut se rendre à l’évidence, le portefeuille des Algériens n’arrive plus à supporter la flambée des prix des produits alimentaires ».

En revanche, Allal a essuyé du revers de la main toutes les interprétations évoquées par ses confrères. Lui, dira qu’ : « il n’y aucune pénurie sur les produits alimentaires. C’est le stockage de ces derniers qui a fait que nos étals sont actuellement vides. Les fournisseurs attendent le moment propice pour déstocker leurs marchandises. C’est-àdire quand les prix flambent, les fournisseurs désemplissent leurs dépôts ».

Il faut dire que ce carrefour des produits alimentaires de large consommation est dans une situation désolante : les routes sont impraticables et poussiéreuses, les trottoirs sont d’une exiguïté extrême alors que les véhicules utilitaires, à travers les files d’attente, ferment les routes aux autres usagers.

Interrogés sur les prix de gros actuels des produits alimentaires, les grossistes affirment que pour l’instant ils sont relativement stables et ils écartent toute éventuelle hausse durant le mois de Ramadhan, mais à condition que les fournisseurs assurent l’approvisionnement.

Toutefois, Mahfoud, un des anciens grossistes de Semmar dira qu’ « il ne faut pas mettre à l’index les importateurs. Ils ne sont pour rien dans tout ça. Ce sont les opérations d’importations qui prennent plus de temps, contrairement aux années précédentes, qui sont derrière le stockage de la marchandise et leurs prix actuels ».

Durant notre virée, certains prix sont abordables alors que d’autres sont très inaccessibles. Le prix d’une boite de conserve d’un kilogramme de tomate est fixé à 140 dinars, alors que les pois chiches sont cédés à 150 dinars le kg. Les cacahuètes, contrairement aux années précédentes, la demande a grandement baissé et le prix oscille entre 140 et 160 dinars/kg.

480 dinars pour un kg de café conditionné et 230 dinars pour le café en grain. 60 dinars pour un paquet de riz et 170 dinars pour un kg de thé ordinaire. Le prix de l’abricot sec est en constante augmentation cette année. Il a atteint les 600 dinars alors que les raisins secs ne peuvent être cédés à moins de 360 dinars le kg.

Hamid Mohandi