En plus de ses prérogatives de premier magistrat du pays, le chef de l’Etat est rassuré par un édifice institutionnel non rebelle ni rétif, marqué par le net recul des derniers fortins de l’opposition, toutes tendances confondues.
D’abord, tout le monde lui attribue la belle victoire du FLN, devenant pour ainsi dire le «père» légitime du nouveau Parlement, pour reprendre l’expression d’un opposant. Un tutorat politique qui va conforter les desseins présidentiels sur une révision constitutionnelle, prévue avant la fin du premier trimestre de 2013.
Ensuite, cette suprématie institutionnelle est caractérisée par une déferlante de femmes députés, 145 au total, grâce à des dispositifs juridiques, votés au forceps, imposés par Bouteflika, lui même. Enfin, ce statu quo remodelé est une situation idéale pour le chef de l’Etat pour préparer sa succession dans le calme, la sérénité et selon ses propres préférences.
La popularité de Bouteflika auprès d’une bonne partie des Algériens est devenue un atout et une carte maitresse que le locataire du palais d’El-Mouradia ne manquera pas d’en user et abuser, notamment dans le choix de la personne qui lui succédera.
Que l’opposition le veuille ou pas, Bouteflika est devenu incoutournable dans le choix du candidat potentiel à sa propre succession. Une source responsable d’un grand parti avoue que le «futur président sera fabriqué à moitié par Bouteflika lui-même», en accord avec d’autres cercles décideurs.
Autrement dit, la razzia du FLN est, avant tout, une consécration de la toute puissance de l’institution présidentielle. Mais ces immenses pouvoirs comportent quelques dangers, dont le plus risqué est ce verrouillage politique et institutionnel.
Une «fermeture» démocratique qui pourrait encore s’étaler sur cinq ans, ce que redoutent déjà quelques partis d’opposition, devenus «hors jeu». Ces derniers qualifient cette situation de «modèle stalinien, de Benalisme ou de copie conforme au système Moubarak».
Ce verrouillage est également qualifié de grande menace pour la stabilité politique et sociale, selon des observateurs avertis. C’est ce qui explique les réponses rapides et les assurances fournies par le FLN dans le dernier communiqué de son bureau politique.
Reste à savoir comment Bouteflika va-t-il atténuer la colère de l’opposition, comment va-t-il l’intégrer dans sa démarche et comment procédera-t-il pour laisser la «porte entrouverte»? Il s’est engagé depuis un an dans des réformes tous azimuts et promis des changements profonds. Il va sans dire que toute la classe politique, ainsi que la société l’attend sur ce régistre. A commencer par la formation d’un nouveau gouvernement.
H. Rabah