Corruption,kidnappings et manifestations,Les trois signes d’un malaise profond

Corruption,kidnappings et manifestations,Les trois signes d’un malaise profond

La corruption gangrène la société

Ces fléaux sont l’expression d’un malaise social, politique et économique très difficile à cacher.

L’Algérie est secouée ces derniers temps par des phénomènes qui, même s’ils existaient par le passé, sont revenus avec une ampleur dévastatrice, menaçant l’ordre public et la sécurité nationale.

La corruption, les kidnappings et les mouvements de protestation, notamment dans les wilayas du Sud, sont l’expression d’un malaise social, politique et économique qu’il est difficile de camoufler.

Si par le passé, un fléau fait oublier un autre, tant ils se succédaient et ne se produisaient pas au même moment, cette fois-ci, les trois fléaux arrivent ensemble, menaçant jusqu’à la stabilité et l’avenir du pays.

Commençons par les manifestations au sud du pays dont les revendications sont limitées pour le moment au volet socio-économique: chômage, logement et développement local. Les observateurs craignent que cette frustration sociale ne glisse sur un autre terrain, notamment celui de la violence et qui mènera inévitablement vers des débordement incontrôlables y compris indépendantistes.

Dans différentes wilayas du Sud, les jeunes sortent dans la rue pour demander à travailler et à vivre dans la dignité.

A Ouargla, Tamanrasset, Laghouat, Ghardaïa, les jeunes ont baissé les bras devant l’injustice qu’ils subissent depuis l’indépendance.

L’autre phénomène qui prend des proportions alarmantes est celui de la corruption qui gangrène toutes les structures de l’Etat. L’affaire Sonatrach qui pourrait n’être qu’une ramification d’un phénomène généralisé est la preuve d’un mal profond qui a atteint la société algérienne.

La maladie est d’autant plus grave que ni les mesures de l’Etat, ni la justice, ni les dénonciations des partis politiques et du mouvement associatif ne sont en mesure de la traiter. Car, dans ces institutions étatiques chargées de lutter contre la corruption, dans la justice, dans ces partis politiques et dans ce mouvement associatif, il existerait des corrompus et des corrupteurs.

Il suffit d’enquêter pour les démasquer. Mais on en est malheureusement à la question de qui enquêtera sur qui?

Cela dit, l’Algérie possède des cadres honnêtes et propres qu’il faudrait laisser travailler. Même l’indépendance de la justice, revendiquée haut et fort, par certains partis politiques ne les arrangerait finalement pas, car eux-mêmes ils n’hésitent pas à vouloir l’instrumentaliser pour servir leurs intérêts. Les enlèvements d’enfants suivis par la découverte de leurs corps sans vie est un autre phénomène qui ravage la société algérienne, créant une vraie crise de confiance intercitoyenne et menaçant l’ordre public.

Ce qui s’est passé à Constantine ces derniers jours, avec l’assassinat de deux enfants, suivi de grève générale dans la ville et même d’émeutes en est la preuve irréfutable.

Aux Ath Douala, dans la wilaya de Tizi Ouzou, des grèves ont été observées depuis la disparition d’un jeune de la localité, il y a quelques semaines.

C’est dire que ces phénomènes, à force de se répéter et de prendre de l’ampleur, menacent même la cohésion sociale.

Peut-il y avoir des soubassements politiques à ces affaires?

Comme tout est politique dans ce pays que l’on veut à tout prix dépolitiser, la dimension politique ne peut être ignorée. Certains

observateurs évoquent, quand ils parlent de ce qui se passe au Sud, la main étrangère qui viserait, selon eux, la déstabilisation de l’Algérie.

D’autres estiment, par contre, que la main du pouvoir n’est pas étrangère à ce qui se passe dans le pays. Ils expliquent que cela rentre dans le cadre de la stratégie de diversion des régimes caractérisée par l’opacité dans la gestion des affaires du pays pour faire passer d’autres projets autrement plus déterminants pour leur avenir.

Dans le cas de l’Algérie, il s’agit de la révision de la Constitution et de l’élection présidentielle de 2014. Dans le premier comme dans le second cas, ce sont les pauvres citoyens qui paient les frais. Jusqu’à quand?