L’ONG de lutte contre la corruption, Transparency International a publié aujourd’hui les résultats de l’édition 2009 de son Indice de Perception de la Corruption (IPC). L’IPC 2009 a classé 180 pays par leur niveau perçu de corruption, tel que défini à partir de jugements d’experts et d’enquêtes d’opinion. Publié chaque année depuis 1995, l’IPC permet de mettre en évidence la prévalence de la corruption à l’échelle nationale ainsi que ses conséquences néfastes.
Par rapport à 2008 – et ce n’est pas une surprise -, l’Algérie chute de 3,2 à 2,8 sur 10 et de la 92ème place en 2008 à la 111ème en 2009. Tous les analystes du risque corruption et les experts du climat des affaires considèrent qu’un score inférieur à 3 sur 10 signifie un haut niveau de corruption au sein des institutions de l’Etat !
Pour l’Algérie, c’est un retour au très mauvais score de 2005 ! Cette descente de l’Algérie à la 111ème place montre qu’il ne suffit pas de ratifier des Conventions contre la corruption ou de légiférer dans ce sens, si dans sa pratique de tous les jours le gouvernement algérien fait tout le contraire, à l’image de son attitude scandaleuse il y a quelques jours à Doha au Qatar, où il s’est distingué en s’opposant à tout mécanisme de suivi de l’application de la Convention des Nations unies contre la corruption , lors de la Conférence des Etats-partie ?
Pourtant le très net recul du score de l’Algérie et la perte de près de 20 places au classement ne sont pas une surprise ? Parce que les pratiques de corruption à tous les niveaux ont connu une très nette explosion. Parce que ces pratiques sont « facilitées » par la complicité des pouvoirs publics qui non seulement laissent faire, mais plus grave ils ont vidé le code des marchés publics de sa substance, ont fait du gré à gré la règle dans l’exécution de la commande publique, ont très mal légiféré en matière de prévention et de lutte contre la corruption ( loi du 20 février 2006 ), et ont gelé de fait le processus de déclaration de patrimoine. Ces mêmes pouvoirs publics ne veulent toujours pas installer l’agence gouvernementale de lutte contre la corruption, prévue par la loi du 20 février 2006 ! Lui substituer une « Commission national ad hoc » – annonce faite par le chef de l’Etat le 28 octobre dernier -, n’est qu’une échappatoire de plus.
La situation sociopolitique et économique catastrophique qui prévaut en Algérie, depuis plusieurs années déjà, n’a cessé de favoriser les conditions de l’explosion de la corruption — petite et grande — à tous les niveaux.
Le retour en force d’un Etat policier, autoritaire, répressif et liberticide, est un des principaux indicateurs du maintien de l’Algérie parmi les pays cancres de la corruption au sein de la communauté internationale.