Khalifa Bank, puis Khalifa Bank-bis, autoroute Est-Ouest, Algérie Télécom, procès Sonatrach 1 en attendant celui de l’affaire Sonatrach 2. Si la lutte contre le blanchiment d’argent, les détournements de deniers publics, les dessous de table et autres malversations préjudiciables au Trésor public et à la cohésion nationale pouvait se mesurer au nombre de procès intentés contre des cadres ou dirigeants véreux, l’Algérie aurait pu prétendre à une meilleure place dans le classement mondial en matière d’indice de corruption.
L’on sait qu’il n’en est rien et que, d’année en année, le mal continue de ronger l’économie nationale, de se propager et de métastaser dangereusement la société. Au point qu’il n’est pas rare d’entendre des jeunes endettés vis-à-vis de l’Ansej clamer qu’ils rembourseront “lorsque Chakib Khelil remboursera”.
Ces procès peuvent, certes, servir à mettre en avant l’image d’un État résolument engagé à éradiquer ce phénomène, voire dissuader les candidats prédateurs et atténuer quelque peu les tentations. Mais, au-delà même des doutes qui persistent sur l’indépendance d’une justice qui a souvent condamné des lampistes plutôt que les vrais auteurs de gabegie, le traitement judiciaire de ces affaires est nécessaire mais pas suffisant.
Nécessaire car, par principe, il s’agit aussi de rendre justice et de réparer des préjudices causés non seulement à des entités économiques, mais aussi à la collectivité. Insuffisant car en deçà de ce que commande une vraie lutte contre la corruption. Car une telle lutte doit être portée d’abord par une approche globale dont l’axe principal doit être la prévention. Et la volonté politique est à la base d’une telle approche.
Cette volonté politique existe-t-elle ? Dans un pays où un débat parlementaire sur “les mécanismes de la corruption” a été refusé sous prétexte que “le président Bouteflika s’en occupe” (dixit un ancien président de l’Assemblée), il y a malheureusement de vraies raisons d’en douter.
Pourquoi aurait-on peur de connaître de manière précise les mécanismes de la corruption et donc de pouvoir les démonter et les mettre hors d’état nuire ? Car nous serions alors au seuil, voire au centre d’un débat politique. Celui-là même dont le régime ne veut pas entendre parler.