Surnommé le sniper de Targuist, du nom d’un petit village au nord du Maroc, le jeune Mounir Agueznay a filmé clandestinement pendant six ans des gendarmes et des fonctionnaires en flagrant délit de corruption, avant de dévoiler récemment son identité à la presse. En 2007, il parvient à filmer avec sa petite caméra des gendarmes en flagrant délit de corruption près de Targuist, le village qu’il habite.
La vidéo, d’une dizaine de minutes, montre des automobilistes, des conducteurs d’autocars et de motos, donner de l’argent sans même s’arrêter, discrètement de main en main, à des gendarmes qui les laissaient passer sans contrôle. Ces images, mises en ligne sur un site d’information local, avaient fait aussitôt le tour du monde grâce aux chaînes satellitaires arabes et occidentales qui les avaient diffusées en boucle. Mounir Agueznay, a dévoilé son identité après six ans de «clandestinité». Il a pour la première fois accepté de donner des interviews à visage découvert à la presse marocaine la semaine passée, car «le personnage du sniper est devenu très connu, mais sans visage». «Il est temps qu’il ait un visage, mais je continuerai à dénoncer la corruption à visage découvert», précise celui que l’on surnomme aussi «Zorro». Les autorités de Targuist, soupçonnant fortement M. Agueznay sans parvenir à l’épingler, s’en sont pris à ses proches. «Pour se venger de moi, ils ont arrêté mon frère Radouane en octobre dernier et l’ont accusé de trafic de drogue. Il a été condamné à un an de prison ferme», souligne le «sniper de Targuist».