Révélée il y a exactement trois ans et demi, comme rapporté à l’époque par Le Soir d’Algérie elle est en voie de connaître son épilogue, selon un communiqué du département de la justice américain, l’affaire de corruption à grande échelle, montée par deux ressortissants britanniques d’origine iranienne qui ont étalé leurs tentacules jusqu’en Algérie.
La genèse de cette affaire remonte à plus de trois ans donc, lorsque le journal australien The Age et la version électronique américaine du Huffington Post révélaient toute l’étendue d’une organisation versant dans la corruption touchant plusieurs pays d’Afrique, dont l’Algérie, du Moyen-Orient et de Républiques de l’ancienne Union soviétique.
Une affaire de corruption à grande échelle mise au point par une société de services pétroliers, Unaoil, basée à Monaco, avec comme «cerveaux» deux frères, l’ancien directeur général, Cyrus Ahsani, et son ancien responsable des opérations, Saman Ahsani, deux ressortissants britanniques d’origine iranienne. L’enquête a été déclenchée en 2016 à la demande du Serious Fraud Office (SFO), le puissant organisme britannique chargé de la lutte contre la corruption, qui s’en est allé parcourir le monde à la recherche des traces des méfaits des deux frères dirigeants de la société Unaoil qui proposaient leurs services à des géants mondiaux de l’industrie pétrolière pour décrocher de grands contrats auprès des sociétés pétrolières de pays d’Afrique et d’Asie.
Les enquêteurs des deux publications ont ainsi pu mettre la main sur des milliers d’e-mails mettant en cause les deux dirigeants d’Unaoil et de compagnies ayant une présence remarquée en Algérie, telles Haliburton, Samsung et de nombreuses autres multinationales du monde pétrolier. Selon le journal australien The Age, l’Algérie s’est retrouvée mêlée à cette grande affaire par l’entremise de hauts dirigeants de Sonatrach, sans avancer de noms, en affirmant que, entre 2007 et 2010, Unaoil a secrètement travaillé avec des dirigeants de haut niveau de l’entreprise nationale pour permettre à un cartel de compagnies sud-coréennes de décrocher des contrats d’une valeur de 1.8 milliards de dollars. Le Huffington Post, pour sa part, révélait que des hauts dirigeants de la Sonatrach, toujours sans avancer un quelconque nom, ont perçu des commissions pour faciliter l’obtention du contrat de 600 millions de dollars destiné à la rénovation de la raffinerie d’Arzew, accordé à Hyundai en 2008, ainsi que celui de la modernisation de la raffinerie de Skikda, accordé à Samsung en 2009 pour une valeur de 1,2 milliard de dollars.
Ce n’est qu’un peu plus tard que le nom de Omar Habour, un réputé proche de l’ex-ministre et P-dg de Sonatrach, Chakib Khelil, est sorti au grand jour dans cette affaire qui, finalement, devrait connaître son épilogue le 20 avril prochain, lorsque sera prononcé le verdict contre les deux frères Ahsani.
Un verdict qui viendra, quatre ans après, clore une affaire à l’issue d’investigations ayant requis la coopération de plusieurs Etats, sans que l’on sache si les autorités algériennes ont été consultées, pour, en fin de compte, contraindre les deux ex-dirigeants d’Unaoil à conclure un accord, en mars dernier, avec la justice américaine qui les accuse de «conspiration en vue de violer la loi sur la corruption (Foreign Corrupt Practices Act)», comme l’a annoncé le ministère de la Justice US, mercredi dernier, dans un communiqué pour rendre compte de l’affaire traitée par le tribunal du district sud du Texas.
Peut-être qu’à ce moment, l’on saura un peu plus sur l’implication de ces dits «hauts cadres de la Sonatrach» et de l’aide fournie pour les autorités algériennes aux enquêteurs du Bureau fédéral des investigations (FBI) et du SFO britannique pour démêler l’écheveau de cette affaire.
Azedine Maktour