Corruption, Le DG des Douanes «L’environnement est très pollué»

Corruption, Le DG des Douanes  «L’environnement est très pollué»

10 affaires de corruption «avérée» ont été enregistrées en 2010 par les Douanes algériennes. Mais ce chiffre ne reflète pas la réalité du terrain, car il ne représente que la partie apparente de l’iceberg.

Il n’est plus un secret pour personne que ce fléau gangrène ce secteur. La direction des Douanes s’engage à lutter contre ce phénomène tout en reconnaissant qu’elle ne pourra pas l’éradiquer totalement.

Abordant l’assainissement des rangs des Douanes algériennes, le directeur général de cette institution, Mohamed Abdou Bouderbala, a estimé que cette question est récurrente.

«Nous travaillons pour la majorité des cas qui ne sont pas corrompus. Nous mettons en place des statuts et des règles de gestion pour ceux qui ne sont pas dans ce cas-là. Les autres, et lorsque les preuves sont avérées, feront l’objet de poursuites judiciaires», a déclaré ce dimanche matin M. Bouderbala, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale. Selon lui, avec la nouvelle organisation, la modernisation de l’administration ainsi que les nouvelles règles de gestion, le phénomène de corruption est en train de reculer.

Certains observateurs estiment qu’il y a un lien direct entre la corruption et la disparition, il y a quelque temps, d’une dizaine de conteneurs du port d’Alger. Interrogé sur ce point, le directeur général des Douanes algériennes a reconnu que cette affaire est un «cas de corruption avérée».

«Neuf conteneurs ont été détournés au moment du trajet. Ils ont quitté le port d’Alger se dirigeant vers un port sec, et sur le chemin, ils ont été détournés et par les éléments chargés de l’escorte et par les propriétaires de la marchandise qui ont cru échapper à la vigilance du contrôle», a-t-il expliqué. Selon lui, ces conteneurs ont été retrouvés, stockés dans des endroits différents.

«Les agents incriminés ont été poursuivis en justice», a-t-il affirmé. Cette affaire prouve, une fois de plus, que le phénomène de corruption continue de gangrener les services des Douanes dans notre pays. D’ailleurs le directeur général de ce corps a reconnu lui-même ce fait. «On ne va pas effacer avec un coup de baguette magique la corruption, mais je peux vous assurer que les choses sont en train d’évoluer favorablement pour aller vers l’éradication ‘’pas totale’’ du phénomène», a-t-il assuré. «Il n’est un secret pour personne que l’administration des Douanes et les agents des Douanes évoluent dans un environnement très ‘’pollué’’.

Il y a des corrompus et des corrupteurs qui s’ajoutent aux problèmes de manque de civisme, de culture et de niveau. Mais avec le travail qui est en train de se faire en profondeur, nous arriverons petit à petit à séparer le bon grain de l’ivraie», a conclu le premier responsable des Douanes algériennes.

Des augmentations salariales jusqu’à 85%

Le nouveau statut des fonctionnaires des Douanes a été publié et promulgué dans le journal officiel. Il y a parallèlement le régime indemnitaire des douaniers. Le décret s’y affairant a été signé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et envoyé pour publication au Journal officiel le 3 avril dernier.

Ce régime touchera deux catégories de personnel, à savoir le personnel spécifique à l’administration, (ceux qui portent l’uniforme) et le personnel assimilé. Grosso modo, ce régime indemnitaire prévoit des augmentations de 70 à 85%, c’est-à-dire une moyenne de 73,38% d’augmentation de salaire pour les agents de l’administration des douanes. Cette augmentation aura un effet rétroactif à partir de 2008 et prendra effet très vite, a indiqué M. Bouderbala.

Contrefaçon : la sonnette d’alarme

Beaucoup de dispositifs ont été mis en place depuis quelques années pour lutter contre ce phénomène qui porte atteinte à l’économie nationale mais surtout à la santé des citoyens.

«La contrefaçon a pris des proportions préoccupantes», a indiqué M. Bouderbala. «Outre la contrefaçon des vêtements, chaussures et appareils électroménagers, il y a également, la contrefaçon de produits alimentaires et de médicaments qui mettent en danger la vie de nos concitoyens, d’où la nécessité aujourd’hui, d’intensifier la lutte contre ce phénomène», a-t-il ajouté.

M. D.