Le tribunal criminel de Boumerdès a rendu, tard dans la soirée de jeudi dernier, son verdict concernant l’un des plus importants dossiers de corruption immobilière de la wilaya. Des peines de prison ferme ont été prononcées à l’encontre de plusieurs hauts responsables, dont un ancien directeur de la conservation foncière, pour leur implication dans le détournement de terres domaniales.
La justice a frappé fort pour clore ce procès marathon qui a débuté mercredi pour s’achever à une heure tardive jeudi. Le tribunal a prononcé une peine de 8 ans de prison ferme à l’encontre des principaux accusés. Parmi eux figurent l’ancien Directeur de la conservation foncière et du cadastre, un notaire, ainsi que d’anciens conservateurs fonciers.
Le verdict ne s’arrête pas là, puisque le reste des co-accusés a écopé de 5 ans de prison. Au total, neuf personnes, incluant des fonctionnaires de l’administration publique, étaient poursuivies dans cette affaire. À noter qu’un seul prévenu, un expert foncier, a bénéficié de l’acquittement.
Détournement de terres de l’État et faux documents à Khemis El Khechna
Les investigations menées par les services de sécurité ont mis en lumière un vaste réseau de spoliation. L’enquête a révélé que les mis en cause étaient impliqués dans l’accaparement illégal de terrains appartenant à l’État, ainsi que dans la falsification de documents administratifs et fonciers au niveau de la commune de Khemis El Khechna.
L’affaire a éclaté suite à une plainte officielle déposée par le Directeur Général des Domaines Nationaux (DGDN), déclenchant ainsi l’ouverture d’une enquête approfondie. Ce dossier met en exergue les mécanismes frauduleux utilisés par des fonctionnaires pour détourner le foncier public à des fins personnelles.
Lutte nationale contre la corruption : où en est l’Algérie ?
La sévérité de la justice algérienne dans les affaires de détournement comme celle de Boumerdès trouve un écho dans les indicateurs internationaux mesurant la perception de la corruption.
Selon l’Indice de Perception de la Corruption (IPC), publié annuellement par l’organisation non gouvernementale Transparency International, la situation en Algérie reste un défi. L’IPC mesure le niveau perçu de corruption du secteur public, en se basant sur des données d’experts et d’enquêtes auprès de chefs d’entreprise, allant de 0 (très corrompu) à 100 (très propre).
Lors de sa publication la plus récente (IPC 2024), l’Algérie a obtenu un score de 34 points sur 100. Ce score positionne le pays à la 107e place sur les 180 pays et territoires évalués. Bien que cette note soit en deçà de la moyenne mondiale et reflète une perception persistante des problèmes de corruption, les autorités judiciaires et administratives affirment que la volonté politique de transparence et de lutte contre les crimes économiques est désormais ferme et systématique, visant à inverser durablement cette tendance.

A noter que l‘Indice de Perception de la Corruption (IPC), publié par l’ONG Transparency International, est l’indicateur le plus utilisé pour mesurer la corruption perçue dans le secteur public de 180 pays et territoires.
