Corruption et lenteurs dans l’enlèvement des marchandises,Pagaille dans les ports

Corruption et lenteurs dans l’enlèvement des marchandises,Pagaille dans les ports

L’État absent des terrains d’opérations stratégiques

La chaîne du commerce extérieur enregistre toujours des dysfonctionnements. Une situation perdure depuis au moins les années 1990. Les conséquences de tels goulots d’étranglement sont connues : d’énormes surcoûts, délais d’enlèvement des marchandises des plus longs au Maghreb, ports saturés, répercussions négatives sur le pouvoir d’achat des Algériens. Un paradoxe dans un pays dont le commerce extérieur (importations et exportations cumulées) est l’un des plus importants en Afrique.



Devant une telle hémorragie de devises et de deniers publics, nos autorités se montrent indifférentes. Puisqu’on n’a pas encore décidé des états généraux du commerce extérieur, voire des ports.

Pis, le ministère des Transports n’a fait que déplacer les problèmes. La délocalisation de l’activité débarquement des véhicules du port d’Alger vers Djendjen, Mostaganem et Béjaïa a engendré la saturation de ces derniers. La saturation des ports secs dans la capitale reflète cette gestion à très court terme, très mauvaise qui consiste à régler un problème pour en créer plusieurs autres. Les hésitations à engager la réalisation d’au moins trois nouveaux ports : l’un au Centre, l’autre à l’Est, l’autre encore à l’Ouest traduisent l’immobilisme de nos dirigeants face à la question de l’attractivité de notre pays en matière d’investissement direct étranger. Cette indolence intellectuelle nous a valu le choix de l’implantation d’une grosse usine Renault à Tanger à défaut d’un grand port algérien.

Sur ce volet stratégique, les opérateurs ne cessent de se plaindre, sans trouver écho auprès de nos responsables.

Le cheminement de la marchandise est si compliqué à l’importation.

À l’exportation, c’est une plus grande aventure dans un contexte où nos dirigeants ne cessent d’appeler à l’indispensable diversification de l’économie nationale. Un discours vite contredit par la pratique, et plus précisément par les procédures du commerce extérieur.

Des transitaires n’hésitent pas à imputer cette complexité à la corruption.

Plus l’opération d’importation se complique, plus l’espace s’élargit aux pots-de-vin. Dans cette brèche, la tchipa reste la plus grande facilitation accordée dans nos ports aux importateurs peu regardants sur l’éthique.

Enfin, il est étonnant que le patriotisme économique ne joue pas sur un terrain stratégique, le pavillon national. Le naufrage de la Cnan montre le peu de cas qu’accordent nos dirigeants à l’émergence d’un armateur national fort qui transporte au moins 50% de nos marchandises, au lieu de moins de 5% actuellement. Imaginez un embargo, un isolement du pays qui voudra débarquer les produits stratégiques indispensables à l’approvisionnement de la population et le fonctionnement de notre économie. Pourquoi le “paquet” a été mis pour la modernisation d’Air Algérie et pas pour la Cnan.

Autant de questions qui sèment le doute sur les bonnes intentions de nos dirigeants. En tout état de cause, la souveraineté nationale en prend un sacré coup.

Cette absence de l’État sur des terrains d’opérations stratégiques montre la déliquescence des centres de décision dans notre pays.

Il est resté muet sur l’obligation imposée par les armateurs étrangers de payer le fret en devises. Le changement dans notre pays passe par la nomination de responsables compétents, honnêtes, jaloux des intérêts du pays. Restons vigilants. Le premier signal dans ce sens ou l’inverse est la composition de l’Exécutif issu des législatives 2012. Un test donc pour le chef de l’État.

K. R