Corruption-de la nomenklatura aux «fils à papa» : les privilégiés de la République

Corruption-de la nomenklatura aux «fils à papa» : les privilégiés de la République
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La nomenklatura change de main. Les apparatchiks ont vieilli, et font fonction de parrains, uniquement. Nous assistons actuellement à la mainmise des enfants des responsables actuels et passés sur les secteurs névralgiques de l’économie nationale. Aussi bien pour l’affaire de corruption impliquant SNC Lavalin que pour la nouvelle affaire qui secoue Air Algérie et impliquant des pilotes sans diplômes, nous sommes  face  à des « fils à papa », nouveaux privilégiés de la République.

Selon une source au Syndicat national du personnel navigant commercial  d’Air Algérie, « plusieurs copilotes ont reçu des attestations de fin de formation au pilotage dans des écoles très critiquables à cause d’un encadrement de piètre qualité et de leur formation très faible» en Jordanie et en Afrique du Sud.

Et alors qu’un diplôme délivré par une école sud-africaine stipule que « cette attestation ne donne pas droit d’exercice en tant que pilote de ligne en Afrique du Sud », la direction de l’aviation civile algérienne reconnaît ces « diplômes » en accordant des équivalences à leurs titulaires.

« Et c’est ainsi que les titulaires, munis du diplôme algérien, ont ensuite pu récupérer, à l’étranger, le diplôme définitif les autorisant à exercer en tant que pilotes de ligne dans ces pays », précise une source du Syndicat national du personnel navigant commercial.

LG Algérie

De toute évidence, « il y a peut-être à craindre pour la vie des passagers ? » car si l’enquête ouverte à ce sujet révèle qu’il y a scandale sous le cockpit, « c’est bien la sécurité des vols et de leurs passagers qui est en jeu ». Et de rappeler, enfin, que « ce sont des fils de nantis qui ont été surtout avantagés à Air Algérie et poussés dans les postes de commandement et de responsabilité, jamais des fils de pauvres ou d’anonymes ».

Ainsi, c’est une nouvelle génération qui s’installe allègrement dans les postes de commandement du pays pour les dix, vingt ou trente années à venir. Le très décrié, aujourd’hui, Abdelmoumène Rafik Khalifa n’est pas parti à partir de rien : c’était bien le fils à son père, Laroussi Khalifa, qui fut un homme politique, un des patrons du renseignement et ancien ministre de l’Industrie et de l’Energie de Ben Bella. Il était aussi neveu de Mohamed Laid al-Khalifa, poète de renom et membre des Oulémas musulmans algériens.

Depuis Moumène Khalifa, on a assisté à l’éclosion des filles et des fils à papa. Les princes du port d’Alger. Les importateurs de conteneurs de tout genre, pourvu que ça vende. A ces fils à papa, tout est consenti, et les portes les plus hermétiques s’ouvrent sans même avoir à frapper. C’est l’ère de la « jet -set » à Alger. On les a vus faire bamboula et étalage de richesse dans les endroits huppés d’Alger, alors que la piétaille crevait la dalle. En son temps, le fils de Khaled Nezzar faisait la une, dans un sens très particulier, n’hésitant pas à sortir le révolver à chaque coin de rue.

Mais, les actuels ministres, responsables, chefs et directeurs centraux des secteurs-phares de l’économie algérienne – hydrocarbures, aviation, Douanes, commerce, etc.- sont-ils plus propres que les anciens, qu’on peut à loisir critiquer aujourd’hui ? Il faut enquêter, encore enquêter, car on voit leur train de vie, celui de leur famille, et on peut compter leurs appartements, leurs voitures, leurs biens en Algérie et en France. Puisque, pour une fois, sous la poussée d’un tollé général, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, promet d’aller loin dans les sanctions, attendons encore pour voir…

Fayçal Oukaci