Corruption dans les marchés publics,Habib Yousfi jette un pavé dans la mare

Corruption dans les marchés publics,Habib Yousfi jette un pavé dans la mare
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Il a levé le voile sur une des formes de corruption dans le secteur du Btph

Le cahier des charges sur mesure serait une pratique très répandue dans plusieurs secteurs.

La corruption mine les marchés publics. La propagation de cette gangrène, un mal profond qui ronge l’ensemble du pays, atteint un degré très élevé. Cette pratique, qui touche tous les secteurs, concerne les entreprises publiques, privées ou étrangères. Le président de la Confédération générale des entreprises algériennes, Habib Yousfi, a levé le voile hier, sur une des formes de corruption touchant de plein fouet l’attribution des marchés publics dans le secteur du Btph. Il s’agit en des termes simples de «donner les marchés à ses amis». La corruption peut être commise lors du lancement où tout au long du déroulement des travaux de réalisation de projet. «La démobilisation des opérateurs économiques qui se retrouvent devant un problème insoluble», est l’une des conséquences directes de ce mal économique très grave, selon l’invité de la Radio nationale. La situation induite par l’absence d’une vision et stratégie économiques claires autrement dit la volonté politique d’en finir avec ce fléau, est telle que «les décisions prises dans les lois de finances en tant d’années sont vite annulées l’année suivante», déplore cet opérateur. Cela, à l’évidence, «fausse les règles du jeu», selon M. Yousfi. Ce mal ruine même les fondements démocratiques des Etats, selon les experts. Ce phénomène prolifère dans le secteur «à risque» du Btph car «il existe une énorme commande publique», fait-il savoir. Le plan quinquennal 2010-2014 a mobilisé 9600 milliards de dinars (130 milliards de dollars) au profit des secteurs de l’habitat, des travaux publics et des transports. Et si l’Etat n’arrive pas à créer un environnement adéquat en levant toutes les contraintes qui bloquent le développement de ces entreprises, les milliards dépensés pour leur assainissement ne seront qu’un pur gaspillage des deniers publics.

Certaines l’interprètent à leur façon, mais «il faut que le Code des marchés publics soit clair», a-t-il ajouté. Les violations de la réglementation concernant les marchés publics sont devenues la règle. Le président de la Cgea a évoqué l’une d’elles, le cahier des charges. C’est lors de la réalisation du cahier des charges que l’on peut, le plus facilement et le plus discrètement, mettre en place des éléments qui permettront de favoriser une entreprise par rapport aux autres concurrents. On justifie faussement que les prestations ne sont réalisables que par une seule entreprise. «Les cahiers des charges, élaborés à la faveur d’appels d’offres, sont faits de telle sorte que les opérateurs économiques honnêtes soient exclus. Des cahiers des charges sont faits spécifiquement pour en faire profiter des amis! Cela relève de la corruption. Il faut que les gens prennent conscience que c’est un mal qui touche l’ensemble du pays. Tous les services concernés de l’État doivent être mis en oeuvre pour éradiquer ce fléau. Il n’y a pas que l’approche répressive. Il y a d’autres politiques», a-t-il annoncé. L’appel d’offres restreint est utilisé pour écarter les entreprises les moins disposées à la fraude. L’appel d’offres infructueux est également utilisé pour faire obtenir le marché à l’entreprise la plus accommodante. Il n’existe encore aujourd’hui aucune statistique qui permette de mesurer l’ampleur réelle de ce phénomène en Algérie. Le nombre des affaires de détournements de fonds d’origine publique au profit des intérêts privés ou de groupes, qui sont révélées par la presse ne cesse d’augmenter. Parmi les procédés utilisés pour effectuer le transfert de l’argent des contribuables ou de la rente pétrolière, les prélèvements sur les marchés publics semblent être particulièrement nombreux, selon les observateurs. Parmi les facteurs facilitant les manoeuvres de corruption on retiendra une réglementation de plus en plus complexe et difficile à comprendre, la fausse facturation, le travail au noir, les commissions habillées, les pots-de-vin, etc. Le blanchiment d’argent, dit-il, «est la résultante de la propagation de la corruption et de l’informel». «Il faut dresser un contrôle absolu sur la circulation des fonds. Il est évident que l’argent gagné de façon malhonnête ne peut pas apparaître sur le plan de la légalité», dit-il. «Une exportation de capitaux est en train de se faire. Là aussi, il faut un contrôle rigoureux en matière de transfert de capitaux», a-t-il indiqué. «Nous souhaitons qu’il y ait plusieurs tripartites pour examiner une démarche globale de développement économique du pays», estime-t-il. Il faut un nouveau pacte économique et social, l’ancien est complètement dépassé. «On doit comprendre dans ce pays que si l’on veut gagner son pain, on doit pouvoir le faire à la force de son travail», conclut-il.