39 hommes d’affaires, 102 à 103 hauts cadres sont ciblés par cette enquête. Il s’agit de P-DG d’entreprises publiques, de directeurs d’offices, d’Opgi qui ont été pris en flagrant délit de transfert d’argent à l’étranger.
Et-ce la fin des beaux jours de la corruption, du blanchiment d’argent, des passe-droits et du transfert illicite de fonds à l’étranger? La noria actionnée par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune ne s’essouffle pas, elle s’accélère. De sources proches de l’Office national de la lutte contre la corruption, de nouvelles mesures vont tomber après l’étude des résultats de la commission d’enquête diligentée par Tebboune.
Des mesures ont été engagées par le Premier ministre pour examiner l’état d’avancement des projets accordés à certains hommes d’affaires de manière douteuse. Des hommes d’affaires qui ont bénéficié d’avantages et surtout de lignes de crédit avant de détourner cet argent pour des fins autres que le projet d’origine. Ainsi, ajoute-t-on, 19 projets de travaux publics seront résiliés dans les tout prochains jours et des poursuites judiciaires seront entamées contre certains de ces hommes d’affaires.
Les chiffres révélés par notre source sont effarants et renseignent sur l’ampleur de ce naufrage économique. Ainsi, indiquent les mêmes sources, pas moins de 39 hommes d’affaires, et 102 à 103 hauts cadres sont ciblés par cette enquête. Il s’agit de P-DG d’entreprises publiques, de directeurs d’offices, d’Opgi et même de ministres qui ont été pris en flagrant délit de transfert d’argent à l’étranger en leur nom ou au nom des membres de leurs familles.
«Les autorités algériennes ont officiellement saisi certaines banques et des institutions financières étrangères pour examiner les comptes de ces personnes avant de demander le gel de leurs avoirs financiers.» Cette audacieuse thérapie de choc, instruite expressément par le chef de l’Etat, était nécessaire pour sonner le glas d’une criminalité qui allait saper les fondements de la République.
L’enquête s’est élargie à 19 pays européens et 14 pays hors d’Europe, précisent nos sources.
Les racines s’étendent de la Belgique, à la France, la Lituanie, la Croatie, l’Ukraine, le Kazakhstan, la Corée du Sud et bien évidemment la Suisse. Le Premier ministre ouvre, sans sourciller, les dossiers noirs de la corruption et révèle à quel point la gangrène a atteint l’économie nationale. Cet autre plus vieux métier du monde, la corruption, mérite bien ce sursaut. Les deniers publics sont sacrés.
La prédation a des limites et la tendance mondiale est à la lutte contre la corruption comme nouveau mode de gouvernance. Il se remarque surtout dans les démocraties émergentes.
Au Brésil, la lutte contre la corruption bat son plein. Le 12 juillet dernier, l’ancien président Lula da Silva, âgé de 71 ans, a été condamné à neuf ans et six mois de prison pour blanchiment d’argent et corruption.
En Tunisie, le courageux Premier ministre, Youssef Chahed, ne fait pas dans la dentelle. En quelques jours, plusieurs hommes d’affaires soupçonnés de corruption ont été arrêtés. Le richissime Chafik Jarraya, l’ex-candidat à la présidentielle de 2014, Yassine Chennoufi, l’homme d’affaires Nejib Ben Ismaïl et un gradé de la douane, Ridha Ayari, sont impliqués dans des affaires de corruption et soupçonnés de complot contre la sûreté de l’Etat.
Ce coup de filet largement salué fait espérer à beaucoup une opération «Mains propres», et M.Chahed est en passe de devenir le héros national. Que dire de la Corée du Sud où le président s’est fendu dans des excuses officielles au peuple face à l’ampleur du phénomène: «Quelles que soient les raisons, toutes ces affaires sont la conséquence de mon manque d’honnêteté. En tant que président, je présente au peuple mes sincères excuses», s’est disculpé l’ancien chef d’Etat sud-coréen.
Depuis ces dernières années, la gangrène s’est généralisée et la criminalité financière a fini par atteindre tous les démembrements de l’Etat. Plus grave encore, le fléau a dépassé les frontières pour prendre une dimension internationale. Il ne s’agit plus de simples cas de corruption circonscrits, de réseaux de trafics ou de détournements d’argent. On est face à une entreprise criminelle d’une étonnante organisation. Son personnel est hautement qualifié. Il se recrute dans les rangs de ministres, de P-DG, d’élus, d’hommes d’affaires et d’hommes politiques qui s’adonnent sans retenue au pillage de l’Algérie. A ce stade de ramifications transnationales, l’affaire du groupe Abdelmoumen Khalifa n’est qu’un banal fait divers.