La libération, jeudi 13 août, d’un employé du groupe sud-coréen Hyundai détenu depuis mars par la Corée du Nord (RPDC) est le premier geste de conciliation de Pyongyang à l’égard du Sud depuis l’arrivée au pouvoir à Séoul, en février 2008, du président Lee Myung-bak qui a mis fin à la politique d’ouverture de ses prédécesseurs de centre-gauche.
Ingénieur chez Hyundai Asan, filiale du groupe chargé de la coopération intercoréenne, Yu Seong-jin travaillait dans le complexe industriel de Kaesong (RPDC), où une centaine d’entreprises sud-coréennes emploient 40 000 Nord-Coréens.
Il était accusé d’avoir critiqué le régime et incité une ouvrière à faire défection.
Sa libération a été obtenue par la présidente du groupe Hyundai, Hyun Jung-eun, arrivée à Pyongyang lundi. Elle devait être reçue par le dirigeant Kim Jong-il.
Comme la récente visite à Pyongyang de Bill Clinton, celle de Mme Hyun revêt une signification particulière.
Le groupe Hyundai est le plus engagé dans la réconciliation intercoréenne.
Il a investi, depuis une dizaine d’années, des centaines de millions de dollars, en Corée du nord, dans le complexe touristique du mont Kumgang et la zone industrielle de Kaesong.
ÉVÈNEMENT DRAMATIQUE
Une coopération qui fut à l’origine d’un évènement dramatique de la vie de Mme Hyun : le suicide, en 2003, de son mari, Chung Mong-hun, l’un des fils du fondateur du groupe.
Soupçonné d’avoir versé secrètement une très forte somme à la RPDC à la veille du sommet historique Nord-Sud en juin 2000, il mit fin a ses jours en se jetant du 12e étage de la tour-siège de Hyundai Asan, dont il était le président.
A la suite du regain de tension dans la péninsule, les échanges intercoréens (1,8 milliard de dollars en 2008) ont chuté de 25 % au cours des six premiers mois de 2009 et les activités de Hyundai en RPDC ont également décliné.
De plus, la mort, en juillet 2008, d’une touriste sud-coréenne, abattue au mont Kumgang par un soldat nord-coréen pour « être sortie de la zone autorisée » a suspendu les voyages sur l’un des « Cinq Grands Sites » de la péninsule.
Le fonctionnement de la zone industrielle de Keasong a aussi été touché par la tension et, depuis décembre, les visites touristiques de Kaesong, ancienne capitale de la Corée, ont été stoppées.
Cette suspension affecte Hyundai, qui a lourdement investi dans ces opérations, mais également le régime nord-coréen, qui en retire des devises.
L’amélioration des rapports avec le Sud n’est cependant pas une priorité pour Pyongyang, dont le geste de conciliation s’inscrit dans le sillage de la visite de M. Clinton.
Au cours de son entretien avec Kim Jong-il, il avait en effet demandé la libération de l’ingénieur de Hyundai.
« Le régime doit ménager Séoul s’il veut progresser dans le dialogue avec Washington », estime Koh Yu-hwan, spécialiste de la RPDC à l’université Dongguk de Séoul.