Tel un poisson-pilote, le destroyer USS John S. McCain ne lâche plus le Kang Nam, un cargo nord-coréen dont la destination est aussi mystérieuse que sa cargaison.
Après avoir quitté mercredi le port de Nampo, sur la côte ouest de la péninsule coréenne, à 50 km à peine de Pyongyang, le navire marchand a mis le cap sur l’Asie du Sud-Est et cingle vers les tropiques, suivi de son «escorte» américaine.
Une chasse en haute mer qui fait figure de test de l’efficacité des nouvelles sanctions votées par l’ONU contre la dictature communiste, en représailles de son essai nucléaire mené le 25 mai dernier.
Et révèle la marge de manœuvre limitée de l’Administration de Barack Obama, pourtant déterminée à étrangler le régime de Kim Jong-il.
Quelques jours à peine après le vote de la résolution 1874 qui interdit à Pyongyang tout commerce de technologie nucléaire ou de missile, l’envoi du destroyer américain vise à démontrer la détermination de Washington.
Des sanctions à portée limitée
«Nous allons briser un modèle» qui voit la Corée du Nord tirer bénéfice de ses provocations depuis vingt ans, clame le président démocrate.
Les États-Unis veulent asphyxier la dictature en coupant la route de ses technologies sensibles comme de ses lucratifs trafics.
Mais, pour l’heure, la Navy se contente de traquer le cargo repéré par les services de renseignements, sans l’aborder.
Car le texte de l’ONU n’autorise pas l’inspection d’un navire dans les eaux internationales sans l’accord de son équipage.
Une réserve essentielle négociée par la Chine qui limite la portée des sanctions. Bien que de plus en plus irrité par son turbulent voisin, Pékin ne veut pas mettre à terre le régime de Kim Jong-il, synonyme de stabilité aux portes de l’Empire rouge.
Les États-Unis doivent donc se rabattre sur une inspection menée lors d’une escale pour découvrir les secrets du Kang Nam.
Et tous les yeux se tournent vers Singapour, plaque tournante maritime de l’Asie du Sud-Est et grand allié de Washington.
À moins que le Kang Nam ne déjoue les plans américains en venant se réfugier en Birmanie, un des derniers alliés de Pyongyang.
En attendant, la Maison-Blanche garde la tête froide car elle craint une réplique imprévisible de Pyongyang qui a prévenu que toute inspection équivaudrait à «un acte de guerre».
En pleine escalade des tensions, les services de renseignements se préparent une nouvelle provocation de Kim Jong-il, qui pourrait prendre la forme d’un test de missile balistique aux alentours du 4 juillet.
«Nous sommes parés à toute éventualité», a affirmé lundi le président, n’excluant pas une interception de missile.
Le 5 avril, le dernier tir de fusée nord-coréenne s’était abîmé au milieu du Pacifique.