Corée du Nord : Comment la dynastie Kim voyage-t-elle ?

Corée du Nord : Comment la dynastie Kim voyage-t-elle ?

Kim Jong-un traverse la Chine pour le sommet avec Donald Trump à Hanoï. Un long voyage, qui n’est pas le premier, de soixante heures dans son train blindé.

Son train blindé est arrivé samedi soir en Chine. À quelques jours du deuxième sommet avec Donald Trump, Kim Jong-un pourrait parcourir une distance de près de 4 000 kilomètres par le rail. Un voyage qui représenterait une soixantaine d’heures pour le dirigeant nord-coréen. Kim Jong-un s’était déjà rendu en janvier à Pékin à bord d’un train blindé vert olive barré d’un liséré jaune. La locomotive et les wagons ressemblaient à ceux qu’il avait empruntés en mars 2018 afin de se rendre dans la capitale chinoise pour ce qui était sa première visite officielle à l’étranger.

Ses prédécesseurs, son père Kim Jong-il et son grand-père Kim Il-sung, avaient aussi une préférence pour le rail quand il s’agissait de se déplacer, en Corée du Nord comme au-delà. Kim Jong-un prend parfois l’avion. En juin 2018, c’est à bord d’un Boeing 747 prêté par la Chine qu’il s’était rendu à Singapour pour son premier sommet avec le président américain Donald Trump.

Enfance expatriée

Kim Jong-un a poursuivi des études en Suisse dans les années 1980, y compris à l’International School de Berne, aux côtés de son frère et de sa sœur. Durant cette période, il se serait rendu en France et en Allemagne. D’après des informations non confirmées de la presse sud-coréenne, Jong-un et son frère Jong-chol ont visité Disneyland Tokyo en 1991, se servant de faux passeports. Son demi-frère Jon-nam – assassiné en 2017 à l’aéroport international de Kuala Lumpur lors d’une opération largement imputée à Pyongyang – avait tenté de faire de même en 2011, muni d’un passeport de la République dominicaine, mais avait été intercepté par l’immigration japonaise.

En 2011, Kim Jong-un aurait accompagné son père en train jusqu’en Chine. Mais jusqu’à sa visite à Pékin l’année dernière, on ne lui connaissait pas d’autre déplacement officiel à l’étranger. En 2015, le Kremlin avait annoncé que Kim Jong-un assisterait aux cérémonies célébrant les 70 ans de la victoire alliée dans la Seconde Guerre mondiale. Finalement, le voyage avait été annulé sans qu’aucune raison ne soit donnée.

Peur de l’avion

Kim Jong-il détestait prendre l’avion, et se limitait à des voyages en train blindé en Chine et en Russie. En 2011, il effectua un véritable marathon de 6 000 kilomètres qui le conduisit, entre autres, à Pékin, Nanjing et Shanghaï. Onze ans plus tôt, il s’était déjà rendu en Chine, peu avant le premier sommet intercoréen avec le président Kim Dae-jung. Kim Jong-il s’était aussi rendu en train en Russie, à Moscou en 2001, puis dans la ville sibérienne d’Ulan-Ude en 2011, où il avait rencontré le président Dmitri Medvedev.

Un fondateur voyageur

Des trois Kim, le fondateur du pays Kim Il-sung était celui qui sortait le plus souvent des frontières. Il s’était secrètement rendu à Moscou en 1949 pour y rencontrer Staline et demander son soutien en vue de réunifier par la force la péninsule coréenne divisée. L’année suivante, les troupes de Kim Il-sung envahirent le Sud, donnant le départ de la guerre de Corée qui opposa les troupes nord-coréennes soutenues par la Chine et l’URSS et celles d’une alliance de l’ONU emmenée par les États-Unis.

En 1961, le père fondateur était retourné à Moscou, signant avec le secrétaire général Nikita Khrouchtchev un pacte de défense mutuelle. Figure du Mouvement des non alignés, il avait assisté en 1965 à une conférence des pays africains et asiatiques à Bandung, en Indonésie, en compagnie de son fils. En 1990, il était parti en secret en Chine pour discuter selon la presse du réchauffement des relations entre la Corée du Sud et l’URSS.

Son plus long voyage ferroviaire l’emmena en 1984 en tournée en URSS, en Pologne, Allemagne de l’Est, Tchécoslovaquie, Hongrie, Yougoslavie, Bulgarie et Roumanie. Les wagons dans lesquels avaient voyagé Kim Il-sung et Kim Jong-il trônent au mausolée Kumsusan de Pyongyang où reposent également leur dépouille.