L’ancien président américain Bill Clinton est arrivé mardi à Pyongyang pour une visite surprise destinée à obtenir la libération de deux journalistes américaines, en pleine impasse sur le dossier nucléaire nord-coréen.
Le mari de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, a été accueilli à l’aéroport Sunan de Pyongyang par Yang Hyong Sop, vice-président du présidium de l’Assemblée suprême du peuple (parlement), et par le vice-ministre des Affaires étrangères Kim Kye-gwan, a annoncé l’agence nord-coréenne KCNA.
Des images télévisées ont montré un Bill Clinton en costume noir salué à sa descente de l’avion par les responsables nord-coréens et serrant la main d’une petite fille qui lui a remis un bouquet de fleurs.
Cette visite est liée à l’emprisonnement des deux journalistes américaines, a confirmé l’entourage de Mme Clinton.

«Confirmer le retour des deux journalistes»
«Notre intérêt est l’issue heureuse de ce dossier et de confirmer le retour des deux journalistes saines et sauves», a déclaré sous couvert d’anonymat un membre de la délégation de Mme Clinton lors d’une escale à Rota (sud de l’Espagne) dans le cadre de sa tournée en Afrique.
La Maison Blanche a fait savoir qu’elle ne ferait «pas de commentaire» sur la visite de M. Clinton en Corée du Nord pour ne pas «risquer de compromettre» sa mission visant à obtenir la libération des deux femmes.
Il s’agit de la première visite d’une telle figure de la politique américaine dans le pays depuis celle de Madeleine Albright en 2000, secrétaire d’Etat de son cabinet.
«Dès son arrivée, il commencera à négocier avec la Corée du Nord pour la libération des journalistes», a affirmé l’agence sud-coréenne Yonhap, citant une source non spécifiée.
Selon Yonhap, citant des sources non spécifiées, M. Clinton devait rencontrer mardi soir le numéro un du régime Kim Jong-il avant de repartir mercredi.
«Nous avons besoin de l’aide de notre gouvernement»
Les deux journalistes de la chaîne de télévision Current TV, Laura Ling et Euna Lee, ont été arrêtées le 17 mars alors qu’elles venaient d’entrer — illégalement — en territoire nord-coréen depuis la Chine.
Elles ont été condamnées en juin à 12 ans de travaux forcés pour avoir franchi la frontière sans autorisation, pour «dénigrement» du régime, et pour un «crime grave» dont les juges n’ont pas précisé la teneur.
Lors d’un entretien téléphonique, Laura Ling avait dit à sa soeur Lisa qu’elle reconnaissait avoir violé la loi nord-coréenne.
«Nous avons besoin de l’aide de notre gouvernement. Nous sommes désolées pour tout ce qui est arrivé, mais maintenant nous avons besoin d’une médiation diplomatique», avait-elle ajouté.
Hillary Clinton avait indiqué le 10 juillet qu’elle espérait que la Corée du Nord accorderait l’amnistie aux deux journalistes.
Pyongyang et Washington mènent des «consultations actives» sur le sort des deux journalistes depuis quelques semaines, a indiqué une source sud-coréenne citée par l’agence Yonhap.
Sanctions alourdies
La visite surprise de Bill Clinton intervient en pleine impasse sur le dossier de dénucléarisation du régime nord-coréen, après l’essai nucléaire de Pyongyang du 25 mai et le tir de deux nouveaux missiles à courte portée, le 4 juillet, jour de la fête de l’Indépendance américaine, dans un geste apparent de défi envers les sanctions internationales.
En réaction au deuxième après celui d’octobre 2006, l’ONU a décidé d’alourdir son régime de sanctions.
Pyongyang a réagi avec une extrême virulence menaçant de ne pas renoncer à ses ambitions atomiques.
Le régime communiste s’était auparavant retiré des négociations multilatérales sur son programme d’armement nucléaire après une précédente condamnation en avril par l’ONU, pour un tir controversé d’une fusée balistique.
Cependant, le nouveau président Barack Obama, qui s’est dit en juin «extrêmement préoccupé» par la condamnation des deux journalistes, a refusé de lier leur sort au dossier nucléaire.