Il est sans doute loin le temps où les relations algéro-françaises connaissaient de fortes turbulences. Depuis quelques années, notamment depuis la visite de François Hollande en Algérie, en décembre 2012, l’heure est plutôt à l’apaisement et à la construction d’un partenariat d’exception, en dépit de quelques aléas de parcours, comme ces polémiques nées au lendemain des fusillades contre Charlie Hebdo. Hier, les deux chefs de la diplomatie algérienne et française ont souligné le caractère “exceptionnel” des relations entre les deux pays, même si le langage empruntait beaucoup au ton diplomatique.
“À chacune de nos rencontres, à tous les niveaux, nous ajoutons une pierre dans l’édifice du partenariat d’exception que les présidents Abdelaziz Bouteflika et François Hollande ont décidé de construire entre les deux pays”, a indiqué M. Lamamra à l’issue d’un entretien avec M. Fabius, selon des propos repris par l’APS. Pour Lamamra, l’entretien a permis de faire le point sur les questions bilatérales, notamment dans la perspective de la visite qu’effectueront M. Fabius et le ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique français, Emmanuel Macron, dans un mois en Algérie, dans le cadre du suivi du comité mixte économique algéro-français. “Cette visite permettra de pousser nos relations bilatérales et de veiller à maintenir la bonne cadence de développement de ces relations”, a ajouté le chef de la diplomatie algérienne, précisant que “notre dialogue politique est vraiment productif, chaleureux, amical et prometteur”. “Le niveau d’amitié et de coopération entre les deux pays est tout à fait exceptionnel.” “On avance et on avance bien”, a indiqué, pour sa part, Laurent Fabius. Signe de cette volonté de dépasser l’écueil mémoriel qui a souvent empoisonné les relations entre les deux pays, le secrétaire d’État chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, se rendra à Sétif pour le 70e anniversaire des événements du 8 Mai 1945, puis à Mers El-Kebir (Oran), une première à ce niveau de représentation, selon son entourage cité par l’AFP. “Le message du gouvernement sera : aucune mémoire n’est oubliée, on est dans une mémoire apaisée”, a expliqué la même source. Mais au-delà des questions de coopération et de mémoire, Alger et Paris semblent avoir la même identité de vue concernant les questions régionales, notamment les crises en
Libye et au Mali. “La rencontre a également été l’occasion de poursuivre notre dialogue sur les enjeux politiques et sécuritaires dans la région sahélo-saharienne. M. Fabius a réitéré le plein soutien de la France à la médiation que l’Algérie conduit au Mali, en vue de la signature rapide, par l’ensemble des parties, de l’accord de paix paraphé le 1er mars à Alger”, selon le porte-parole du quai d’Orsay. “Nos deux pays partagent, par ailleurs, une grande préoccupation face à la dégradation de la situation en Libye, et continuent à échanger sur les manières de soutenir la médiation de M. Bernardino Leon, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, en vue de la formation rapide d’un gouvernement d’union nationale”, a-t-il ajouté. “Nous avons évoqué les crises au Mali, en Libye et la menace terroriste dans cette région. Nous sommes en parfait accord (sur le règlement de ces questions)”, a soutenu de son côté Lamamra.
Comme exprimé déjà à plusieurs reprises, le chef de la diplomatie française a réitéré le soutien de son pays aux efforts fournis par Alger pour le règlement des deux questions. “Nous soutenons totalement la médiation de l’Algérie (dans le dialogue intermalien). C’est une médiation extrêmement utile qui donne ses fruits.” Quant à la Libye, Fabius dont le pays a été le fer de lance de l’offensive contre le régime de Kadhafi en 2011, alors que la droite était au pouvoir, et en dépit des mises en garde d’Alger, a admis que la situation de crise dans ce pays est “très compliquée, compte tenu de la prolifération des groupes terroristes qui menacent ce pays”. Toutefois, il a estimé que “les efforts, qui sont menés de bonne volonté par les uns et les autres, sont toujours utiles, mais doivent converger vers l’émissaire onusien pour faire la synthèse de tout cela”, dans une allusion à l’initiative algérienne, mais aussi marocaine.
k .K.