Le ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, s’est entretenu, mardi, au siège de son département ministériel, avec le ministre espagnol de l’Industrie, du Tourisme et du Commerce, M. Miguel Sebastien, en visite à Alger.
Selon le communiqué du ministère de l’Energie et des Mines, les discussions ont porté notamment sur « le développement et le renforcement des relations de coopération entre l’Algérie et l’Espagne dans le domaine énergétique ».
Si les deux pays sont liés par de fortes relations dans le domaine de l’énergie, il demeure néanmoins que deux contentieux commerciaux ont opposé leurs compagnies énergétiques et dont le groupe algérien Sonatrach a eu gain de cause, relèvent les observateurs.
En août 2010, la Cour d’arbitrage de Paris a statué en faveur de Sonatrach dans un conflit l’opposant depuis 2007 à l’espagnol Gas Natural sur le prix du gaz livré en Espagne acheminé à travers le GME.
Gas Natural pourrait être obligé de payer rétroactivement quelque 1,5 milliard d’euros à la compagnie algérienne à la suite de cet arbitrage. Sonatrach avait demandé d’augmenter les prix du gaz de 20% en application d’une clause dite « de bouleversement », prévue par les contrats de vente de gaz à l’entreprise espagnole et qui stipule une révision à la hausse des prix du gaz à chaque fois que les prix du pétrole augmentent.
En novembre 2009, un tribunal arbitral de Genève (Suisse) avait aussi décidé que la Sonatrach n’avait pas à indemniser Gas Natural et le pétrolier espagnol Repsol pour avoir dénoncé, en 2007, un accord sur le projet Gassi Touil de liquéfaction de gaz naturel. L’Algérie est le premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, devant le Nigeria et le Qatar. Les deux pays sont reliés, depuis 1996, via le Maroc, par le gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimente également le Portugal.
Un deuxième gazoduc « Medgaz » reliant Béni-Saf (Algérie) à Almeria en Espagne, dont la réalisation et la mise en gaz viennent d’être finalisées, sera opérationnel prochainement.
Le projet, dont la mise en service initiale, était prévue en 2009, livrera à l’Espagne environ 8 milliards de m3 de gaz par an et devrait augmenter les exportations gazières algériennes et partant sécuriser l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel.
L’entreprise algérienne Sonatrach est autorisée, dans le cadre de ce projet, à commercialiser prés de 3 milliards de m3/an directement sur le marché espagnol au lieu d’un milliard de m3/an imposé auparavant par la Commission nationale espagnole de l’énergie (CNE), l’organisme régulateur du secteur en Espagne.
Le projet Medgaz est mené par le consortium du même nom dans lequel Sonatrach est actionnaire majoritaire avec 36% des parts du capital, contre 20% pour chacune des sociétés espagnoles Cepsa et Iberdrola, tandis que les 24% restantes sont partagées à parts égales entre Gaz de France et Endesa (12% chacune).
Medgaz est un projet international et multidisciplinaire qui offre la voie la plus directe et la plus économique d’approvisionnement en gaz naturel dans le sud de l’Europe.
Medgaz contribuera à garantir l’approvisionnement d’une énergie propre, tel que le gaz naturel, à un prix plus compétitif, impliquant plus de bénéfices pour le consommateur final. D’un coût total estimé à 900 millions d’euros, ce gazoduc a une capacité initiale de 8 milliards de m3/an, extensible par la suite à 16 milliards de m3/an.
Le Medgaz reliera Béni Saf (sur la côte algérienne) à Almeria (sur la côte espagnole). Il sera alimenté depuis le centre national de dispatching gaz de Hassi R’mel. Ce gazoduc est une canalisation d’un diamètre de 24 pouces de transport de gaz naturel qui traversera la mer Méditerranée et unira l’Algérie à l’Europe via l’Espagne.
Il est d’une longueur de 1.050 km dont 550 km sur le territoire algérien et d’une profondeur de plus de 2.000 mètres. Avec les 8 milliards de m3 qui seront acheminés en 2010 par le gazoduc Medgaz, et les 7,7 milliards de m3 qui représentent l’augmentation de capacités des gazoducs déjà existants entre l’Algérie et l’Europe, ce sont pas moins de 15 milliards de m3 qui viendront s’ajouter aux capacités exportées actuellement par le pays. L’Algérie ambitionne de porter ses exportations de gaz à 85 milliards de m3 en 2011, contre 63 milliards actuellement.
Samira G.