Le gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Mohamed Laksaci, a déclaré jeudi dernier à Alger que le contrôle de l’inflation était la tâche prioritaire de la Banque d’Algérie à compter de cette année.
Le plus gros problème auquel devra répondre la Banque d’Algérie, aujourd’hui, est celui de l’inflation. Au regard des implications de la crise financière internationale et de la réforme de la politique monétaire, dans le cadre de la loi sur la monnaie et le crédit d’août 2010, qui permet d’asseoir le rôle des anticipations des agents économiques, un suivi rigoureux s’impose en la matière, a-t-il indiqué. Ainsi la Banque d’Algérie doit se servir de la politique monétaire, de la politique budgétaire, et tenir compte de la situation économique du pays, pour atteindre cet objectif.
L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire, ce qui justifie les politiques de contrôle de la masse monétaire pour lutter contre l’inflation car si la demande de monnaie est stable, il est reconnu que l’excès de liquidités peut engendrer l’inflation dans un marché financier peu développé et avec des pressions inflationnistes de type endogène, relève M. Laksaci.
Il faut pour éviter l’inflation que l’offre de monnaie évolue également d’une manière stable et régulière. Il est nécessaire de jeter de temps en temps un œil sur l’évolution des liquidités. A l’occasion d’une rencontre consacrée à la présentation de deux modèles de contrôle de l’inflation réalisés par deux jeunes cadres de la Banque d’Algérie, le gouverneur de la Banque d’Algérie a présenté une analyse fine sur la politique monétaire de ces dernières années et les meilleurs choix quant aux anticipations d’inflation, pour éviter tout risque inflationniste, en privilégiant une politique préventive. M. Laksaci explique que le contexte économique des années 2000 a été marqué par un excès de l’épargne, à l’exception de l’année 2009 qui a été une année de choc externe, avec une contraction importante des ressources et une modération forte de la croissance monétaire. L’année 2010, quant à elle, a connu une reprise de l’expansion monétaire avec un excédent du compte courant extérieur qui a émergé de nouveau, ce qui a consolidé la position financière extérieure. Scindée sur deux périodes son analyse fait ressortir qu’au cours de la première période allant de 1990 à 2001, la Banque d’Algérie a joué son rôle classique de prêteur en dernier ressort. Au cours de la deuxième période allant de 2002 jusqu’au jour d’aujourd’hui, la Banque d’Algérie a joué un rôle de résorption de l’excès de liquidités. Il est également constaté que les deux années 1999 et 2009 ont été celles du choc extérieur. En 2010, la monnaie scripturale a progressé de 11,7 % alors qu’elle avait baissé de 4 % en 2009 en raison de l’effet choc externe. La masse monétaire « M2 » de l’Algérie s’est accrue de 5,5 % au cours du premier trimestre 2011, soit un rythme légèrement inférieur au taux de croissance de la monnaie fiduciaire (6 %). Selon la BA, ce taux est supérieur à celui des dépôts dans les banques (4,5 %), la progression des crédits à l’économie s’est poursuivie au cours de ce trimestre avec une croissance appréciable des crédits aux entreprises privées (7,3 %). L’inflation annuelle moyenne à la fin du premier 2011 (3,71 %) est en recul par rapport au taux de fin 2010 (3,91 %), et reste en deçà de l’objectif d’inflation arrêté par le Conseil de la monnaie et du crédit (4 %). « Au cours du premier trimestre 2001, l’inflation annuelle moyenne est restée en phase avec les prévisions à court terme ». Evoquant les éléments déterminants de l’inflation en Algérie, un cadre de la Banque d’Algérie, M. Mansouri, indique qu’il s’agit entre autres de déséquilibre entre l’offre et la demande, l’augmentation des coûts à la production, et la variation des produits au plan international, précisant que l’inflation importée se situe à 22 % de l’indice des prix à la consommation (IPC).
Pour sa part, M. Ghoufi, économiste, souligne que l’inflation dépend aussi de la conjoncture économique interne et externe. A une question de l’économiste universitaire Farid Yaici, quant à un rôle de pompier qui interviendrait pour arrêter l’inflation, M. Laksaci fait savoir qu’en effet la Banque d’Algérie a joué ce rôle dans les années 1990, à l’époque où les découverts bancaires avaient atteint leur pic, mais, au jour d’aujourd’hui, les comptes courants sont excédentaires, et la Banque d’Algérie dispose de modèle fiable pour contrôler l’inflation. Le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) prévoit une inflation de 4% en 2011.
Farid B.