« C’est en effet grâce à trois états que l’homme conquiert la sensation et le délice d’exister, la pauvreté, le rêve et l’ivresse. »
Ce que j’ai ressenti chez cette belle africaine rencontrée à Oran, marquée par la puissance, l’image du pauvre migrant mitraillé dans ses canots de sauvetage, sans ressource, exclu, réprimé, exploité et pourtant vivant. La pauvreté détruit la force !!!
Le migrant pauvre est le fondement et le dénominateur de la vie. Il est le fondement de toute possibilité d’humanité. Le migrant est doué d’une capacité prophétique sur notre devenir. Le migrant pauvre est dans le monde, mais il est la possibilité même du monde. Le pauvre migrant vit radicalement l’existence en privation et en souffrance, de sorte que seul le migrant pauvre (encore un oxymore) à la capacité de renouveler l’Etre au sens ontologique.
Dans le règne de la production mondiale, le pauvre migrant se distingue par sa capacité et son indispensable présence dans la production d’une richesse commune, regarde le paradoxe, il est exploité mais son travail vivant est indexé sur les salaires du pouvoir impérialiste !!!
Mais ces imbéciles européens ils ne se sont pas rendu compte que le pauvre migrant est lui-même le pouvoir. Même le corps des prostituées africaines ou syriennes et leur famine sont devenus productives ! Leur vie a investi la planète et l’enveloppez de son désir de créativité et de liberté, c’est ce qu’a voulu formuler cette belle Africaine.
Le pauvre migrant incarne non seulement la condition ontologique de la résistance, mais celle de la vie productive elle même. A Oran nous vivons avec nos frères et sœurs migrants Africains et Syriens, ils se déplacent sans aucun bagage, dans des conditions de pauvreté extrême, il suffit de discuter avec eux, comme les algériens le font toujours toujours (la générosité de cœur des algériens les pousse à discuter avec tout le monde même avec les prostituées, les drogués, les voleurs parce qu’ils font partie de la vie, la vie au sens appropriation du monde métaphysique), pour se rendre compte qu’ils sont riches de connaissances, de langage, de compétences et de capacités créatives (tout le monde les recrutent pour des emplois).
Chaque occasion est brutale, explosive de voir cette solidarité active des algériens se mettre en marche avec leurs frères africains et syriens. Les migrants est une école. Leurs richesses résident dans l’insatisfaction de leurs désirs, dans leur refus des choses telles qu’elles sont. Les mouvements migratoires sont déterminés par la nécessité d’échapper à la violence, à la faim ou à la dépravation, mais attention, à ces conditions négatives s’ajoute le désir positif de richesse, de paix et de liberté. Cette alliance de refus et du désir est une expression de puissance.
Et cette puissance je l’ai perçue de façon formidable chez cette très belle africaine. Tous les migrants fuient une vie d’insécurité permanente, surtout nos frères syriens, victime du complot mondial americano-sioniste-wahabite, c’est dans cette mobilité forcée que réside le secret, de leur excellente préparation pour résister aux formes d’exploitations et de tueries dans les mers des puissances racistes européennes.
La très belle africaine à relever à juste titre, de façon formidable, dans son regard, comment les grands bassins de gisements européens, pour faire l’appoint font appel aux migrants, et elle note, que ce sont ces économies qui se trouvent comblées au delà de leurs espérances, car les Africains et les Arabes par leurs désirs »subversifs du travail vivant’’, au sens que l’a défini Marx, investissent toute l’Europe et l’occident.
L’expérience de la fuite, de l’exode des migrants est une propédeutique au désir de liberté.
Les européens, en Gog et Magog (Hajouj et Majouj), tel qu’ils sont définis dans l’eschatologie coranique (exégèse de Imran Hossein), en bons prédateurs intelligents, ce sont aperçus, que la créativité et l’inventivité du migrant sont des éléments essentiels de leur production sociale.
Un africain m’a mis à ma place et m’a interloqué, ‘‘Monsieur, nous ne sommes pas des africains, nous sommes vos pauvres parmi vos pauvres », n’importe quel subtil personnage se trouvera désarmé.
Oui les migrants expriment une richesse et une productivité fabuleuse car ce sont des agents actifs et puissants. Le pauvre migrant est la condition de toute production. Ce qui agace l’Europe raciste et impérialiste, c’est que le pauvre va avoir sa revanche, car il est devenu le centre du terrain politique et productif.
Tu as vu le rire pauvre de Charlie Chaplin dans le film de notre enfance, « les temps modernes », sur le dos du contremaitre. Ce rire là, c’est le rire du migrant pauvre, arabe et africain, qui les enterrera.