2.-Le premier scénario serait le statu quo actuel suicidaire avec une gouvernance mitigée, le retour à une gestion administrée autoritaire des années 1970 ignorant les mutations sociales tant internes que mondiales que voile une certaine aisance financière avec des réserves de change qui risquent d’aller ver l’épuisement horizon 2018, non pas due au génie créateur mais à la rente des hydrocarbures. Le risque sans un développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales, avec une population en majorité de plus en plus pauvre, réalité voilée par les autosatisfactions de certains responsables, vivant d’illusions au sein de bureaux climatisés, mais étant source de névrose collective car déconnectées des réalités sociales , la facilité étant de pondre des lois face aux difficultés mais que contredisent les pratiques quotidiennes. Si l’on prend l’hypothèse la plus optimiste (les derniers rapports internationaux pour l’Algérie donnant un pic pour l’Algérie dans 15 ans ,pour le pétrole (10 milliards de barils en 2014 soit , 0,7% des réserves mondiales et entre 15/20 ans pour le gaz traditionnel (2700 milliards de mètres cube gazeux 1,3% des réserves mondiales) et tenant compte d’une forte consommation intérieure, et du nouveau modèle de consommation énergétique mondial qui se mettra en place entre 2020/2030 qui prépare les énergies alternatives qui risquent de raccourcir l’échéance pour le gaz, car on peut découvrir des milliers de gisements non rentables, il n’ y aura plus de devises provenant des hydrocarbures, Nous devrions assister à la suppression du ministère des hydrocarbures et donc de Sonatrach et par là celui de la solidarité nationale. Le risque est l’implosion de la caisse de retraite, pas d’attrait de l’investissement, chômage croissant, des tensions sociales de plus en plus criardes avec une instabilité politique, à l’instar des pays les plus pauvres de l’Afrique subsaharienne et le risque d’intervention de puissances étrangères en cas d’instabilité de la région. En fait un pays qui sera de plus en plus marginalisé.
3.- Le second scénario se base sur les conditions favorables de développement de l’Algérie, par une gouvernance rénovée grâce à une plus grande moralisation des dirigeants, se basant sur les principes d’un Etat de droit, l’implication de la société, loin des mesures administratives autoritaires, donc des actions démocratiques, corrélativement à la réhabilitation du savoir, du management stratégique de l’entreprise et des institutions, par une libéralisation maîtrisée grâce au rôle central de l’État régulateur. Le défi majeur sera la maitrise du temps, supposant donc des compétences avérées car en économie le temps ne se rattrape jamais, contrairement à la mentalité culturelle rentière. Pour cela, il faudra impérativement avoir une vision stratégique afin que l’Algérie ait un rôle actif dans le monde demain, turbulent et en perpétuel mouvement, en évitant d’agir bureaucratiquement, éviter l’instabilité juridique, le manque de cohérence et de visibilité dans la politique économique et combattre la mauvaise gestion. L’on devra éviter cette illusion que le développement s’assimilerait au capital argent, à la dépense monétaire via la dépense publique sans se préoccuper des mutations technologiques dont les mutations énergétiques au niveau mondial revoyant à l’économie de la connaissance ( transfert technologique et managérial, par un partenariat gagnant/gagnant) et des impacts réels à moyen et long terme. Il s’agit également de combattre la corruption qui s’est socialisée en démobilisant toute énergie créatrice, dont la sphère informelle. Son intégration suppose non des mesures autoritaires mais d’autres mécanismes de régulation transparents, existant des relations dialectiques au niveau des différentes sphères du pouvoir, entre la logique rentière dominée par les hydrocarbures et la logique de cette sphère informelle produit du dysfonctionnement des structures de l’Etat. Cela explique fondamentalement la marginalisation des producteurs de richesses, reflétant la faiblesse d’un État de non droit, sphère contrôlant 40.% de la masse monétaire en circulation avec une intermédiation financière informelle où tout se traite en cash. Cela rend inopérant certaines mesures si louables soient t- elles comme l’exigence de 500.000 dinars par chèques pour toute transaction, ou de l’intégration du capital argent de la sphère informelle au sein de la sphère réelle. Cela , renvoie d’ailleurs au manque de confiance, de l’incertitude vis-à-vis de l’avenir avec ce dérapage accéléré du dinar ( plus de 180 dinars un euro au niveau du marché parallèle ) et à l’inefficience du système financier lieu de distribution de la rente . Il faudra éviter la concentration excessive du revenu national au profit de rentes spéculatives destructrices de richesses, garder une partie de la rente pour les générations futures, libérer toutes les énergies créatrices, mettre en place un nouveau modèle de consommation énergétique reposant sur les énergies renouvelables dont le solaire. L’objectif est de promouvoir des segments, y compris les services à valeur ajoutée, en réhabilitant l’entreprise en levant les contraintes d’environnement, le terrorisme bureaucratique central et local, le système financier qui recèle d’importantes compétences mais soumis souvent aux injonctions politiques, le système socio-éducatif inadapté dont le niveau s’est effrité, le savoir actuellement dévalorisé au profit des rentes et le foncier avec toutes les utilités. Toutes ces actions doivent être sous tendues par des objectifs stratégiques précis, par une réelle décentralisation au sein de pôles régionaux dynamisés par des chambres de commerce régionales pour un espace équilibré et solidaire. Et ce, dans un environnement concurrentiel, loin de tout monopole public ou privé, dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux car la société algérienne évoluera forcément au sein d’une économie mondiale de plus en plus ouverte. Cette nouvelle approche reposera sur des allocations bien ciblées d’investissement, les infrastructures n’étant qu’un moyen. L’on devra faire un bilan objectif des impacts réels des programmes de la dépense publique entre 1963/2015 , de la règle des 49/51%, s’il y a eu impact positif sur le transfert technologique et la baisse des importations, et également de l’impact du passage du Remdoc au Credoc, le bilan des assainissements des entreprises publiques ainsi que de l’efficacité de la gestion des réserves de change notamment des montants placés à l’étranger afin d’éviter les mêmes erreurs du passé , loin de toute vision idéologique.
4.-En conclusion, au cours de ce débat, nous sommes arrivés à ce constat que pour arriver à des solutions réalistes qui suscitent l’adhésion de la majorité de la population, il faut dialoguer et toujours dialoguer, le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir. Il faut impérativement et encourager le développement des libertés dans tous les domaines à la fois, politique, culturelle, économique, et combattre toute forme de monopole grâce au rôle important de l’Etat régulateur qui doit concilier l’efficacité économique avec une très profonde justice sociale. L’économie de marché concurrentielle ne signifie aucunement anarchie. Le dialogue doit être productif, ni sinistrose, ni autosatisfaction. Gouverner étant de prévoir, les défis qui attendent l’Algérie sont immenses du fait de l’important retard accusé dans la réforme globale. Les politiques socio-économiques depuis des décennies se sont réfugiées dans des actions de replâtrages conjoncturels en misant sur la dépense monétaire et aux réalisations physiques souvent ne répondant pas aux normes internationales, sans se préoccuper des coûts. Le grand handicap de l’Algérie est le manque de vision stratégique tenant compte tant des mutations internes que mondiales. L’Algérie a déjà plus de 50 années d’indépendance politique. Or 2030, c’est l’Algérie de demain qui peut soit rentrer dans la régression économique et sociale avec des conséquences dramatiques ou devenir un pays pivot au sein de l’espace euro méditerranéen et africain. Grâce à un contrat de confiance, un renouveau de la gouvernance, selon cette jeunesse algérienne, l’Algérie, en a les potentialités.