Je sais bien que mon lecteur va s’en saisir d’une encyclopédie ou des sites de l’internet pour découvrir davantage de connaissance à ce sujet, mais je sais aussi que cela n’est pas simple. Je ne décourage certainement pas les chercheurs ou les internautes curieux qui trouverons du plaisir à investiguer cette réalité ; Leur décryptage en sera généreux même si leurs résultats seront mal jugés par certains spécialistes de l’histoire.
Cette démarche ne me gêne en rien, mais demeure incomplète quand il s’agit d’un sujet qui touche le cœur de notre histoire musulmane. Il faut avoir fréquenté adroitement les Zaouïas et leurs voies
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confrériques, connu le goût du Tassaouf. Il faut au moins savoir ce que sont leurs adeptes ; ou « Pauvres : dans le jargon Soufi ».
Je pense donc qu’il est essentiel d’exprimer ultérieurement dans un récit mon bref parcours de six décennies de faits réels liés à ces lieux de l’éducation de l’enseignement, de la culture et de la Paix.
Cette courte période constitue pour moi la fin d’un siècle et un autre qui est né avec des évènements en Algérie qui peuvent intéresser le monde entier.
En ce qui concerne les zaouïas en Algérie, cette phase est une époque de grands changements. Des sensibilités politiques et religieuses en période coloniale et post coloniale font irruptions massives dans ces coins pour essayer de prendre en main leurs mouvements ; et pourquoi pas? Se charger de leur devenir. -La Résistance d’un peuple contre le colonialisme suivie par une guerre de libération s’achève par notre indépendance scellée par sept années et demie de lutte et un million et demie de martyrs.
-Un socialisme submergé par un soviétisme a pris fin avec la chute du mur de Berlin.
-L’islamisme qui trouve des alliés puissants dans un gouvernement fragilisé se ressaisît.
-Le terrorisme aveugle efface tout ce que je viens de citer. Ce malin démon veut nous subir profondément l’influence de sa peur surtout après la colère des jeunes dès 1988.
Dégagés les uns des autres dans la forme, ces évènements sont en fait liés dans leur fond à un lointain passé avec l’ancien monde qui veut prendre sa revanche sur l’épanouissement de la civilisation musulmane authentique. Notre savoir-faire sombre dans un coma profond qui dure depuis des siècles ; depuis la chute de Grenade.
Cependant, les zaouïas de notre pays et leurs voies confrériques préservent des tonnes de manuscrits de savants fondateurs de la dynastie Mouahidine (Almohade) dont le chef n’est autre que l’Algérien Abdelmoumen Benali. Elles exercent toujours leur autorité morale sur ceux qui réunissent les valeurs de l’islam. Pour répondre aux besoins spirituels de leurs disciples, elles accumulent des couples de résistants et de fragiles, de réfractaires et de dociles de classiques et de modernes.
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Sur le plan politique, elles se contentent d’accompagner la tête de l’Etat – Nation.
Cette tradition demeurent depuis l’Emir Abdelkader qui les a chargé en plus de leurs missions (éducatives, cultuelles, scientifiques et philanthropiques) de créer l’Etat –Nation de l’Algérie moderne et de le défendre.
C’est dans cet esprit, qu’elles m’ont honoré pour les unir, malgré que cela pouvait avoir de paradoxal avec une République Algérienne
Démocratique et Populaire et malgré la résistance des opposants à ces coins de la Paix.
S’affirmant issu de l’ancienne zaouïa de sidi Benaouda Al Chaalal qui était toute une institution du Fiqh ( droit musulman) à l’époque de l’Emir Abdelkader, toute une école coranique à Sougueur à l’époque du mouvement national, tout un centre de la Révolution dans les monts de l’Ouarsenis pendant la guerre d’indépendance, tout un ensemble de moniteurs lorsque les enseignants français ont déserté l’école algérienne en 1962. Je me suis établi avec fierté dans l’Union Nationale des Zaouïas d’Algérie où ses Chouyoukh m’ont élu.
Malgré l’humour de certains de mes confrères médecins qui me reprochent ce virage dans le Tassaouf, j’essaie de soigner solidement les cœurs organiques et de soutenir les cœurs purs. Un merveilleux bien-être s’offre à mon activité professionnelle et spirituelle. Aujourd’hui, des relations amicales s’établissent très solides autour de mon humble expérience ; elles s’accroissent entre Chouyoukh, Taleb, médecins, universitaires, simples citoyens : monsieur ou madame, des militaires dans tous les rangs de leurs hiérarchies, des gouverneurs et enfin mêmes des chefs de l’Etat. Ils sont pléthores autour de moi. Tous ces gens-là, ont la nostalgie du groupe qui les réunissait auparavant.
Tout cela ne doit finir que par trois autres résultats essentiels : à ce qu’au moins les Algériens se retrouvent dans la paix ; à ce que ceux qui nous gouvernent se rendent utiles et à ce que le peuple préserve notre Etat- Nation qui gardera éternellement ce que l’on nomme aujourd’hui : l’Algérie.
Depuis longtemps, au cours de l’histoire de notre civilisation, les dignitaires musulmans veulent posséder ces lieux de la paix
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Ou les annexer à leur lignée pour faciliter et accompagner leur droit
d’autorité publique.
En effet, les Turcs furent les premiers sans doute à réaliser une véritable symbiose entre les zaouïas et l’Etat. Ces coins étaient protégeaient par l’Etat dans la mesure où ceux-ci étaient compatibles avec les besoins rentables au développement de la nation.
En Algérie, ils firent de l’arabe la langue officielle de la Régence en concomitance avec la langue turque. Ils firent venir dans les zaouïas des grandes villes des poètes, des artisans, des artistes, des savants du monde musulmans, … toute l’élite intellectuelle de l’époque.
C’est un peu plus tard que commença la disgrâce de certaines zaouïas par la ruée dans ces espaces spirituels de personnes « obscures » qui les ont relativement déviées de leurs missions éducatives, pédagogiques et sociales. Sous la conduite de l’Emir Abdelkader et le contrôle plus ou moins direct de la Résistance populaire conduite par « le chevalier de la foi » vint se fixer leur délivrance et leur retour dans leur univers spirituel et cultuel où les loyaux vont trouver leur place : « entre le cœur et la raison ».
En conclusion :
C’est très tôt dans la décennie noire que les Zaouïas d’Algérie commencèrent la hâte pour la conciliation par le culte. Pour mettre fin à cette décennie sombre qui mettait au prise deux belligérants d’une même nation, elles ont marié les enfants des victimes et coupables du terrorisme aveugle.
Monsieur Abdelaziz Bouteflika dans sa retraite anticipée de 1978 à 1999 suivait de très près leurs actions caritatives car même très jeune, il pesait leur poids politique d’accompagner la tête de l’Etat- Nation fondé par l’Emir Abdelkader et né sous leur couverture.
C’est par leur grâce qu’il conduit le pays dans la culture de la réconciliation en qualité de Président de tous les Algériens.