Contrefaçon, billets imités et trafic de cannabis,Au cœur de l’empire du mal

Contrefaçon, billets imités et trafic de cannabis,Au cœur de l’empire du mal
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Dans les caves des immeubles, dans les coins isolés, dans les quartiers populaires, et même dans les jardins et les plages, des jeunes consomment le cannabis en cachette, en évitant d’être repérés par les forces de l’ordre.

Comment la «mafia» du cannabis a pu faire main basse sur le trafic de drogue à Alger, berceau des trafiquants de cannabis. Alger est une ville chatoyante, blanche, avec ses boutiques luxueuses, ses ruelles typiques et a belle côte, une ville qui compte sept millions d’habitants, mais la face cachée c’est la nuit, où des centaines de jeunes personnes s’adonnent à la consommation de résine de cannabis. Dans les caves des immeubles, dans les coins isolés, dans les quartiers populaires, et même dans les jardins et les plages, des jeunes consomment le cannabis en cachette, en évitant d’être repérés par les forces de l’ordre. D’où viennent ces quantités de drogue ? Qui sont ces trafiquants ? Et comment cette drogue débarque-t-elle dans les quartiers d’Alger ? En 2009, les forces de l’ordre avaient récupéré plusieurs centaines de kilos de cannabis à travers des opérations spéciales.

Durant la même période, plus de 2 000 dealers ont été interpellés pour vente et consommation de cannabis. Face à cette grande mobilisation des brigades spéciales anti-drogue, la «mafia» du cannabis a été contrainte de revoir sa tactique sur le terrain, afin d’arriver à vendre de grosses quantités de drogue, d’autant que le nombre de consommateurs augmente de 8% chaque année. Et pour y arriver, la «mafia» a bâti un véritable «empire» dans l’Algérois, en investissant dans d’autres secteurs, tels que la contrefaçon et les faux billets. En 2010, les trafiquants de drogue ont adopté une nouvelle technique pour tenter d’infiltrer des quantités de cannabis dans les banlieues algéroises. Parmi ces nouveaux modes, les trafiquants ont loué des appartements chics dans certains quartiers d’Alger. Ils ont même recruté des mineurs pour faire passer de la drogue, ou juste pour les utiliser comme «éclaireurs» le temps d’un «passage» de drogue. Face à cette nouvelle donne, les forces de l’ordre n’arrivent pas à extirper les trafiquants d’Alger, malgré des moyens importants et de spectaculaires opérations coup-de-poing, la traque étant devenue quotidienne.

Ces opérations sont organisées surtout la nuit, là où ils peuvent consommer en toute quiétude leur cannabis. Aujourd’hui, des dizaines de quartiers de la capitale sont envahis par des consommateurs de cannabis. Les quartiers les plus dangereux de la capitale occupés, chacun, par un gang mafieux, on trouve Bab El Oued. Si la violence est bien présente dans ce quartier populaire, c’est que les clans se disputent presque chaque rue, chaque place pour vendre leur drogue. Dans les locaux de la brigade des «stup» les policiers interceptent souvent des appels téléphoniques. Ils ont mis sur écoute plusieurs trafiquants, toutes les conversations sont enregistrées. Aussitôt appris le lieu des trafiquants de drogue, et la transaction qui pourrait avoir lieu, les agents responsables de la brigade spéciale attendent qu’une opération se déclenche, et quelques minutes plus tard le tuyau sur des trafiquants en cours est donné. Selon une source sécuritaire, il y a eu à plusieurs reprises des opérations

«échecs», car les trafiquants sont très vigilants. Une fois les policiers sur les lieux de la transaction, ils sont immédiatement repérés par ces dealers. A l’arrivée de la police, ils ont pour habitude de jeter les sachets de drogue sous les voitures ou dans les poubelles, pour ne pas être repérés puis arrêtés; toutefois, les policiers interpellent quand même des personnes suspectes pour les contrôler.

L’arme violette pour localiser les billets imités

Aujourd’hui, la «mafia» de la drogue investit de plus en plus dans les quartiers de la capitale, dans le but de vendre le cannabis. Ce n’est pas tout, ces dealers ont investi d’autres secteurs pour «augmenter» leurs revenus. Il s’agit de la contrefaçon, de faux billets en monnaie locale et étrangère. Pour les faux billets, les trafiquants de cannabis recourent à cette technique très répandue ces derniers temps, du moment que le

«gain» tiré est très intéressant. Cela dit, ces criminels sont munis de matériel très sophistiqué pour fabriquer de faux billets en fausses coupures de 1 000 DA, de 20 et 50 euros pour la monnaie étrangère. Du coup, les faux euros et les faux billets de 1000 DA circulent un peu partout, et les billets sont tellement bien imités qu’on les prendrait pour de vrais billets de banque. Et pour localiser les faux billets, les forces de l’ordre utilisent l’arme violette qui permet de reconnaître les vrais des faux. Pour les vrais billets, ils sont scintillants avec cette arme violette, les autres ne le sont pas ; aucun doute possible là-dessus; il s’agit alors de faux billets. L’imitation est tellement parfaite, parfois, qu’il faut être prudent, expliquent les experts.

Les parfums de marque, tee-shirts griffés et maroquinerie de luxe, tout est faux

Comme les billets imités, les trafiquants de cannabis se sont intéressés à la contrefaçon pour assurer des revenus financiers plus importants. Pour cette raison, tout le monde reconnaît qu’à Alger, la contrefaçon s’est enracinée au point où plusieurs produits sont touchés par cette «maladie contagieuse». Sur les étals de plusieurs marchés de la capitale, des tee-shirts griffés, des parfums de marque et de la maroquinerie de luxe, le tout à des prix imbattables alors que tout est faux. Et ici la contrefaçon se vend très bien, et la présence des policiers ne change rien. La capitale est le berceau de faux produits. Pis, des magasins de renom, ouverts à Alger, se sont rabattus sur les produits de la contrefaçon.

Cette situation a permis aux trafiquants de drogue de monter leur propre «empire» en vendant des produits contrefaits, à des prix «fous» afin d’augmenter leur chiffre d’affaires. Pour ce faire, ils utilisent des jeunes sans emploi, en leur donnant des marchandises contrefaites et le gain sera très facile à tirer. Dans les marchés publics de la capitale, à Bab El Oued, à titre d’exemple, ou à Ali Mellah, El Biar, et un peu plus loin, à Kouba, Baraki, les trafiquants de cannabis ont implanté leurs propres «marchés».

La «guerre» entre les gangs rivaux prend une nouvelle tournure

Huit assassinats sont signalés l’année passée. Il s’agit de règlements de comptes entre les rivaux de certains quartiers de la banlieue algéroise. Ces derniers s’entretuent pour tenter de régner sur un quartier. C’est le cas de la paisible localité de Staouéli. Chaque année, des milliers de visiteurs viennent savourer les bonnes glaces, avec ses ruelles typiques, et ses boutiques luxueuses. La localité de Staouéli vous paraît un lieu haut de gamme, mais la face cachée de cette ville indique une autre situation. En effet, ici, plusieurs rivaux se disputent les ruelles et les quartiers. Au bout de quelques mois, plusieurs rixes sur les sables ont eu lieu. Face à cette situation, les habitants de Staouéli ne se sentent pas en sécurité. «Tu ne peux pas te balader avec un beau portable, de crainte qu’on te l’arrache. Tu ne peux pas acheter un scooter parce que quand tu ren-tres chez toi, tard la nuit ils peuvent te le voler», confie-t-on.

Par Sofiane Abi