Contrebandiers et narcotrafiquants: Combien engrangent-ils ?

Contrebandiers et narcotrafiquants: Combien engrangent-ils ?

Les enquêtes menées par les services de sécurité ont mis à nous les dessous de la contrebande et du trafic de drogue. D’après ces enquêtes dévoilées pour la première fois, les convoyeurs de drogue gagnent, dans chaque «mission» qui leur est confiée par les barons, jusqu’à 100 millions de centimes chacun. Tandis que les contrebandiers touchent 40 millions de centimes pour chaque acheminement de marchandises hors du territoire algérien.

Convoyeurs de drogue et contrebandiers, longtemps traqués par les services de sécurité (GGF, PAF et douaniers), sont considérés comme richissimes. Comment alors le gain tiré par ces derniers dans chaque livraison se consolide par des dizaines de millions de centimes ? Les convoyeurs de kif traité, eux, arrivent à gagner jusqu’à 100 millions de centimes par navette. Du côté des contrebandiers, le gain n’est pas des moindres, ces autres «hors la loi» gagnent jusqu’à 40 millions de centimes pour chaque acheminement de marchandises, quelle que soit sa nature, vers les pays voisins. Les contrebandiers et les narcotrafiquants perçoivent de grosses sommes d’argent, versées par les barons de la drogue et les chefs de réseaux de la contrebande.

Pour mieux expliquer le phénomène, il est important de donner quelques exemples concrets. Le 17 avril 2012, cinq tonnes de cannabis ont été saisies par les gendarmes de Saïda. Elles étaient destinées au Mali, comme nous l’avait expliqué le colonel Mokhtar du groupement de Saïda. Qui dit Mali dit Al Qaïda. En traitant cette affaire, les gendarmes enquêteurs ont interrogé le convoyeur. Ce dernier a fini par avouer qu’il était chargé par des inconnus d’acheminer le cannabis vers la frontière algéromalienne contre une somme d’argent estimée par lui à 100 millions de centimes. « J’ai reçu 50 % de la somme convenue et le reste je devais le percevoir une fois de retour à Oran «, avait expliqué le jeune convoyeur aux gendarmes.

30 ans, l’âge maximum pour devenir un convoyeur de drogue

Qui sont ces transporteurs de drogue et comment les réseaux de trafiquants arrivent- ils à recruter autant de chauffeurs ? La réponse est fournie par les gendarmes, suite à des investigations confortées par les révélations des transporteurs de drogue arrêtés. Les transporteurs de cannabis ne doivent pas dépasser 30 ans d’âge, exigent les réseaux de trafiquants, alors que le recrutement, lui, cible généralement les jeunes égarés, c’est-à-dire des chômeurs ou des récidivistes ayant déjà fait de la prison pour diverses affaires liées à la criminalité.

Un convoi de cinq tonnes de kif traité a été intercepté à Boubeker (Saïda). Le transporteur arrêté n’était autre qu’un jeune âgé de 21 ans. Il révèle avoir perçu 100 millions de centimes, versés par ses «recruteurs», lesquels lui ont promis la même somme s’il réitérait l’opération. Il s’agit là de faits réels, dévoilés par le jeune conducteur, qui a fini par tout avouer. Des révélations fracassantes sur le «salaire» versé par ces recruteurs et la destination des 5 tonnes de drogue.

La drogue transitant par le sudouest part vers l’Europe et le Mali

Une importante quantité de drogue destinée à l’Europe a été saisie il y a quelques mois sur la route nationale ouest, lorsqu’un véhicule de marque Renault Clio, chargé de plus de trois tonnes de cannabis, a été intercepté par les éléments de la brigade de recherches et d’intervention (GIR) de la Gendarmerie nationale de Saïda.

La marchandise a été estimée à plus de 30 milliards de centimes. Lors de cet important coup de filet, un jeune transporteur avait été interpellé par les gendarmes après une course-poursuite Le jeune convoyeur, âgé d’une trentaine d’années, avait perçu 80 millions de centimes de la part des narcotrafiquants qui lui ont promis d’autres «jobs» une fois de retour. L’embuscade tendue par les gendarmes a permis son arrestation et la récupération de 3 tonnes et 20 kg de kif traité à l’intérieur de 160 sacs de 100 plaques de drogue chacun, soigneusement cachés dans de la nourriture pour cheptel. Les trafiquants avaient la forte certitude que leur marchandise arriverait en Europe, car tout a été bien planifié.

Sofiane Abi