Contrebandiers arrêtés, trafic d’armes, de drogue et de carburant aux frontières sud, la guerre silencieuse de l’ANP

Près de 250 contrebandiers ont été arrêtés. Pour les saisies, les chiffres sont encore plus alarmants: 400.000 litres de carburant, 50 tonnes de denrées alimentaires, plus de 30 tonnes de drogues, sans compter des armes d’assaut, des munitions et des véhicules.

Sur les vastes contrées du désert, aux frontières Sud qui s’étalent sur 600 km, les éléments de l’ANP livrent une guerre silencieuse contre un ennemi fuyant. Il a pour nom des contrebandiers aux puissants véhicules tout-terrain, des armes de guerre, des munitions, des tonnes de drogues, de denrées alimentaires et des centaines de milliers de litres de carburant. On n’en est plus aux simples prises de quelques ressortissants subsahariens qui troquent des bidules électroniques et des cigarettes contre des denrées alimentaires. Ce sont des bataillons de contrebandiers arrêtés chaque mois par les éléments de l’ANP; des tonnes de drogues et de denrées alimentaires et des centaines de milliers de litres de carburant saisis.

Les chiffres révélés contenus dans les communiqués quasi quotidiens du ministère de la Défense nationale donnent froid dans le dos. Rien que pour ce mois de mars, près de 250 contrebandiers ont été arrêtés. Pour les saisies, les chiffres sont encore plus alarmants: 400.000 li-tres de carburant, 50 tonnes de denrées alimentaires, plus de 30 tonnes de drogues, sans compter des armes d’assaut, des munitions et des véhicules. Au-delà du fait que c’est l’économie nationale qui subit une véritable saignée, car les produits de contrebande étant subventionnés par l’Etat, c’est toute la problématique sécuritaire qui est posée en termes crus. C’est cette guerre quotidienne et silencieuse que mène sans relâche l’ANP. Insaisissable, cet ennemi élargit souvent ses connexions pour muter en narcoterrorisme, contrebande d’armes et toutes sortes de criminalité.

La fragilité des voisins du Sud place l’Algérie devant une lourde charge pour le maintien de la sécurité et la stabilité du pays, d’autant plus que ces criminels sont désormais armés et n’hésitent pas à se confronter aux forces de sécurité. La situation aux frontières Sud inquiète donc très sérieusement et au plus haut point. Elle est davantage compliquée par les profondes mutations de la géopolitique en Afrique du Nord. L’effondrement du pouvoir, puis le chaos libyen ont engendré de terribles conséquences au plan sécuritaire. La bande sahélienne est devenue un espace incontrôlable échappant à toute autorité et de ce fait un lieu de repli idéal pour les organisations terroristes. C’est dans la perspective de contrer cette menace que des initiatives de dialogue stratégiques, notamment entre les Etats-Unis, l’Europe et l’Algérie, ont été établies dès l’année 2013.

Des milliers de soldats de l’ANP sont déployés le long des frontières Est et Sud. Régulièrement, H24, ils effectuent des opérations de ratissage avec une couverture aérienne qu’assurent des pilotes de la gendarmerie et de l’ANP. A cela s’ajoute une large contribution des forces militaires internationales dont la base américaine au Niger est équipée de drones. L’Afrique du Nord est en quelque sorte le flanc sud de l’Otan et surtout un transit vers le Moyen-Orient où nichent les plus grands intérêts énergétiques occidentaux. Cette situation place l’Armée algérienne au coeur des reconfigurations géostratégiques et sécuritaires qui s’opèrent et reposent la sécurité des frontières. Etant la plus grande puissance militaire de la région et acteur expérimenté dans la lutte contre le terrorisme, l’Algérie se retrouve dans cette double tâche de sécuriser à la fois ses frontières mais aussi de jouer au paravent, pour les intérêts occidentaux en sécurisant ce flanc Sud. Cela même si l’Algérie n’a jamais caché sa volonté de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région, elle agit cependant en fonction d’un certains nombre de principes immuables. Ne jamais intervenir en dehors de ses frontières.