Les Etats-Unis semblent particulièrement inquiets sur la menace nucléaire que pourrait constituer le trafic aux frontières algériennes, surtout que les stocks libyens du temps de Mouammar Kadhafi sont largement à la portée des groupes armés d’AQMI.
Forts de cette menace terrifiante, les américains a cru opportun de sensibiliser les responsables algériens sur la nécessité de surveiller ce type de contrebande aux frontières. Pour ce faire, des responsables des Etats-Unis ont rencontré dimanche et lundi derniers, leurs homologues algériens à Alger pour étudier les moyens de renforcer la coopération dans les domaines de la lutte contre ce fléau.
Dans un communiqué reçu aujourd’hui à notre rédaction, l’ambassade américaine précise que ces discussions interviennent «après un premier round» de consultations bilatérales initié en janvier 2012 afin d’explorer les moyens et méthodes de faire progresser les «capacités de prévention, détection et réponse aux incidents de contrebande de matériaux nucléaires et radiologiques». Ce tour de table s’est déroulé «conformément au plan de travail adopté par les participants au sommet de la sécurité nucléaire de 2010, organisé à Washington, DC», lit-on encore.
Mieux vaut prévenir…
Durant ces deux jours d’échanges, le sous-secrétaire d’Etat adjoint chargé des programmes de non prolifération, M. Simon Limage, et la directrice générale des affaires politiques et de la sécurité internationale au ministère des Affaires étrangères, Madame Taous Feroukhi ont réaffirmé leur disposition à coopérer, de «manière plus étroite, afin d’empêcher les terroristes et autres criminels d’acquérir des matériaux nucléaires au marché noir». Mme Feroukhi, a de son coté, souligné «l’importance» de la coopération régionale et internationale dans la lutte contre le crime transnational organisé qui représente une menace pour la sécurité des états de la région.
La CIA, le FBI et la NSA à Alger
Cette importance réunion tenue à l’abri des médias, a regroupé des représentants de «plusieurs ministères du gouvernement algérien» ainsi que des «représentants d’agences gouvernementales américaines». Bien que ce ne soit pas dit expressément, il est évident que des représentants de la CIA, du FBI et de la NSA ( les trois principales centrales américaines de renseignement) étaient présents à ces discussions tant le sujet relève de la coopération sécuritaire stratégique. Tout ce beau monde s’est mis d’accord sur le fait que la lutte contre la «contrebande nucléaire et le contrôle des frontières en général» est cruciale.
Stock nucléaires libyens : Une alerte rouge
C’était aussi l’occasion pour les deux parties d’échanger des points de vue et partager des informations sur les «menaces et tendances actuelles de la contrebande et discuter des meilleures pratiques dans le domaine de la sécurité des frontières, de la détection nucléaire, de la médecine légale nucléaire, de l’application de la loi et d’autres outils afin de prévenir, détecter, et répondre aux incidents de la contrebande nucléaire».
Les responsables américains ont profité de cette réunion pour présenter un «aperçu des meilleures pratiques en termes de sécurité des frontières et de contrôle stratégique du commerce», souligne le communiqué.
Ces derniers ont mis l’accent notamment sur le programme du contrôle des exportations et de la sécurité des frontières du Département d’Etat qui vise à conjuguer les efforts en vue de prévenir la prolifération des armes de destruction massive (ADM) et les transferts illicites d’armes conventionnelles.
Une aide vitale
Ce programme concerne également «les systèmes de défense aérienne portables et les activités criminelles liées, en renforçant les systèmes nationaux de contrôle des exportations, des importations, du transit et du transbordement des articles stratégiques».
L’ambassade américaine précise aussi que les discussions ont «ouvert la voie d’une future coopération entre les Etats-Unis et l’Algérie afin de renforcer les capacités nationales, internationales et régionales pour faire face au trafic illicite de matériaux nucléaires et radioactifs».
Il faut rappeler que les Etats-Unis et l’Algérie ont initié ces dernières années plusieurs programmes de coopération dans de nombreux domaines qui touchent à la lutte contre le terrorisme, contre le trafic des stupéfiants et des drogues ainsi que la coopération douanières. Ce nouveau volet de la coopération en matière de lutte contre la contrebande des produits nucléaires, est certainement lié à l’arsenal de Mouammar Kadhafi qui risque de tomber entre les mains des trafiquants, voire des jihadistes qui opèrent au nord du Mali.