Les mesures prônées par le gouvernement pour lutter contre la saignée de l’économie nationale et la limitation des importations massives ne semblent pas près de trouver un terrain d’application. C’est, en tout cas, ce qui se laisse remarquer à travers les décisions que le ministère des Finances vient de prendre récemment.
Au moment où de nouvelles mesures fiscales mettant sur le même pied d’égalité les importateurs et les producteurs nationaux sont prévues dans le cadre de la loi de Finances pour 2015 et qui suscitent d’ores et déjà des remous au sein de la sphère productive, le département de Mohamed Djellab revient sur sa décision concernant la lutte contre la porosité des frontières, où les réseaux de la contrebande organisent une véritable saignée de l’économie nationale.
En juin dernier, le ministère des Finances a promulgué une nouvelle mesure douanière soumettant la circulation des produits susceptibles de faire l’objet de contrebande vers les pays voisins, dont le Maroc et la Tunisie, à une autorisation émanant des services de douanes, comme les produits agroalimentaires, les carburants ou le cheptel, et ce, dans le but de connaitre la destination ou la provenance de ces produits.
Mais la mise en œuvre de la circulaire a vite suscité la colère des commerçants et grossistes des localités frontalières qui sont allés jusqu’à paralyser ces régions en recourant à la grève.
Selon une information détenue auprès d’un responsable au sein du ministère des Finances, deux mois après, le gouvernement vient de faire preuve de recul ou d’inertie face à la grogne de ces lobbies détenant les règnes du commerce au niveau des frontières, et ce, à travers une nouvelle notification ordonnant le gel de la circulaire du juin dernier et adressée expressément le 17 août dernier aux autorités locales des wilayas frontalières (walis, services régionaux des douanes, responsables des communes et autres). Toutefois, précise notre source, ce gel ne vaut pas annulation mais signifie un report à une date indéterminée.
Au-delà des conséquences de leur application, ces nouvelles mesures renseignent en tout cas sur l’ampleur des réseaux de la contrebande qui pullulent le long des frontières notamment celles de l’ouest du pays où d’importantes quantités de produits divers, estimées à des milliards de dollars, quittent illégalement le territoire national chaque année pour être revendues dans les pays voisins dans une quasi impunité qui génèrent des pertes sèches alarmantes au Trésor public.
Mourad Allal