Contrebande de produits alimentaires , Ouyahia «L’Algérie nourrit 3 peuples !»

Contrebande de produits alimentaires , Ouyahia «L’Algérie nourrit 3 peuples !»

La contrebande des produits alimentaires contraint le gouvernement à recourir à des importations massives afin de compenser les quantités transférées dans les deux pays voisins.

«Le gouvernement de votre pays nourrit trois peuples : le peuple algérien, et en partie les peuples tunisien et libyen frères», a souligné, hier, le Premier ministre. «Certains Algériens sont allés jusqu’à priver leurs concitoyens de certains de ces produits en les transférant frauduleusement à travers les frontières», a-t-il regretté.

Le fléau de contrebande frappe de plein fouet l’économie nationale et contraint les pouvoirs publics à recourir à l’importation de grandes quantités de produits alimentaires afin de répondre aux besoins.

L’exportation illicite de ces produits de base vers les pays voisins, la Tunisie et la Libye est, en effet, devenue incontrôlable, même si d’importantes saisies sont opérées quasi quotidiennement par les services de douanes et les gardes frontières.

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a évoqué, hier, lors de la conférence tenue à l’issue de la tripartite, les conséquences néfastes de ce fléau. Il a indiqué que l’Algérie a recouru à l’augmentation de ses importations céréalières pour compenser les importantes quantités transférées frauduleusement dans des pays voisins, déniant les rumeurs sur l’amplification par l’Algérie des chiffres de sa production de céréales.

«N’attendez pas du Premier ministre qu’il contredise les chiffres de son ministère. Je tiens à corriger une donnée selon laquelle la faible production est à l’origine de la hausse des importations : le gouvernement de votre pays nourrit trois peuples, le peuple algérien, et en partie les peuples tunisien et libyen frères», a souligné M. Ouyahia. Cela reste évidemment «une obligation pour peu que la chose se fasse dans un esprit noble», a tenu à relever le Premier ministre, ajoutant que certains Algériens sont allés jusqu’à priver leurs concitoyens de certains de ces produits en les transférant frauduleusement à travers les frontières».

Il faut dire que l’instabilité que vivent actuellement la Tunisie et la Libye ont favorisé la contrebande, en raison de la pénurie des produits alimentaires dans ces deux pays et l’insécurité qui y règne. Les chiffres de contrebande communiqués récemment par la Gendarmerie nationale renseignent sur l’ampleur que ne cesse de prendre ce fléau. Depuis le début de l’année en cours, pas moins de 102,598 tonnes de produits alimentaires ont été saisies aux frontières est et ouest du pays, une hausse de 27,89% par rapport au premier semestre 2010, où 80,22 tonnes de ces produits ont été saisies. La frontière Est a connu une hausse de 130% de la quantité saisie par rapport à l’année dernière, avec 56,627 tonnes de produits alimentaires.

L’Algérie, qui partage quelque 2 000 kilomètres de frontières avec ces deux pays, n’arrive toujours pas à mettre en place un dispositif permettant de juguler la contrebande. Les habitants de l’extrême est du pays souffrent fréquemment du manque de certains aliments de base et sont contraints, parfois, de se déplacer en Tunisie pour se procurer le produit… algérien. Le carburant constitue aussi l’autre produit le plus touché par la contrebande. Les stations-service des wilayas de l’Est (Tébessa, Souk Ahras, Guelma, Annaba…) sont souvent à sec et les citoyens doivent faire la queue pendant plusieurs heures pour faire le plein.

A. H.