Exposer les petits à la lumière du jour réduirait le risque de développer une myopie, d’après une récente étude. Pour la santé visuelle de vos enfants, faites-les sortir : ce pourrait être le nouveau credo pour contribuer à freiner la forte progression de myopes dans le monde. En effet, les enfants qui passent du temps en extérieur sont mieux protégés contre la myopie, et c’est la lumière naturelle qui en serait la cause, selon une récente étude britannique.
Le Dr Jeremy Guggenheim et ses collègues de la Bristol’s School of Social and Community Medicine et de l’université de Cardiff ont suivi les tests visuels de 7000 garçons et filles du comté d’Avon (dans le sud-ouest de l’Angleterre), de leurs 7 ans jusqu’à leurs 15 ans. Les parents ont indiqué aux chercheurs le nombre d’heures hebdomadaires passées à l’extérieur par leurs bambins entre 8 et 9 ans, une période importante puisque c’est l’âge où se déclare généralement la myopie. À leurs 11 ans, les enfants ont également porté un accéléromètre pendant une semaine afin de mesurer leur activité physique.
Résultat de cette étude parue dans la revue Investigative Ophthalmology & Visual Science: les enfants qui ont le plus joué dehors (trois heures par jour au moins en été, une heure ou plus en hiver) étaient moins nombreux à être myopes à 15 ans que ceux ayant passé plus de temps à l’intérieur, et ce indépendamment de leur degré d’activité physique pendant ces temps de jeu en dehors de la maison.
Comme les chercheurs l’expliquent, la lumière du jour serait à l’origine de cet effet protecteur grâce à la stimulation de la production de dopamine au niveau de la rétine, nécessaire au bon développement de la vision chez les enfants. Ces résultats confirment d’ailleurs ceux de précédentes recherches, l’une d’elle ayant même établi un risque de myopie minoré de 2% pour chaque heure de jeu en plein air par semaine.
D’autres facteurs à prendre en compte
Inciter les plus jeunes à passer du temps à l’extérieur serait donc un moyen simple pour prévenir la myopie dès l’enfance. Toutefois, d’autres facteurs peuvent intervenir et interagir entre eux dans le développement de ce trouble visuel. La multiplication des écrans (les tablettes et les smartphones sont les derniers en date) et une éducation incitant les enfants à rester à la maison pour faire leurs devoirs ont été identifiés comme facteurs de l’épidémie de myopie qui sévit en Asie. À titre d’exemple, neuf Singapouriens sur dix sont myopes à la sortie du lycée – un taux neuf fois plus élevé que chez les jeunes Australiens.
Outre les conditions environnementales, des différences génétiques pourraient également expliquer les écarts et ouvrir la voie à de nouveaux moyens de prévention, médicamenteux ou par thérapie génique. On sait en effet que la myopie touche plus les enfants dont les parents sont aussi atteints. Des chercheurs ont d’ailleurs identifié un gène (LEPREL1) expliquant les nombreux cas de myopie précoce au sein d’une tribu de bédouins israéliens. À l’inverse, les descendants des Révoltés du Bounty (des mutins britanniques qui avaient brûlé leur navire en 1789) installés sur l’île de Pitcairn à l’est de l’Australie présentent le taux de myopie le plus faible au monde
À quel âge contrôler la vue d’un enfant ?
La croissance de l’œil débute chez le fœtus. Le tout premier contrôle peut s’effectuer sur l’œil fœtal au cours des échographies réalisées lors des deuxième et troisième trimestres de la grossesse. À la naissance, la vision se met en place très progressivement. En effet, l’enfant n’étant pas un adulte en miniature, son système visuel est loin d’être mature et sa vue est de l’ordre de 1/20 à la naissance, juste de quoi discerner les formes et les mouvements. Toutefois, lors de la première semaine de vie du nouveau-né, un contrôle visuel doit être systématiquement pratiqué par le pédiatre. Par la suite, l’œil complète sa maturation, ce qui est capital pour que les rayons soient focalisés sur la rétine qui elle-même se perfectionne. En effet, le nourrisson acquiert progressivement certaines fonctions visuelles comme la vision des couleurs, du relief, des contrastes, ainsi que la vision centrale encore appelée vision maculaire. Il suffit d’un léger déficit pour que le développement visuel de l’enfant soit compromis. Le dépistage précoce de ces anomalies prend alors toute son importance, car un traitement rapide permet une récupération visuelle qui sera beaucoup plus difficile lorsque l’enfant sera âgé.
Prise en charge adaptée
Les anomalies visuelles sont présentes chez 15 à 20% des enfants de moins de 6 ans et elles vont des anomalies légères telles les anomalies de réfraction (myopie, hypermétropie et astigmatismes) aux anomalies plus sévères telles l’amblyopie (vision plus faible d’un œil) ou le strabisme (perte de parallélisme des yeux). Les anomalies de réfraction peuvent être corrigées par des lunettes. Le strabisme et l’amblyopie sont traités sur un plus long laps de temps avec une rééducation orthoptique souvent associée. Certaines anomalies rares comme un reflet blanc au niveau de la pupille doivent faire consulter en urgence un ophtalmologiste, pour un diagnostic et une prise en charge adaptée de la pathologie. Qui dépiste? Actuellement, le dépistage des anomalies visuelles est fait par les professionnels de santé. En première ligne, le médecin pédiatre qui au moindre doute adresse à l’ophtalmologiste. Ce dernier peut aussi se faire aider de l’orthoptiste, auxiliaire paramédical formé au dépistage, à la rééducation, à la réadaptation et à l’exploration fonctionnelle des troubles de la vision, du nourrisson à la personne âgée.
L’ophtalmologiste pratique un examen clinique qui teste la vision de l’enfant en rapport avec son âge et, après dilatation de la pupille, réalise un fond d’œil pour examiner la rétine. Il évalue la vue, même chez les tout-petits, vérifie l’éventuelle correction optique à prescrire systématiquement après dilatation. En âge scolaire, un examen annuel de contrôle doit être effectué. Au moindre doute sur la Tous les enfants doivent être dépistés, avec une attention particulière pour les enfants prématurés qui sont beaucoup plus touchés par ces anomalies. Pour le dépistage de ces anomalies, l’orthoptiste est aux côtés du médecin et réalise si nécessaire la rééducation, en particulier pour le strabisme et l’amblyopie.
In santé de A à Z