Le mois du jeûne tire à sa fin sans que la mercuriale ne devienne clémente. Le constat est quasi général, au grand dam des pères de familles, résignés à opter pour une marchandise de mauvaise qualité pour économiser quelques sous.
Les prévisions du ministre du Commerce quant à une baisse des prix à partir de la première semaine du ramadhan se sont avérées fausses. Le mois du jeûne tire à sa fin sans que la mercuriale ne devienne clémente. Le constat est quasi général, au grand dam des pères de familles, résignés à opter pour une marchandise de mauvaise qualité pour économiser quelques sous.
Hier au marché Clauzel, au centre de la capitale, les prix affichés donnaient le vertige. La pomme de terre n’est toujours pas descendue de la barre des 40 DA, la tomate caracolait à 100 DA, la carotte s’annonçait fièrement à 60 DA, alors que la courgette était à 50 DA. L’oignon, ne dépassant pas habituellement les 25 DA, a atteint en ce 21e jour de ramadhan les 35 DA. «C’est du jamais vu !» commente une vieille dame, choquée par la frénésie des prix. «Certaines familles n’ont même pas de quoi acheter le strict minimum, la vie est de plus en plus chère», a-t-elle relevé, scandalisée. Pis encore, par le passé les petites bourses se permettaient de consommer les fruits de saison ; cette année, par contre, la flambée n’a rien épargné. Le kilo de poire est cédé à 80 DA, la banane à 110 DA, l’abricot à 100 DA. Des prix qui dissuadent les petites bourses et mettent dans l’embarras les pères de familles censés remplir le couffin et satisfaire les caprices de leurs progénitures. La viande quant à elle, reste imbattable. La viande rouge ovine et bovine affichent respectivement 950 à 1 000 DA et 800 à 850 DA. Le poulet n’a pas dérogé à la règle avec un prix «injustifié» de 320 à 350 DA le kilo. A considérer ces prix, il est facile de relever que la mercuriale a fini par se stabiliser dans la cherté. Contrairement à ce qui a été dit çà et là, les prix ne sont pas revenus à la normale. Pourtant, aucune pénurie n’a été enregistrée à travers la totalité des marchés du pays.
La seule explication, avancée par les commerçants eux-mêmes, reste la spéculation qui accapare le marché et impose sa logique. «J’ai acheté cher, je vends cher, je ne vais pas travailler à perte», nous dira un commerçant, du marché de Djamaa Lihoud à la Basse Casbah. Notre interlocuteur n’a toutefois pas écarté une autre hausse des prix, similaire à celle des premiers jours du ramadhan à la veille de l’Aïd. «A l’approche de cette fête religieuse, la demande va augmenter, les spéculateurs, en fin connaisseurs du marché, vont sévir à nouveau et mettre à rude épreuve les petites bourses», ajoute-t-il. Ainsi, cette fin de ramadhan s’annonce plus difficile que le début du mois. Les ménages seront contraints de continuer à garnir la maida et, de surcroît, subvenir aux besoins de l’Aïd et de la rentrée scolaire. Sur les marchés de la capitale, les prix des vêtements ont commencé à prendre l’ascenseur.
Une nouvelle donne que le citoyen devra subir, d’autant que les autorités publiques ne peuvent pas intervenir et imposer des prix acceptables, elles – les autorités – qui ont échoué à assumer leur rôle de régulateurs du marché.
Par Aomar Fekrache