Dans la cour du siège du FLN, environ 200 personnes se sont rassemblées.
La crise du FLN entame une nouvelle phase avec le retrait de confiance à M.Belkhadem et les membres du bureau politique.
La crise du FLN entame une autre phase. Des membres du Comité central du parti ont retiré, hier, lors d’une réunion tenue dans la cour du siège du parti à Hydra (Alger), la confiance au secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem et aux membres du bureau politique.
Dans un communiqué sanctionnant cette réunion, lu par Ourzane Mohamed, membre du comité central, il est demandé à M.Belkhadem de convoquer dans les plus brefs délais une session extraordinaire du comité central du parti «pour sauver le parti et le remettre sur rails».
A défaut, les contestataires menacent de désigner un directoire politique pour gérer les affaires courantes du parti lors de la prochaine réunion qui se tiendra, selon toute vraisemblance, avant le début de la campagne électorale.
Dans la cour du siège du FLN, où environ 200 personnes se sont rassemblées, dont les membres du Mouvement de redressement, toutes les conversations tournent autour de la destitution de M.Belkhadem, de l’islamisation des listes électorales du parti et de la déviation de sa trajectoire. Les contestataires accusent le secrétaire général d’avoir fermé les bureaux du parti pour les empêcher de se réunir. Boudjemaâ Haïchour, ex-ministre et membre du CC, qui s’est félicité de cette réunion, a indiqué que le quorum pour la convocation d’une session extraordinaire de cette instance est dépassé (deux tiers des membres selon l’article 37 des statuts du FLN).
Toutefois, l’article 42 des mêmes statuts stipule que seul le secrétaire général du parti est habilité à convoquer la réunion du CC, qu’elle soit ordinaire ou extraordinaire. C’est sur cet article que s’est basé un communiqué, rendu public avant-hier, par les membres du bureau politique pour qualifier d’«illégale» toute réunion qui se tiendrait en violation de cette disposition. La direction de l’ex-parti unique ne semble, d’ailleurs, pas préoccupée outre mesure par l’ampleur et la tournure prise par la crise au FLN. Pour preuve, le chargé de la communication du parti, Kassa Aïssi, ne voit en la réunion d’hier qu’une «action de protestation de certains membres du comité central et d’autres militants contre certaines instances du parti». Joint au téléphone, M.Kassa Aïssi a nié la fermeture du siège du FLN «comme certains l’ont prétendu», soulignant que des militants et des membres du CC étaient bien là dans leurs bureaux.
«Pour nous, la priorité c’est aux élections législatives et le comité central se tiendra après ces élections», a-t-il indiqué. Cette option est totalement récusée par les anti-Belkhadem qui veulent en finir avec lui avant les élections. C’est dire que c’est un coup dur pour le FLN à un mois des élections législatives.
Tiré vers le bas, le parti de Belkhadem, actuellement majoritaire à l’APN, risque ni plus ni moins d’être laminé par les autres partis. A qui profite donc le crime? Qui en est derrière?
Mais en attendant d’avoir des réponses à ces questions, plusieurs scénarios se présentent pour M.Belkhadem, les dés étant déjà enroulés.
Si le FLN sort vainqueur des législatives, Belkhadem sera réconforté. Et si le parti est vaincu, c’en sera fini pour lui et pour son bureau politique. L’ex-président de l’APN a, faut-il le rappeler, promis de démissionner en cas d’échec de sa formation.
Le sort de Belkhadem sera, de ce fait, déterminé par le score des législatives du 10 mai prochain.
Pour éviter une humiliation du FLN aux élections, le coordinateur du Mouvement de redressement, Salah Goudjil, a appelé, dans un communiqué rendu public avant-hier, les contestataires à une trêve. Il les a appelés à la raison et la sagesse afin de «permettre au FLN de se maintenir en tant que force politique majeure». «L’heure n’est pas à la division mais plutôt à la solidarité pour l’intérêt du parti. Car la conquête du peuple est à ce prix», a-t-il estimé.Seulement, la mise au point de M.Goudjil risque de ne pas trouver l’écho escompté.
En effet, le porte-parole du Mouvement de redressement, Mohamed Seghir Kara, a martelé que cette position est une «position personnelle de Salah Goudjil et elle n’engage que lui».
Cela étant, les contestataires qui se sont réunis, hier, ont accusé le secrétaire général du parti d’avoir confectionné des listes électorales selon un agenda précis au profit d’autres tendances politiques dont l’objectif final serait «d’éloigner le parti de sa ligne politique pour des fins et des ambitions personnelles».
Les accusations concernent aussi les membres du bureau politique, indésirables selon les contestataires. Abdelhamid Si Afif a d’ailleurs été écarté de ce mouvement qui veut la destitution de Belkhadem.