Le Ramadhan approche. Des soucis en perspective
La pression de la rue ne faiblira pas cet été, obligeant le gouvernement à une vigilance permanente.
La rue n’accorde aucun répit au gouvernement. Ce dernier a du pain sur la planche. Ses membres continueront de se retrousser les manches pour satisfaire les diverses demandes sociales. Ils sont aussi appelés à rester en veille pour suivre l’exécution des chantiers en cours d’exécution. C’est tout aussi vrai dans le domaine politique avec le projet des réformes lancé depuis plusieurs semaines, qu’en ce qui concerne la sphère économique, avec la nécessité de sauvetage des entreprises ou encore le front social toujours bouillonnant. C’est suffisant pour que la trêve sociale soit effacée de l’agenda des ministre lors de cet été. Ils auront à faire face à la contestation sociale et à être prêts pour des échéances importantes comme le mois de Ramadhan ou la rentrée sociale.
Des indices laissent déjà présager de quoi sera fait l’été. Les citoyens ne cessent de contester les décisions des autorités publiques et ils n’hésitent pas à sortir dans la rue pour exprimer leur dépit. Cela donne lieu régulièrement à des heurts avec la police et la gendarmerie. Les motifs du mécontentement sont multiples. Tantôt, on conteste la liste des bénéficiaires de logements sociaux, tantôt, on demande du travail lorsqu’on ne réclame pas l’abrogation du service civil au sud du pays.
L’Etat tente de répondre aux demandes sociales mais il est dépassé par l’ampleur des besoins. En outre, il existe de ces revendications qui ne peuvent être satisfaites par une simple distribution de la rente. Aujourd’hui, les Algériens célèbrent le 49e anniversaire de l’Indépendance de leur pays, mais on songe déjà à établir le bilan de ce cinquantenaire. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle Constitution est proposée aux citoyens. Mais même cette annonce ne fait pas le consensus de la classe politique qui reste divisée sur le contenu de ce nouveau texte. On attend la remise du rapport de la commission Bensalah au président de la République pour en savoir un peu plus sur les pistes qui conduiront à l’incarnation des réformes.
En somme, l’Etat se lance dans une course pour tenter de reconquérir sa crédibilité. Pour cela, il déploie une stratégie à multiples vecteurs puisqu’il est dans l’obligation à la fois de garantir l’emploi en sauvant les entreprises de la dissolution, d’améliorer le pouvoir d’achat et d’assurer la transparence de la décision politique, en premier celle des élections.
Tous ces chantiers sont menés en parallèle. Il est hors de question de hiérarchiser les priorités car le manque à gagner ne ferait que s’accumuler accentuant davantage les raisons du ras-le-bol populaire. Or, c’est justement ce que le gouvernement veut éviter à tout prix. L’expérience de janvier dernier qui a failli faire vaciller l’Etat dans ses fondements est toujours présente dans les esprits pour qu’on se risque à la rééditer. D’ailleurs, la commission d’enquête de l’APN sur les produits alimentaires poursuit toujours ses travaux. Ses membres entameront le 9 juillet prochain des sorties sur le terrain pour visiter des unités de production de produits de large consommation. Ces mêmes produits qui sont surveillés comme le lait sur le feu mais dont les prix n’arrivent toujours pas à se stabiliser, comme le constatent les chefs de famille chaque jour sur les étals des marchés. La même surveillance est observée pour les mouvements sociaux. Car de nombreux foyers de tension subsistent toujours. Les résidents ne voient toujours pas de solution acceptable à leurs doléances alors que les étudiants ont vu leurs cursus de formation amputés de plusieurs cours. Et ils risquent d’occuper la rue à tout moment et pour longtemps comme ils se sont accoutumés à le faire depuis plusieurs semaines. Lors des chaleurs de juillet, il y en aura toujours, parmi d’autres catégories de la population, qui trouveront un motif pour menacer de s’immoler par le feu lorsqu’ils ne passent pas tout simplement à l’acte. Le tout n’est pas fait pour apaiser le front social.
A ces défis s’ajoute le dossier sécuritaire, qui, lui aussi, bénéficie d’une attention particulière. Les événements en Libye ont redonné des ailes à des organisations terroristes qui ne cessent de harceler les forces de sécurité aussi bien au nord qu’au sud du pays.
Et tout cela oblige le gouvernement à déployer son activité diplomatique auprès de ses partenaires pour apporter une réponse commune au terrorisme. Le corps diplomatique est aussi sollicité pour riposter aux campagnes dont le pays fait les frais comme celle lancée récemment par les Etats-Unis à propos des droits humains.
Il n’y pas de doute, l’été s’annonce très chaud à la fois pour les citoyens et pour le gouvernement. Surtout si l’on ajoute à l’agenda des ministres les séances d’audition ramadhanesques.