Contestant la «Declaration constitutionnelle»du président Morsi,Manifestations massives en Egypte

Contestant la «Declaration constitutionnelle»du président Morsi,Manifestations massives en Egypte
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Une véritable déferlante s’est abattue sur les rues et la symbolique place Tahrir au Caire pour dénoncer Morsi

De nouveaux heurts ont éclaté hier au Caire entre manifestants et forces anti-émeutes au lendemain d’une mobilisation populaire inédite contre le président islamiste, Mohamed Morsi.

Des heurts avaient eu lieu dans la nuit dans les rues environnantes de la place Tahrir avant de s’y propager le matin. Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants, et des gaz ont atteint les tentes où des protestataires campent depuis le 23 novembre, selon un photographe de l’AFP. La télévision a montré des images de protestataires masqués attrapant les canettes de gaz pour les lancer à leur tour vers la police dans une rue proche de l’ambassade des Etats-Unis, non loin de cette place emblématique de la révolution de 2011 qui a renversé le président Hosni Moubarak. Des centaines de manifestants avaient passé la nuit sur la place après des manifestations de dizaines de milliers de personnes à travers le pays pour dénoncer la décision le 22 novembre du président Morsi de renforcer provisoirement ses pouvoirs afin, selon lui, de pouvoir engager les réforme. C’est dans la soirée qu’il y eut un immense déferlement sur la place Tahrir au coeur du Caire, symbole de la Révolution de février 2011 en Egypte. Des dizaines de milliers d’Egyptiens se sont ainsi rassemblés au Caire pour protester contre la décision de Mohamed Morsi de s’octroyer des pouvoirs exceptionnels, la plus forte mobilisation hostile au président islamiste depuis son élection en juin. Plusieurs cortèges ont convergé sur la célèbre place du centre de la capitale égyptienne pour dénoncer également le puissant mouvement des Frères musulmans, dont est issu le président. Les manifestations hostiles au président ont touché d’autres villes du pays en proie à une grave crise depuis la décision le 22 novembre de M. Morsi de renforcer provisoirement ses pouvoirs afin, selon lui, de pouvoir engager les réformes. Mais ses détracteurs ont dénoncé un «nouveau pharaon». «Dégage!», scandaient les manifestants place Tahrir, reprenant le slogan emblématique de la révolte qui avait chassé du pouvoir le président autocratique Hosni Moubarak en février 2011. Une banderole déployée à une entrée de la place proclamait: «Interdit aux Frères musulmans». «Nous ne voulons pas remplacer un dictateur par un autre», a affirmé un étudiant. Comme tous les jours depuis une semaine, des heurts sporadiques ont eu lieu près de la place, aux abords de l’ambassade des Etats-Unis, entre des jeunes et la police qui répondait aux jets de pierres par des tirs de gaz lacrymogènes. Selon l’Alliance populaire, un petit parti de gauche, un de ses militants y est mort asphyxié, ce qu’a confirmé une source médicale. Il s’agit du troisième décès provoqué par les troubles de ces derniers jours. Ces accrochages ont été dénoncés par de nombreux manifestants anti-Morsi à Tahrir, désireux de garder un caractère pacifique à leur manifestation. Dans le delta du Nil (nord), à Mahalla, les opposants s’en sont pris, selon un responsable des services de sécurité, au siège du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), dont est issu le président. Le parti, issu lui-même des Frères musulmans, a recensé 80 blessés dans ses rangs dans des heurts avec des anti-Morsi. Les opposants s’en sont aussi pris aux locaux de la confrérie à Mansoura (nord), ainsi qu’à Alexandrie, deuxième ville du pays. Des milliers de personnes ont protesté contre le président dans cette ville du nord sur une grande place bordant la Méditerranée. En début de soirée, une contre-manifestation de partisans de M.Morsi a aussi attiré plusieurs milliers de personnes.

Une manifestation pro-Morsi au Caire avait été annulée de crainte d’affrontements. Dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, ainsi qu’à Tanta (nord), Assiout, Sohag et Minya (centre), des rassemblements anti-Morsi ont également eu lieu. Après une rencontre avec la hiérarchie judiciaire lundi, M.Morsi a maintenu le décret controversé par lequel il s’est autorisé à prendre toute mesure jugée nécessaire pour «protéger la révolution». La situation en Egypte «n’est pas claire», a commenté mardi le département d’Etat américain. La porte-parole, Victoria Nuland, a appelé à la fin de «l’impasse constitutionnelle» tout en minimisant les risques de voir M.Morsi se transformer en autocrate.