Aujourd’hui, les débats sont cernés au Parlement
Les suggestions recueillies par la commission Bensalah avaient-elles été réellement prises en considération?
Les propositions issues des consultations portant réformes politiques ont-elles été menées à bon port? Lancé le 21 mai dernier, le débat a été clôturé avec la fin des consultations.
La commission Abdelkader Bensalah, chargée de cette mission, avait, rappelons-le, mené des réunions, au rythme marathonien, avec «les acteurs concernés». Chefs de formations politiques, dirigeants de partis non agréés, personnalités politiques nationales, anciens ministres et chefs de gouvernement, présidents d’associations et des différentes syndicats, représentants de la société civile, ancien dirigeant militaire, à l’image du général à la retraite, Khaled Nezzar, ont été tous reçus par cette instance.
A l’issue de ces nombreux conclaves, un rapport contenant des propositions détaillées émises par les invités de Bensalah, devait être remis au président de la République. Plusieurs informations ont été publiées quant au sort qu’a connu ce document. Or, aucune déclaration officielle n’a été rendue publique sur ce sujet. C’est ce qui a ouvert la voie aux spéculations remettant en cause la crédibilité de ces consultations. Perçues comme une étape importante et même historique pour l’ancrage de la démocratie en Algérie, ces consultations ont suscité chez certains observateurs de la scène politique nationale, le sentiment d’une mission inachevée.
A l’heure où M.Bensalah menait une course contre la montre pour se concerter avec toutes les couches qui représentent la société algérienne, les avant-projets de loi portant réformes politiques décidées par le chef de l’Etat avaient été déjà élaborés par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales! Au moment où cette même commission poursuivait des concertations avec les associations et des hommes politiques en vue de l’élaboration de nouveaux textes de loi, le département de Daho Ould Kablia avait déposé au secrétariat du gouvernement les premières moutures des avant-projets de loi sur les associations et le régime électoral. Ce qui a ouvert une brèche pour des lectures et des interprétations de part et d´autre sur l’utilité d’une telle commission. Aujourd’hui, les débats sont cernés au Parlement.
Autrement dit, l’avenir des réformes est décidé seulement par les partis politiques représentés à l’APN et à un degré moindre au Sénat. Les associations et autres personnalités politiques et historiques consultées par Bensalah sont en position hors jeu. On y recèle aucune trace. Leur mission a été achevée juste après avoir quitté les bureaux de la présidence où se sont déroulées les consultations.
Ces mêmes personnes marquent un silence radio sur le sort de leurs propositions. Aucune réaction.
Aucun suivi. A quoi ont servi, donc, ces consultations? Les suggestions recueillies par la commission Bensalah avaient-elles été réellement prises en considération? Les observateurs ne remettent pas en cause la volonté d’aller vers des réformes concrètes et profondes, mais ils émettent des réserves sur la façon avec laquelle a été mené ce processus. Plusieurs formations politiques dénoncent la mainmise du FLN sur cette question.
Le MSP de Bouguerra Soltani et le PT de Louisa Hanoune avaient appelé le chef de l’Etat à protéger ces réformes dont le principe a été dévié par certains partis (allusion faite au FLN de Abdelaziz Belkhadem). En outre, à la chambre basse du Parlement, les commissions de l’APN avaient mené à leur tour des consultations avec les experts et acteurs concernés pour discuter les propositions du gouvernement. Plusieurs amendements y ont été apportés aux différents projets examinés à l’APN.
Toute cette polémique n’a fait, en réalité, que porter un sérieux coup à la crédibilité des consultations