Sid Ahmed Ghozali a mis en garde, hier, ce qu’il nomme «le pouvoir apparent» et «le pouvoir caché», d’aller vers de véritables réformes qui prendront en charge toutes les préoccupations des Algériens, faute de quoi, un choc risque de se produire dans le pays.
L’ancien chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali était, hier, l’hôte du jour de l’Instance de consultations sur les réformes politiques que dirige l’actuel président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, assisté par Mohamed Ali Boughazi et Mohamed Touati, conseillers à la présidence de la République.
À l’issue de sa rencontre avec les membres de cette Instance, en sa qualité de personnalité nationale, Sid-Ahmed Ghozali a indiqué que les consultations nationales sur les réformes politiques, entamées samedi, engageaient «l’avenir du pays» qu’il faut appréhender en tenant compte, selon lui, d’une analyse «objective» de la situation actuelle du pays et de la région».
« La courtoisie n’empêche pas la sincérité car il s’agit de l’avenir du pays qu’il faut appréhender en tenant compte d’une analyse et d’un diagnostic objectifs de la situation actuelle et des défis auxquels l’Algérie doit faire face», a déclaré le dirigeant du parti non agréé, le Front démocratique (FD).
Selon Sid-Ahmed Ghozali, faire face à ces défis ne passe pas uniquement par un changement des lois, notamment la Loi fondamentale (Constitution), d’autant plus, a-t-il dit, que «ces lois ne sont pas respectées, dans leur contenu, depuis des décennies».
Cela ne revient-il pas à dire que Sid-Ahmed Ghozali souhaite voir le processus des réformes engagé par le président de la République, engendrer un changement au niveau des têtes qui tiennent les rênes du pouvoir depuis des décennies en Algérie ? La question mérite d’être posée, mais l’homme qui était derrière l’organisation des premières élections législatives pluralistes en Algérie, n’a pas voulu investir dans les précisions.
Il a préféré être plus virulent et plus franc. En ce sens, l’ancien chef du gouvernement, dont la rencontre avec les membres de l’Instance de consultations aura duré un peu moins d’une heure, a lancé un appel en direction à la fois du «pouvoir apparent» et du «pouvoir caché», comme il les a nommés, pour aller vers des réformes véritables.
«À mesure que l’on s’éloigne du fond du sujet ainsi que des défis à relever et des préoccupations (du peuple), on se rapproche du choc qui risque de se produire dans le pays», a-t-il lancé comme une mise en garde adressée aux autorités.
Considérant que ces consultations relevaient d’une attitude «civilisationnelle fondée sur la concertation», il a indiqué que le contenu des sujets qu’il a abordés avec les membres de l’Instance, étaient inspirés des thèmes et des idées qu’il développe généralement dans ses déclarations depuis une vingtaine d’années. Sid-Ahmed Ghozali a précisé qu’il les transmettrait «par écrit et à qui de droit».
L’ancien ministre des Finances, des Affaires étrangères et puis chef du gouvernement en 1991, qui salue, au passage, Abdelkader Bensalah et ses collaborateurs pour l’invitation «fraternelle» qu’ils lui ont adressée, a «insisté» dans sa brève déclaration, sur la nécessité de prendre en charge toutes les «préoccupations des Algériens».
Il importe de souligner que l’Instance a dû recevoir, dans l’après-midi, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, alors que la veille (samedi), l’Instance avait reçu une délégation du mouvement El Islah, conduite par son secrétaire général, Djamel Ben Abdeslam, et l’ex-candidat à l’élection présidentielle de 2009, Mohand Oussaïd Oubelaïd, plus connu sous le nom de Mohamed Saïd.
Annoncés par le président de la République dans son discours à la nation du 15 avril, les réformes politiques englobent une révision, en 2011, de l’essentiel du dispositif législatif national (loi électorale, loi sur les partis politiques, loi sur les associations, code de l’information, code de wilaya…) et doivent être parachevées, après les législatives de 2012, par un amendement «en profondeur» de la Constitution.
Hamid M